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LE NUMÉRO SYRIE

Salut, les Nations Unies !

On aura beau trouver des arguments en sa faveur, la réaction de la communauté internationale face au conflit syrien n’en reste pas moins décevante.

Illustration : iStockphoto/graphixel On aura beau trouver des arguments en sa faveur, la réaction de la communauté internationale face au conflit syrien n’en reste pas moins décevante. La seule tentative de résolution est venue de Kofi Annan, l’ancien Secrétaire général de l’ONU, qui, fin février, a été nommé Représentant spécial de la Ligue arabe et des Nations Unies pour la Syrie. Il a alors tenté de mettre en place un plan de paix en six points visant à apporter une plus grande stabilité à la nation. L’une des premières actions de Kofi fut d’appeler à un cessez-le-feu entre les troupes du régime et les forces de l’Armée syrienne libre, accepté par le gouvernement Assad début avril. Mais ce cessez-le-feu n’a jamais été respecté et les discours de paix ont mené au massacre d’au moins 108 habitants des villages – dont 49 enfants et 34 femmes – de la région de Houla, au nord de Homs. L’ASL a immédiatement annoncé son intention de reprendre les « opérations défensives », et Kofi a continué de faire de son mieux pour négocier un compromis, jusqu’à ce qu’il désespère de voir la situation s’améliorer et qu’il donne sa démission le 2 août. Pour savoir comment le premier bastion du monde de la paix, de la coopération internationale et du progrès social a réagi au conflit depuis la démission de Kofi Annan, les bureaux de VICE du monde entier ont demandé à leurs propres branches de l’ONU ce qu’ils avaient à dire sur le soulèvement, et surtout ce qu’ils avaient l’intention de faire pour l’apaiser. Plusieurs pays n’ont pas daigné répondre, mais ci-dessous, nous avons publié les réponses de ceux qui l’ont fait. Ces réponses, collectées au cours du mois d’octobre par nos rédacteurs, sont publiées telles quelles.   GRANDE-BRETAGNE
Bien que nous n’ayons aucun dispositif de surveillance sur le terrain, les témoignages de témoins oculaires, d’ONG et des médias nous indiquent que des atrocités et des violations des droits de l’homme sont perpétrées par les deux camps.
Le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, le Représentant spécial conjoint des Nations Unies et de la Ligue arabe pour la Syrie, Lakhdar Brahimi, et la Haut-Commissaire aux droits de l’homme, Navanethem Pillay, ont tous dénoncé les violations des droits de l’homme et ont appelé à se battre pour mettre fin à la violence sous toutes ses formes. Brahim espère mettre en place une solution qui encouragera les deux parties à mettre fin à la violence et à entamer un processus politique.
— Ahmad Fawzi, porte-parole du Représentant spécial conjoint des Nations Unies et de la Ligue arabe pour la Syrie   SPAIN
La position de l’ONU espagnole au sujet de la Syrie est similaire à celle des autres États européens.
— María José Gámez, attachée de presse, mission permanente de l’Espagne auprès des Nations Unies   AUTRICHE
J’espère que vous comprenez que nous ne pouvons pas émettre de commentaires sur des événements sur lesquels, à la base, nous [n’avons] pas de connaissance spécifique.
L’ONU condamne tout type de violence, venant de quelque côté que ce soit. Vous pourrez trouver ici le dernier compte rendu du Conseil de sécurité de l’ONU sur Alep. Pour plus d’informations sur les efforts de l’ONU en Syrie basés sur le plan de paix mis en place par Kofi Annan, l’ancien médiateur, cliquez ici.
— Regina Rohrbach, UNIS (Service d’information des Nations Unies)   FRANCE
