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Des professeurs décrivent les pires absurdités commises par leurs étudiants

Plagiat et absence d'éthique : des enseignants nous ont confirmé que les jeunes universitaires se comportaient comme des animaux semi-domestiqués.
Illustration by Vinnie Neuberg

Illustration : Vinnie Neuberg

L'université est un endroit fabuleux où les jeunes esprits parviennent progressivement à maturité. Mais avant de devenir vraiment adultes, les adolescents peuvent parfois plus tenir de l'animal sauvage que de l'être humain éclairé – la plupart des gamins de 18 ans que je connais ont tendance à être agités, guidés par des pulsions stupides et incapables de planifier leur avenir au-delà d'une heure. Mais une fois qu'ils ont obtenu leur baccalauréat, on les entasse dans des campus où ils sont censés étoffer leur esprit critique, tout en interagissant avec le sexe opposé et en découvrant un large éventail de drogues récréatives. « Amuse-toi bien, chéri ! Appelle-moi si jamais tu as besoin d'aide pour faire ta lessive ! », leur glissent gentiment leurs parents avant de rentrer dans une maison désormais libérée de la présence d'un adolescent ingrat.

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Il va sans dire qu'une fois confrontés à tout un tas d'idées et de livres volumineux, certains étudiants sont complètement déboussolés. Par « déboussolés », j'entends parfois défoncés, parfois complètement stupides, et parfois paniqués à l'idée de ce que l'avenir leur réserve. La plupart des jeunes étudiants s'imaginent naviguer seuls dans un océan d'incertitudes, sans vrai adulte pour les guider. Mais alors que vous tâtonnez péniblement dans votre lourde quête existentielle, les professeurs observent chacun de vos faits et gestes – et la plupart du temps, ils en rigolent allègrement près de leur machine à café. On a contacté plusieurs enseignants afin qu'ils nous racontent leurs anecdotes les plus débiles, retranscrites ci-dessous :

– « Un de mes étudiants a choisi d'écrire un article de recherche portant sur l'éthique. Après une petite recherche Google, je me suis aperçu qu'il avait copié-collé la section 'Éthique' de l'Encyclopédie catholique. Pas sûr qu'il ait capté l'ironie dans tout ça. »

– « Un jour, je suis entré dans ma salle de classe et j'y ai trouvé un étudiant en train de faire du yo-yo. De toute évidence, il était complètement défoncé, et il m'a fallu pas mal de temps pour le convaincre de poser son yo-yo et de s'asseoir avec le reste de ses camarades. Après le cours, je lui ai expliqué qu'il pouvait faire ce qu'il voulait en dehors de la fac, du moment qu'il ne ramène plus jamais son yo-yo en classe. Et il ne l'a plus jamais sorti. Croyez-le ou non, mais c'était un très bon élève. »

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– « Je suis enseignant en école d'art, et une de mes élèves m'a rendu un article sur une artiste qui "l'inspirait énormément". Il m'a suffi de lire deux phrases pour capter que tout avait été pompé sur une sorte de communiqué de presse. Le vocabulaire employé était grotesque, naïf et ressemblait au verbatim d'un artiste parlant de son propre travail (et d'ailleurs, les œuvres de l'artiste en question étaient affreuses et se résumaient à des motifs de papiers peints inspirés par des plantes.) J'ai tapé une de ses phrases sur Google en l'entourant de guillemets, et je suis tombé sur la biographie de l'artiste. Pire encore : l'étudiante avait oublié de changer toutes les phrases à la première personne.

Bien sûr, elle s'est chié dessus quand je lui ai signalé. Ensuite, j'ai menti en lui disant que j'avais envoyé l'article à son chef de département et que j'attendais sa décision pour savoir s'il fallait que je contacte ses parents ou que je la renvoie. J'ai attendu la fin du semestre pour lui dire qu'elle était sauvée, et elle a arrêté de faire de la merde après ça. »

– « Une de mes étudiantes a ramené son bébé en classe. Quelques minutes après le début du cours, le bébé a commencé à s'agiter – du coup, elle l'a placé sur le sol pour qu'il crapahute à travers la pièce. Personne n'arrivait à se concentrer, et une de mes élèves a même réussi à s'endormir au beau milieu du cours. Son téléphone portable s'est mis à sonner, ce qui a effrayé le nourrisson. À moitié ensommeillée, l'élève a répondu au téléphone sous mon nez, suscitant l'hilarité générale. C'est là que j'ai abandonné et fait sortir tout le monde de classe. »

– « Pendant un cours où je faisais lire beaucoup d'essais à mes élèves, on s'est attardé sur le travail de l'économiste Robert Reich. C'était aux alentours de 2010, à l'aube du mouvement Occupy Wall Street, et peu de temps avant que la dette étudiante atteigne le milliard. Je leur ai parlé d'une loi concernant les prêts étudiants approuvée par George W. Bush, et je me suis fendu d'une petite blague déplacée sur lui. La majorité des élèves ont ri de bon cœur, mais quelques jours plus tard, ma supérieure m'a donné rendez-vous dans son bureau. Je lui ai répété ce que j'avais dit en cours, et elle semblait complètement d'accord avec moi. Elle m'a quand même déconseillé d'exprimer mes opinions politiques en classe (après tout, j'enseignais dans le Tennessee). Je n'ai jamais su quel étudiant s'était plaint de mes propos, mais une semaine plus tard, un de mes élèves a quitté mon cours. »

– « Pendant l'été, je donnais des cours d'anglais le mardi et le jeudi. Une de mes étudiantes a loupé dix de mes cours. Un jour, elle est arrivée comme une fleur, et m'a demandé comment elle pourrait rattraper son retard. Quand je lui ai expliqué qu'il y avait de grandes chances qu'elle rate son examen à cause de son manque d'assiduité, elle m'a piqué une crise à grand renfort de larmes et de beuglements. Elle est ensuite allée voir le doyen de la fac pour déposer une plainte, prétextant qu'elle avait assisté à tous les cours et que je ne m'en étais simplement jamais aperçu. Sachant que ma classe comportait 20 élèves, j'étais certain de ce que j'avançais. Mais on m'a quand même forcé à la réintégrer à mes cours, et elle est s'est subitement métamorphosée en fayotte, en s'efforçant de placer des petits commentaires à chaque seconde pour que je ne puisse plus jamais douter de sa présence. Elle est même allée jusqu'à s'inscrire à un autre de mes cours pour le semestre suivant. »