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Robert Ménard est le plus gros troll de l’Internet actuel

Comment un seul homme arrive à chaque fois à retourner l'ensemble des médias français à lui tout seul.
Paul Douard
Paris, FR

Internet est un monde fabuleux où chacun peut apporter sa pierre à un gigantesque édifice fait de mèmes, de théories du complot et d'information plus ou moins pertinentes. Au milieu de tous ces gens qui cohabitent pour la survie de leurs valeurs, il existe une multitude de personnages malveillants qui rêvent de voir Internet s'embraser depuis leur ordinateur : les trolls. Selon Wikipédia, « un troll caractérise ce qui vise à générer des polémiques. Troller revient à créer artificiellement une controverse qui focalise l'attention aux dépens des échanges et de l'équilibre habituel de la communauté. » En gros, les trolls sont des enfoirés qui viennent foutre la merde au sein d'un écosystème virtuel avec des choses totalement merdiques, afin de voir le monde s'effondrer tout en mangeant un sandwich-triangle. Et les gens tombent sans cesse dans le panneau.

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Depuis hier matin, Robert Ménard a une nouvelle fois montré qui était le patron du game en matière de troll internet. Et comme à chaque fois, tous les médias lui sont tombés dessus. Tous ont sorti leurs plus beaux titres, comme Le Parisien ou encore L'Express, qui parlent de « polémique ». Robert Ménard, l'actuel maire de Béziers – et toujours cofondateur de Reporters sans frontières – a présenté sa nouvelle création publicitaire sur son compte Twitter. Cette publicité sera affichée partout dans « sa » ville, comme les précédentes, notamment celle sur le port d'arme des policiers municipaux qui avait déjà suscité un lourd débat et de nombreuses interviews. L'œuvre en question ressemble à un montage Photoshop digne d'un élève de maternelle lobotomisé et amputé des deux bras. On y voit des gens de couleur – qui sont indirectement présentés comme étant des migrants – se dirigeant vers ce qui ressemble à une grande cathédrale. L'image semble vouloir montrer que des gens noirs et pauvres vont envahir une ville blanche, catholique et riche. Le tout est accompagné d'un message légèrement anxiogène : « Ça y est, ils arrivent… ». Évidemment, avec une affiche aussi absurde – tant par sa pauvreté artistique que par le message navrant qu'elle véhicule –, il est difficile de ne pas se fendre d'au minimum un tweet offusqué.

Les — Robert Ménard (@RobertMenardFR)11 octobre 2016

Dire que cette campagne publicitaire est une belle merde infâme au message xénophobe est vrai. La condamner est aussi légitime, surtout quand on sait qu'il s'agit de simplement agrandir un centre pour réfugiés déjà existant de 40 places, et non d'une invasion à la Independence Day. Mais Robert Ménard va encore passer pour « cette extrême droite dangereuse » qui cherche à se faire une place dans le paysage politique français. Pourtant, Robert Ménard n'est qu'un vulgaire troll des temps modernes qui dispose de plus d'argent que nous tous.

À la différence des milliers de trolls Twitter qui n'ont pas d'autres moyens que d'attaquer verbalement quelqu'un en espérant une réponse ou un DM, le maire de Béziers peut se payer une campagne publicitaire. Si l'ensemble des médias français juge pertinent de systématiquement relever les conneries d'un vieux qui cherche simplement à attirer tous les médias de gauche pour plus se foutre de leur gueule ensuite, personne n'en sortira gagnant. Il est évident que Robert Ménard ne cherche qu'à attirer l'attention sur lui – il se rapproche maintenant plus d'un Henry de Lesquen, un type qui choque en permanence mais dont on oublie rapidement l'existence. Il semble connaître parfaitement les médias et s'amuser de leur réaction. Il est devenu l'esclave d'un buzz débile qu'il ne contrôle plus et dont il tente de renouveler tous les trimestres. Un certain nombre de ses mesures très médiatiques n'ont jamais été suivies d'actions concrètes, comme l'interdiction des paraboles et du linge suspendu aux fenêtres en centre-ville, l'obligation de porter des blouses à l'école, ou même l'interdiction de cracher sur les trottoirs. Rien n'a vraiment changé à Béziers, si ce n'est dans la tête des habitants. Preuve que l'homme est plus un communicant qu'un politicien dont on devrait avoir peur.

Une telle médiocrité dans le débat est surtout représentative du paysage politique français actuel. Il n'est plus question d'avoir une idée géniale, mais simplement de faire en sorte que les gens parlent de vous. Tout ça n'est pas nouveau. Nicolas Sarkozy l'avait bien compris avec ses meetings hollywoodiens et ses phrases chocs bien préparées pendant sa campagne de 2007. Et le dernier débat entre Trump et Clinton en est aussi la preuve. Sauf qu'à force de vouloir sans cesse faire le malin, il en oublie un peu ce pour quoi il est là. Robert Ménard cherche à faire parler de lui, c'est certain, mais il semble oublier qu'il y a des gens dans sa ville. Lucile, 26 ans, née à Béziers et parisienne depuis quelques années aimerait qu'on parle d'autre chose que ces affiches : « Il n'y a plus aucune activité en centre-ville de Béziers, et la seule actualité se résume à ces affiches pourries. Tous les magasins ont fermé depuis des années, le seul lieu de sortie c'est le Polygone. Il n'y a plus de cinéma en centre-ville. Ça me fait marrer ces affiches, tous les mois il y en a une nouvelle, et tout le monde la fait tourner jusqu'à la prochaine. »

Preuve que Robert Ménard n'est qu'un master troll, il ne semble utiliser son temps que pour faire les chier les médias de gauche. Il utilise simplement le peu de pouvoir et d'argent mis à sa disposition pour provoquer une partie de la France, simplement pour jouer. Alors oui, nous en parlons aussi. Mais dorénavant, essayons de prendre du recul et de ne pas parler de « polémique » à chaque nouvelle affiche débile de sa part. Après tout, il ne s'agit que de Robert Ménard.

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