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Pure Fun est le modèle du fanzine skate des années 1990

Ce que tout le monde pense mais que personne ne dit sur les fanzines des années 1980 et 90, c'est qu'aucun des mecs qui y écrivaient n'était en réalité capable d'en faire un truc cohérent (surtout pour ceux portant sur le punk et le skate).

Ce que tout le monde pense mais que personne ne dit sur les fanzines des années 1980 et 90, c'est qu'aucun des mecs qui y écrivaient n'était en réalité capable d'en faire un truc cohérent (surtout pour ceux portant sur le punk et le skate). Pour la plupart, on dirait qu'ils ont été fabriqués par des hommes préhistoriques avec des scalpels en silex. Et c'est pour cette raison qu'ils défoncent – donc aucune raison de les faire chier sur ça. Dites simplement à votre ami que son fanzine sur les clones médiévaux – ou que sais-je – ne ressemble à rien mais reste intrigant à bien des niveaux, là où la plupart des publications adultes ne le sont pas.

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Ma première tentative de fanzine a été un échec cuisant. Je ne savais pas comment imprimer recto-verso, à une époque où savoir taper à la machine était encore considéré comme un savoir-faire à part entière. C'est d'ailleurs pour ça que j'avais tout écrit à la main. Je doute que le moindre adulte sain d'esprit ne l'aurait ramassé. Ni même un gosse de 12 ans. C'était une grosse merde nulle.
Alors que la plupart d'entre nous faisions mumuse avec des bâtons de colle pour la première fois, Larry Ransom, à Lockport, New York, défonçait tout avec Pure Fun. Le titre du fanzine disait tout : des gosses de tel coin en train de faire les cons, arborant des coupes de cheveux douteuses, des skaters armés d'épaisses chaussures montantes pas du tout faites pour skater, qui tapaient des tricks qui donnaient l'impression qu'ils maitrisaient leur truc alors que pas du tout, qui ne baisaient jamais, mangeaient de la junk-food, et voguaient quelque part à la recherche d'Animal Chin. En voyant les photos, il était clair que leurs rampes avaient été bricolées à partir de bois volé sur des chantiers. Leurs spots étaient à peine des spots, et parfois les mecs portaient des gants simplement parce qu'il faisait trop putain de froid dehors mais qu'ils ne pouvaient pas s'empêcher de sortir skater. Le mag respirait incontestablement le fun pur.

La plupart des skateurs présentés dans les pages ne sont jamais devenus pro et n'ont jamais signé de sponsors pour des boissons énergisantes. Les interviews (très drôles) étaient systématiquement ratées et n'apportaient pas la moindre info. Puis, la plupart des tricks présentés étaient aussi beaux que ce que vous et vos amis faisiez dans votre quartier ou sur le parking de La Poste en 1991.
Mais surtout, Pure Fun m'a rappelé combien il était difficile de faire des photos de skate avec des argentiques pourris. Vous avez déjà essayé ? Gérer le temps d'exposition est impossible, et après il faut attendre une semaine ou trouver une chambre noire rien que pour voir ce que vous avez foiré. Avant de pouvoir mater des vidéos de gens en train de faire un ollie, j'étais convaincu qu'il ne fallait surtout PAS ramener la planche à l'horizontale mais juste monter en fusée. Je ne m'étais jamais rendu compte que mon erreur était due au mec derrière l'appareil qui déclenchait trop tôt.

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La durée de vie d'un zine dépassait rarement trois numéros ; Larry a réussi à en sortir neuf. Le mois dernier, il nous a rendu un fier service en les compilant dans un bouquin. Il nous en a même filé plusieurs aperçus, notamment ces quelques double-pages mortelles de Pure Fun.

Recevoir une board en cadeau de Noël : une fière et douloureuse tradition de la banlieue pavillonnaire. Ceci parce qu'aux États-Unis, il y a de la neige partout, chaque hiver. En sortant par ce temps, votre nouvelle planche finit couverte d'un mélange de neige fondue et de sel en deux minutes.

