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Doit-on s’en faire pour les hippies privés de djembés sur le Canal Saint-Martin ?

Le peuple de l'herbe est désormais interdit de musique dans le 10e arrondissement.

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L'été dernier, la police française avait confisqué plus de 70 instruments de musique pénible (djembés et guitares sèches décorées d'autocollants « Nucléaire ? Non merci ! ») sur les bords du canal Saint-Martin, à Paris. Ce triste épisode privait déjà une armée de babos en sarouels des moyens d'alimenter sa Blitzkrieg contre la détente discrète. Mais les forces de police ont récemment décidé de revenir à la charge. Car, vu qu'il recommence à faire plus de 18 °C et que l'été revient – amenant avec lui son terrible cortège de pieds dénudés –, les brigades anti-djembés s'apprêtent à reprendre leurs funestes patrouilles en brisant les rêves de la scène ska du 10e arrondissement. Une question se pose donc : est-ce si grave ?

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À première vue, oui. Depuis quelques jours, les mélomanes, dépossédés des moyens les plus mélodieux de se frayer un chemin dans la vie des autres, se voient infliger des amendes allant jusqu'à 1 000 euros – ce qui représente environ 200 pintes de Grolsch ou encore 125 paquets de tabac Drum. On peut déjà parler d'un véritable génocide urbain à quelques semaines à peine de l'ouverture du « off » d'Avignon.

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Hélas, ce n'est pas le bon sens qui guide la main ferme mais ô combien juste des forces de l'ordre parisiennes. Ce sont plutôt les plaintes des riverains du canal, qui se sont rapidement lassés d'entendre 24 versions foireuses de « Come As You Are » tous les soirs. « La guitare sèche jusqu'à 22 heures, ça va. Mais les tam-tams, trompettes et sonos après cette heure-ci sont un vrai problème. D'autant qu'au début les gens jouent, ils chantent, puis ils hurlent », raconte un riverain désespéré à nos confrères de 20 Minutes, manifestement imperméable aux joies simples de l'improvisation aux cuivres.

Ce qui est étrange, c'est que l'initiative de saisir les djembés (qui seront hélas restitués à leurs propriétaires sur simple demande le lendemain au commissariat) vient d'une mairie qui s'était montrée jusqu'ici plutôt tolérante envers les arts de rue. Rappelons ainsi la création, en 2012, des inestimables Pierrots de la Nuit, clowns-médiateurs montés sur échasses et censés empêcher les mecs bourrés de faire du bruit devant les bars en leur mimant l'ordre de se taire, faute de quoi ils se verraient imposer une impro théâtrale en bonne et due forme.

Toujours selon 20 Minutes , les Pierrots, ces kamikazes de la guerre contre le bruit, devraient à nouveau être sollicités au bord du canal Saint-Martin dans les jours à venir. Les riverains réclament en effet déjà la création de plusieurs « patrouilles de médiateurs ». Ce qui veut dire que l'on pourrait assister, cet été, à une bataille rangée entre chanteurs de rue et clowns officiels le long des quais de Seine, ce qui ressemblerait pas mal au contenu d'un essai de Philippe Muray. Ou au rêve de tous ceux qui préfèrent le doux drone des moteurs et du métro aux percussions infernales qui pavent le chemin vers Zion – et le commissariat du 10 e arrondissement. Ce qui est loin d'être si grave que ça.

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