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LE NUMÉRO HOLLYWOOD

Ron Galella s'est fait péter la gueule par Marlon Brando

Bien avant que le concept de paparazzi ne revête sa signification actuelle - à savoir, des meutes d'individus armés d'appareils photo...

Images d'archives : Ron Gallega Une photo volée de Ron Gallega au milieu de quelques-unes de ses photos volées à lui Bien avant que le concept de paparazzi ne revête sa signification actuelle - à savoir, des meutes d'individus armés d'appareils photo numériques hors de prix et de gros smartphones ridicules -, Ron Galella réussissait déjà à s'introduire dans les soirées les plus sélect et chopait des photos de Madonna, David Bowie et Elizabeth Taylor défoncés sur le dancefloor, et attendait chaque soir discrètement Jackie Onassis-Kennedy à la sortie de son appartement de l’Upper East Side. Risque-tout devant l’Éternel, Galella a grimpé les échelons jusqu’à devenir le photographe numéro 1 des célébrités. Durant sa carrière, il s’est fait réduire en bouillie par Marlon Brando (après quoi il s’est mis à porter un casque de football américain quand Brando était dans les parages), il a été traîné en justice par Jackie O et il s’est fait bannir d’une quantité innombrable de clubs ; mais il a su se rendre indispensable à l’industrie du showbiz car, du début des années soixante au milieu des années quatre-vingt, il était le seul à exercer cette activité. Son travail apparaissait régulièrement dans le Time (qui l’a élu « parrain de la culture paparazzi »), puis dans Harper’s Bazaar, Vanity Fair, Vogue et People. Il a su capturer des moments privés que personne d’autre n’a eu les couilles de photographier. Aujourd’hui âgé de 81 ans, Galella a vu tout ce que le monde des stars avait à offrir, et a soigneusement catalogué tout son travail. Le sous-sol de son manoir du New Jersey est bourré de clichés de célébrités méticuleusement classés par catégories, d’Andy Warhol à Elizabeth Taylor, en passant par Goldie Hawn et Elvis Presley. Il travaille actuellement à la publication d’un livre sur Jackie O, sa plus grande obsession, mais il a accepté de s’arrêter deux minutes pour nous raconter ses années passées à tirer le portrait des gens connus, et nous a gracieusement offert une sélection de photos inédites tirées de ses archives.

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Madonna, habillée "sobrement" lors d'une soirée caritative contre le sida à New York, 1991 Joey Heatherton, actrice de série télé des années 1960, lors d'une soirée à l'hôtel Biltmore de New York, 1966

VICE : Pensez-vous porter atteinte à la vie privée des gens ? Je me dois de vous poser la question, vu que vous vous êtes fait démolir le portrait et poursuivre en justice pas mal de fois.
Ron Galella : [rires] Vous savez, mon travail est assez controversé. Jackie Onassis pensait pouvoir échapper à l’attention des médias, mais dès qu’on met le pied dans un lieu public, c’est presque impossible. Je la trouvais un peu hypocrite, parce qu’au fond, elle aimait bien se faire prendre en photo, attirer l’attention. Ma plus belle photo d’elle, on la voit sans maquillage, pas coiffée, elle ne pose pas, elle est « normale ». Je me souviens, j’étais en pleine session avec le mannequin Joyce Smith, près de l’appartement de Jackie à Central Park. À l’instant où nous sommes sortis du parc, je l’ai repérée. Elle ne m’a pas vu tout de suite, j’ai pu la suivre jusqu’au croisement de la 85e rue et de Madison, et j’ai grimpé dans un taxi. Si j’étais resté à pied, elle m’aurait sûrement repéré et mis ses lunettes de soleil, ce qui aurait tout gâché. Lorsque le chauffeur de taxi l’a reconnue, il a klaxonné pour se faire remarquer, et au moment où Jackie s’est tournée vers nous, j’ai appuyé sur le déclencheur. Pourquoi cette obsession pour Jackie O ?
Il y a énormément de raisons : premièrement, c’était une femme magnifique, avec de très grands yeux. Elle avait une façon de parler… En chuchotant, comme une petite fille, un peu à la Marilyn. Mais ce qui la rendait encore plus glamour, c’était son côté mystérieux. C’était une personne très discrète, je crois qu’elle n’a donné que trois interviews dans toute sa vie. Il n’y a pas une célébrité qui lui arrive à la cheville. Aujourd’hui, les stars mettent elles-mêmes en vente leur vie privée, c’est d’un manque de classe sans nom. Plus une célébrité est discrète, plus on a envie d’en savoir sur sa vie, c’est mathématique. Comment êtes-vous devenu paparazzi ?
En sortant de l’école d’art, je n’avais pas les moyens de m’offrir un studio, donc je shootais où je pouvais. Le monde était devenu mon studio. Je photographiais les célébrités dans leur propre environnement : dans des soirées, à l’aéroport… Jackie, elle, je l’attendais en bas de son immeuble, et j’aurais pu la suivre jusqu’au bout du monde. Quand je prenais quelqu’un en photo, je le faisais de façon très simple, spontanément, sans mise en scène. Je cherchais à obtenir quelque chose de vrai. De nos jours, on est dans la pose : lors d’une première, les paparazzis ne font qu’appeler les célébrités en hurlant pour qu’ils regardent l’objectif. J’ai toujours essayé d’obtenir l’exact contraire ; je voulais voir les gens dans leur vie quotidienne. Les meilleures photos contiennent toujours de vraies émotions. Ce que les gens veulent, c’est voir leurs idoles dans des situations banales, histoire de pouvoir dire : « Hé, ces types-là sont comme nous ! » Une photo posée, au contraire, ne va rien raconter. Je crois que le Studio 54 était votre lieu de prédilection.
C’était un endroit formidable, une sorte d’immense plateau télé. Il y avait d’énormes projecteurs, de la musique jouée très fort, et les gens dansaient toute la nuit. Des personnalités venaient ici pour se rencontrer. Le patron, Steve Rubell, invitait toute célébrité de passage en ville pour une débauche d’alcool et de drogues en tous genres. Ce gars-là était très malin.

