Sarcelles de l'intérieur

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Culture

Sarcelles de l'intérieur

Une enquête au long cours sur les quelque 60 000 habitants de la ville du Val-d'Oise.

Dans les années 1950, des politiques ont imaginé une sorte de cité du futur, proche des grandes agglomérations – c'est ainsi que la petite ville de Sarcelles, dans le Val-d'Oise, a fait l'objet de diverses expérimentations urbaines. Ce fut le premier grand ensemble, celui qui a servi de brouillon aux autres. Par son urbanisme, ses grandes avenues, ses alignements de tours et son parc central baptisé « parc Kennedy », Sarcelles rappelle parfois les États-Unis. En outre, son histoire est celle d'une société nourrie par toutes les migrations successives depuis 1955.

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Avec 90 communautés pour seulement 60 000 habitants, Sarcelles est une ville multiculturelle. Pendant une année entière, j'ai travaillé avec Bertrand Devé sur le webdocumentaire Sarcellopolis, dont le processus de création s'est étalé sur trois ans. Il nous était nécessaire d'y passer du temps car le plus difficile était de créer une relation de confiance avec les gens, plutôt méfiants à l'égard des médias. Ces derniers parlaient alors d'une neurasthénie propre aux villes nouvelles, la « sarcellite » – pour combattre cette rumeur, les habitants ont dû apprivoiser le béton.

Avant ce projet, je ne connaissais la ville qu'à travers le prisme des médias. Pour faire court, je pensais que c'était la zone et qu'on y vivait en insécurité. Mais petit à petit, mon regard a changé. Entre juifs séfarades, musulmans d'Afrique et d'Asie, bouddhistes tamouls, évangélistes d'Afrique, Chiliens venus après Pinochet et anciens boat-people vietnamiens, le monde entier est réuni à Sarcelles. Nos problèmes actuels s'y retrouvent aussi – la montée du racisme, la ségrégation, et les murs qui se dressent. Cette ville a été une terre d'accueil puis un tremplin pour des milliers de migrants, et finalement une belle réussite, malgré les préjugés des médias de l'époque.

Tout au long de ce projet, j'ai été ravi de l'engagement dont les Sarcellois ont fait preuve à nos côtés, même si cela impliquait de passer beaucoup de temps avec nous. Avec Bertrand Dévé, nous avons eu à cœur de leur montrer que cela en valait la peine, en travaillant beaucoup sur l'image. Il fallait que Sarcelles soit belle pour que les gens en soient fiers. Et je pense que l'objectif est atteint.

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Le documentaire Sarcellopolis est disponible à cette adresse. Plus de photos de Cédric Faimali ci-dessous.