Le propre des EMI, ce qui fait le trait commun de toutes les expériences et qui les différencie de l'hallucination, pour les chercheurs et les expérienceurs, c'est le changement. Le vrai et radical changement dans son rapport au monde : la volonté d'être meilleur, plus bienveillant. Surtout, être persuadé, sur le long terme, d'avoir une mission à accomplir sur terre. En particulier pour ceux qui vivent des expériences effrayantes, puisqu'ils sont bien souvent sûrs d'avoir, à cause de leurs actions sur terre, entraîné le châtiment d'une puissance supérieure.John W. Price, pasteur américain originaire de Houston, étudie les EMI depuis 1969. À l'époque, jeune militaire en service, il rencontre un soldat revenant du Vietnam. Celui-ci lui raconte comment il prenait plaisir à « bousiller du jaune ». Un jour, pris dans un échange de tirs, l'homme est mortellement blessé. Dans son délire – ou son EMI, Price s'interroge encore – il se rend dans un lieu infernal, glauque, où il est visité par les visages des enfants et des femmes assassinés. Depuis, le pasteur a interrogé plus de 300 personnes, dont environ 21 ayant vécu des expériences négatives. « Avant, j'étais un sceptique » à propos de l'Enfer, précise-t-il. Désormais, il est persuadé de son existence et de l'impact de notre comportement sur terre sur le lieu où nous irons dans l'au-delà.« Ainsi en est-il de la résurrection des morts : semé destructible, on se relève indestructible, semé méprisable, on se relève glorieux, semé faible, on se relève puissant, semé corps animal, on se relève corps spirituel. Je vais vous dire un mystère : nous ne nous endormirons pas tous, mais tous seront changés en un instant (…) »
À travers ces témoignages, c'est la représentation occidentale et chrétienne de l'Enfer que l'on observe. La plus connue est celle de Howard Storm, qui a vécu une EMI infernale et a écrit plusieurs bouquins avant de donner un paquet de conférences disponibles sur YouTube. En somme, il a monté son petit business personnel. Beaucoup de témoignages sont aussi disponibles sur internet, mais invérifiables. Celle d'une certaine « Meg », tout de même visible sur le site de la NDERet recueilli par le docteur Jeffrey Long, est particulièrement imagée :« Je suis descendu ! Là en bas, tout était noir, il y avait des gens qui hurlaient, il y avait un feu, ils voulaient boire. […] Ce n'était pas un tunnel, c'était plus qu'un tunnel… une espèce de tunnel énorme. Je descendais en flottant… J'ai vu beaucoup de gens là-bas, ils criaient et hurlaient… Je dirais… qu'il y en avait peut-être un million. Ils étaient misérables et remplis de haine. Ils demandaient à boire. Ils n'avaient pas d'eau du tout… Et tout d'un coup, je l'ai vu, il était muni de petites cornes… Je l'ai tout de suite reconnu… le diable lui-même ! »
« J'ai un tel souvenir de l'odeur, elle était si odieuse, rappelant la chair pourrie et les cheveux brûlés. Les rires stridents et les moqueries à mon égard étaient quasiment couverts par le rugissement des flammes qui m'entouraient. Tout à coup, j'ai vu des gens qui couraient en hurlant, un groupe d'adolescents d'au moins 12 ans qui criaient, chacun étant terrorisé et littéralement mis en pièces par ces êtres malfaisants. Soudain, sans l'ombre d'un doute j'ai identifié Gareth (le garçon qui était dans la voiture avec moi) [au moment de leur accident de voiture]. Il était suspendu tête en bas, les mains et les pieds cloués, quasiment comme Jésus sur la croix (je me suis souvenue d'avoir lu cela en classe quelques semaines auparavant). Les créatures se sont mises à le fouetter ensemble, toutes chantaient dans une langue que je ne comprenais pas vraiment. (…) »
« Des hommes et des femmes de tous âges, mais pas d'enfants, se tenaient debout, s'accroupissaient ou déambulaient dans le secteur. Certains se marmonnaient des choses indistinctes à eux-mêmes. Les ténèbres émanaient des profondeurs et irradiaient l'espace, dans une aura que je pouvais sentir. Les gens étaient complètement absorbés par eux-mêmes, chacun étant trop coincé dans sa propre misère pour engager une connexion mentale ou émotionnelle avec l'autre. Ils avaient la capacité de sentir l'autre, mais étaient bloqués par ces ténèbres. »
Malgré les dizaines d'entretiens réalisés, il n'a jamais recueilli directement de témoignage sur cette catégorie d'EMI. En revanche, il a plusieurs fois entendu des EMI « absurdes », où tout semble perdre sens : « Quand j'enquêtais pour La Source noire, j'allais de campus en hôpitaux. Il y avait une femme, directrice exécutive de l'IANDS, qui gérait le côté administratif et s'appelait Nancy Bush [qui a depuis écrit un bouquin]. Un jour, elle me prend à part dans une pièce et ferme la porte. Elle me dit : « Il faut absolument que je vous parle. Tous ces gens – psychologues, scientifiques, médecins – qui pensent que c'est une expérience positive sont fous. Parce que moi, je l'ai vécu au cours de mon accouchement. J'en tremble encore. J'ai failli mourir. J'étais entourée de figures abominables et d'une ironie absolument cruelle, dans un espace vide. C'était des formes de figures géométriques clignotantes », lui explique-t-elle.L'expérienceur ressent une impression d'absurdité totale et se sent abandonné, isolé, et très angoissé dans un environnement qui ne fait plus aucun sens et n'accorde plus aucune signification à sa vie passée.