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C’est le genre de stratégie marketing qui n’existe plus de nos jours.
Steve voulait qu’on parle du Studio 54, il allait même jusqu’à inviter les journalistes. Cela dit, il m’a quand même fait virer deux fois. Une fois à cause d’une photo d’Ali MacGraw avec Larry Spangler, où l’on voyait clairement ses seins. Ma photo s’est retrouvée dans Playboy et Steve m’a raconté que ça n’avait pas plu à Ali. Il mentait. Quand j’ai revu Ali, elle m’a dit qu’elle aimait bien cette photo, que ça ne la dérangeait pas le moins du monde. Steve s’en prenait toujours à moi parce que j’étais le photographe le plus connu. Et la deuxième fois, je me suis fait bannir à vie. Une équipe de télévision faisait un reportage sur moi, je leur avais donc suggéré de me suivre en pleine action. On est allés à une avant-première au Copacabana avec Robin Williams. Tout le monde était là, Steve aussi, et il a invité tout le monde au Studio 54. Il m’a prévenu que je n’étais autorisé qu’à prendre des photos – Robin Williams ne voulait pas de caméras. Donc Robin danse avec sa femme, je capture le moment, et l’équipe de télé me filme. Soudain, Steve débarque en hurlant : « Putain, je t’avais interdit de filmer ! » Il a ordonné qu’on lui remette la bobine. J’ai pris une photo de lui complètement furax et je me suis éclipsé pendant qu’il criait : « Barre-toi de mon club ! » Puis la police a débarqué et a embarqué Steve plus l’équipe de télévision au poste. Il ont rapidement libéré l’équipe, mais ont gardé Steve pendant 33 heures, à cause de ses antécédents judiciaires. Je crois qu’il m’en veut encore. C’était pas un peu pénible d’être blacklisté partout ?
Pas le moins du monde. J’ai toujours su saisir ma chance, je m’infiltrais n’importe où. Le plus souvent, lors des grosses réceptions, je passais par la cuisine. Si les vigiles réussissaient à m’attraper, je me montrais très coopératif. Je faisais semblant de partir et dès qu’ils avaient le dos tourné, je me réintroduisais par la cuisine. J’en profitais pour gratter un peu de bouffe au passage. Que pensez-vous des paparazzis d’aujourd’hui ?
Ça n’a plus rien à voir. Quand je vois aujourd’hui comment les mecs s’agglutinent pour avoir un cliché, je trouve ça obscène. Aujourd’hui, n’importe qui peut devenir paparazzi. Même CNN a viré ses photographes, ça leur coûte moins cher d’utiliser des photos prises avec des téléphones portables. Aussi, vous ne pensez pas que les célébrités ont perdu de leur superbe ? Tout le monde a recours à la chirurgie esthétique, se sape de la même manière, etc.
Hier soir, je regardais une émission qui parlait de Lindsay Lohan. Ses joues étaient gonflées, elle avait l’air grotesque. La chirurgie esthétique, c’est OK si tu en as vraiment besoin : si ton menton est déformé, fais-toi poser un implant. Cela dit, j’ai une sainte horreur des poitrines surgonflées. J’ai tendance à préférer les beaux culs. La partie du corps la plus sexy chez un être humain, c’est son cul ! Gene Kelly avait d’ailleurs un superbe arrière-train. Bon, celui de Jennifer Lopez n’est pas mal non plus.

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Naomi Campbell en pleine conversation dans un autre gala contre le sida à New York, 1989 Elizabeth Taylor en voiture avant d'assister à une représentation de Vies Privées au théâtre Lunt-Fontanne à New York, 1968 Cindy Lauper, très new-wave (et très bourrée) à l'after-party des Grammy Awards de 1984, à Los Angeles

Jimi Hendrix au milieu de la foule, lors d'un concert hommage à Martin Luther King au Madison Square Garden, 1968

Jackie et Ari Onassis à la fenêtre du restaurant La Côte Basque à New York, 1970

Brigitte Bardot - qui essaye peut-être de passer incognito avec sa casquette - au Zoom ZOOm Club de Saint-Tropez, 1968

Le top model Twiggy au naturel, chez Bert Stern, photographe pour Vogue à New York, 1967