La schizophrénie biélorusse en images

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LE NUMÉRO ENFLAMMÉ

La schizophrénie biélorusse en images

Les cicatrices douloureuses et les grands récits historiques sont les deux leviers utilisés par le gouvernement afin de préserver un semblant d'unité nationale.

Cet article est extrait du numéro « Enflammé » de VICE

La Biélorussie est un pays schizophrène, tiraillé entre Orient et Occident. D'un côté, l'influence de la Russie est indéniable. 70 % des autochtones parlent russe, en lieu et place du biélorusse. Cela n'a rien de surprenant : le terme « Biélorussie » signifie littéralement « Russie blanche ». Pourtant, des liens étroits subsistent entre ce pays enclavé et ses voisins polonais, lituaniens et lettons, qui sont tous dans l'UE. Au Moyen Âge, les nobles lituaniens communiquaient ici dans un dérivé de langue biélorusse.

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La guerre en Ukraine a transformé la frontière biélorusse en un nouveau mur de Berlin, tant la Russie cherche à protéger et élargir sa sphère d'influence dans une logique de « nouvelle guerre froide ». C'est d'ailleurs sous l'égide du président-dictateur Alexandre Loukachenko que se sont tenues les négociations de paix entre la Russie, l'Ukraine, la France et l'Allemagne, afin de parvenir aux « accords de Minsk II ». L'avenir de l'Ukraine est encore incertain, tout comme celui de la Biélorussie. Le pays connaîtra-t-il le même sort que son cousin méridional ? Peu probable, l'amélioration des relations entre Minsk et Bruxelles tendant à prouver que l'avenir des Biélorusses sera moins marqué par l'empreinte de Moscou.

Ma première visite en Biélorussie remonte à 2010. Cette année-là, j'avais fait le déplacement pour immortaliser les meilleurs moments du jour de la Victoire, jour férié célébrant le triomphe des troupes soviétiques sur l'Allemagne nazie. Lors de ces festivités, des tracteurs, engins militaires et nombre d'ouvriers paradent dans les rues. Un drapeau de l'Union soviétique est hissé tout en haut de l'une des plus hautes tours de Minsk. Des tulipes rouges – symbole soviétique du printemps et du renouveau – tapissent les rues et sont offertes aux vétérans. Un saut aussi brusque dans le passé s'est avéré, je dois le reconnaître, très perturbant.

Les cicatrices douloureuses et les grands récits historiques sont les deux leviers utilisés par le gouvernement afin de préserver un semblant d'unité nationale. Une majorité de Biélorusses continue d'ailleurs de célébrer l'anniversaire la révolution d'Octobre. Chaque année, je reprends la direction de la Biélorussie, afin de capturer l'essence d'événements qui semblent à première vue désuets, mais qui en disent bien plus sur le pays qu'on ne pourrait le croire.

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