Pure Fun a été créé dans les années 1990. Pourquoi Larry y a-t-il ajouté cette photo qui a l'air de dater de '82 ? Bon, il m'a dit qu'elle avait été prise quelques semaines avant la publication du truc. De temps en temps un anonyme, parti tôt de son job de réparateur auto et ayant tombé le t-shirt, se pointait chez vous pour skater sur votre rampe avec la même planche qu'il trainait depuis dix ans. Aucune idée de qui lui avait parlé du plan, de toute façon vous vous en foutiez puisque vous ne comptiez pas le recroiser. Mais ce type de gars existait vraiment et vous mettait à chaque fois mal à l'aise. Si vous aviez le malheur de retomber sur lui dans la vie de tous les jours, il vous ignorait.

Au bout de 60 pages de Pure Fun, deux choses me frappent : 1. il y a un téléphone à cadran accroché au mur, 2. il y a une fille sur la photo. On en voit une seule autre plus tard dans le livre.

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C'est vraiment trop facile d'avoir l'air cool quand on porte une tenue chère et qu'on participe à la Street League, mais sérieux, ce ne serait pas trop cool si Ryan Sheckler et Nyjah se pointaient pour rider ce park ? Je serais prêt à parier que hors cadre il y a un pneu de voiture qui traine quelque part.

Le truc vraiment bien quand t'es très jeune et que tu découvres le punk, c'est que tu n'as jamais aucune idée de ce qui se passe dans le monde et que tu es suffisamment impressionnable pour t'imaginer qu'à peu près tout ce que tes parents détestent est génial. Paul Frank, le mec à gauche (qui n'est certainement PAS celui qui a inventé la marque avec le personnage à tête de singe), arbore fièrement une casquette Suicidal. Il flippait aussi à mort à l'idée de se blesser les genoux, d'où les protections.

Le héros du quartier – la base dans n'importe quel groupe de skateurs – est en général à des années-lumière de tout le monde – au point qu'un jour il arrête le skate et devient ébéniste. De temps en temps il débarque au skatepark, raconte qu'il n'a pas roulé depuis des années, et malgré tout explose tout le monde avant de s'en aller réparer un truc. Remarquez la présence des Bugle Boys, la copie la moins pétée des pantalons cargo pour ceux qui n'avaient pas de surplus militaire près de chez eux.

Quand vous alliez dans votre skate shop, vous tombiez quelquefois sur un flyer pété annonçant la perf d'un pro dans le coin. La plupart du temps c'était un gars dont vous n'aviez jamais entendu parler. Il se pointait et ridait vos rampes bien plus pourries que celles dont il avait l'habitude en Californie, rien que pour que le héros local puisse se foutre de sa gueule. Ensuite, vous l'emmeniez dans un spot où il vous snobait en essayant de faire croire qu'il était « crevé », alors qu'en fait il en avait simplement rien à foutre de rider un curb claqué. Salman Agah (sur la photo ci-dessus) skate toujours et possède Pizzanista à L.A, un des seuls endroits du monde où les gens savent faire des pizzas.

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Quand tu te considérais skateur, tu recouvrais les murs de ta chambre de posters et t'essayais de vivre le plus possible dans le bordel ; c'est « punk ». Je suis sûr que les seules nanas qui entraient dans ces chambres étaient votre sœur et votre cousine. Si par chance une fille se pointait chez vous pour étudier, il ne se passait rien. Et le pire dans l'histoire, c'est que vous vous demandiez vraiment pourquoi une chambre couverte de posters crado d'où s'échappait une musique cacophonique n'impressionnait pas la nana normale de votre cours d'espagnol.

Je ne sais plus trop pourquoi mais c'était trop le truc de taper ces poses en groupe – celles où chacun tenait sa planche. J'ai pitié pour le gars avec la planche Nash Executioner parce qu'elle a probablement été achetée au supermarché. De fait, sa daronne ne l'aimait pas beaucoup.

Parmi vous, il existait toujours un gosse avec des parents démissionnaires qui l'avaient laissé construire une rampe dans leur garage. Le truc avec ces rampes de garage, c'est qu'elles devaient toujours être assez basses pour ne pas que vous vous éclatiez le crâne contre le plafond. Vous passiez donc tout l'hiver à vous geler les couilles en apprenant de nouveaux tricks que vous ne pouviez exécuter nulle part ailleurs parce que les vraies rampes ne font pas un mètre de haut.