Il y a un problème. Je ne peux pas en parler. L’ambassadeur peut, lui. Je ne peux pas m’exprimer librement. Ce serait irréfléchi. Je n’essaie pas de me départir du sujet, mais il y a des autorités plus compétentes que moi pour en parler. Nous ne sommes qu’une petite ambassade au sein d’une grande organisation internationale. Je ne peux pas parler d’un sujet d’une telle importance, d’autant que le président de la République, François Hollande, a pris position sur le sujet. La France parle d’une même voix, forte et unie. Mais vous pouvez essayer d’appeler Philippe Lalliot. C’est le porte-parole du Quai d’Orsay. Il tient à communiquer avec des jeunes comme vous. Il aura certainement la liberté de vous répondre.
— Brieuc Pont, conseiller de presse, porte-parole et chef de cabinet, mission permanente de la France auprès des Nations Unies   CANADA
Voilà nos réponses à vos questions :
Le Canada continue d’appeler à un cessez-le-feu complet et immédiat qui mènera à une transition politique menée par la Syrie.
Étant donné que le régime d’Assad échoue constamment à honorer ses engagements, nous devons tous prendre conscience d’un fait indiscutable : Assad ne cessera pas de son propre chef le massacre qu’il a commencé contre son propre peuple. Il s’accroche au pouvoir. Tous les pays doivent faire pression sur la Syrie pour qu’Assad s’en aille.
Si le Conseil de sécurité de l’ONU n’adopte pas des mesures dures et contraignantes, ceux qui veulent protéger le régime Assad en versant du sang syrien bénéficieront de la couverture politique et légale fournie par cette impasse. Le Canada, une fois de plus, demande au Conseil de sécurité de se mettre d’accord sur les sanctions à distribuer et d’imposer un embargo sur les armes afin d’augmenter la pression sur le régime de Bachar al-Assad, de mettre fin aux violences et de reconnaître les droits démocratiques légitimes des Syriens.
Le Canada a été actif, notamment pour convaincre les voisins de la Syrie de bloquer le passage des armes et autres machines de guerre afin de freiner Assad dans sa quête sanglante du pouvoir. Nous admirons la Turquie, qui a réussi à arrêter l’une de ces cargaisons. Ces efforts permettront de restreindre la capacité du régime Assad à tuer des civils en Syrie.
— Ian Trites, porte-parole du ministère des Affaires étrangères et du Commerce international, via la mission permanente du Canada auprès des Nations Unies   ÉTATS-UNIS
Le Secrétaire général a clairement dit que la communauté internationale avait désormais des obligations envers le peuple de Syrie. Il a stipulé que la communauté internationale avait la responsabilité morale, le devoir politique et l’obligation humanitaire d’arrêter ce bain de sang et de rendre la paix au peuple syrien.
Navanethem Pillay, la Haut-Commissaire aux droits de l’homme, s’est prononcée la semaine dernière sur l’utilisation d’armes lourdes par les forces gouvernementales afin de détruire de grandes zones urbaines telles que Homs ou Alep. Elle a déclaré que l’utilisation de bombes par des groupes d’opposition extrémistes qui tuent et mutilent des civils comme s’ils étaient des cibles militaires était inexcusable. Elle a dit que ces actes, ainsi que les autres violations commises par les deux parties devaient être considérés comme des crimes de guerre, voire des crimes contre l’humanité.
Comme pour les souffrances infligées aux enfants, le Secrétaire général a plusieurs fois attiré l’attention sur la détresse des femmes et enfants du pays, et a appelé à un cessez-le-feu durant la fête d’Aïd al-Adha.
Il a fait appel à tous et plus particulièrement au gouvernement de la République arabe syrienne, le parti le plus puissant, pour qu’ils fassent preuve de sagesse et de clairvoyance, afin de mettre fin au massacre, à la destruction, et que les problèmes, bien que complexes, soient abordés pacifiquement.
Navanethem Pillay a également évoqué la détresse des enfants de Syrie, dont beaucoup seront marqués à vie par l’expérience traumatique – longue et horrible – qu’ils sont en train de subir. Elle a annoncé qu’aucun enfant ne devrait avoir à traverser ce que ces enfants traversent, surtout au sein de leur propre pays, par leur propre armée, leurs propres voisins.
— Farhan Haq, porte-parole associé du Secrétaire général de l’ONU