Une journée avec les « Juan Direcshon », les One Direction mexicains

Niall (Bernardo Méndez), Liam (Dylan de Joussineau), Louis (Brandon González) and Zayn (Israel Carreño). Nous n'avons pas eu la chance de rencontrer Harry (Rudy Jaramillo) car il était malade. Toutes les photos sont de Katia Tort

Cet article a été initialement publié sur VICE Mexico

« Nous cherchons des jeunes hommes qui ressemblent à Niall, Liam, Harry et Louis », annonçait un message posté sur Facebook il y a trois ans, accompagné d'une photo des One Direction. C'était le début d'Imitators Top – une agence mexicaine qui représente les imitateurs des plus grandes pop stars de notre époque : Ariana Grande, Justin Bieber, Katy Perry, Demi Lovato, Five Seconds of Summer – et, bien sûr, 1D.

Israel Carreño, 23 ans, a fondé la société en 2012 avec sa copine, Karla Magaña. Ils ont eu l'idée de monter un groupe de reprises des 1D après avoir vu un clip du véritable groupe. « Nous nous sommes rendu compte que personne ne proposait ce type de service à Mexico. Comme j'avais des économies que je voulais investir, nous avons décidé de fonder les One Direction mexicains », m'a expliqué Carreño quand je l'ai rencontré avec son groupe dans le centre-ville de Mexico.

En plus de gérer la société, Carreño imite Zayn Malik, qui a quitté le groupe en 2015. « Suivre des ordres n'a jamais été mon truc, alors j'ai décidé de devenir mon propre patron. Mais pour être patron, il faut être le meilleur dans son boulot. Il a fallu que j'apprenne à être un bon imitateur, afin de montrer l'exemple aux autres », a-t-il ajouté.

Après avoir parcouru des centaines de profils Facebook d'amis et de connaissances, Israel et Karla ont finalement trouvé quatre mecs qui pouvaient potentiellement devenir les 1D mexicains. L'étape suivante a été de tourner un clip au Palacio de Bellas Artes à Mexico afin d'augmenter leur visibilité.

Mais d'après Carreño, ils se sont mal débrouillés : « La vidéo est nulle. Nous avions acheté tout un tas de vêtements branchés – des nœuds papillons, des bretelles, des chemises, des vestes – sans même savoir comment les 1D s'habillaient vraiment. Plus tard, nous avons réalisé qu'ils n'auraient sans doute jamais porté ça. Tout le monde semblait détester nos tenues. »

Ce n'est que six mois après leur formation qu'Imitators Top a reçu sa première demande de réservation : « J'avais pris un gros risque en investissant tout mon argent. Les mois passaient et je ne gagnais pas une thune. J'ai même envisagé d'arrêter. »

Mais Carreño fut soulagé lorsqu'une académie de danse fit venir le groupe à l'Expo 15 – un salon annuel où sont présentes les entreprises qui organisent les quinceañera des adolescentes. « Après cela, nous avons programmé 40 spectacles », m'a détaillé Carreño.

Mais malgré toutes ces réservations, le groupe n'était pas prêt : « Nous avions préparé une chorégraphie pour une fête en banlieue, et nous avions l'air ridicule. Pendant la fête, personne ne nous a prêté attention, et personne ne nous a applaudi à la fin. C'était le pire spectacle du monde », s'est souvenu Carreño. « J'avais honte de réclamer mon chèque. »

C'est à ce moment-là qu'un membre a quitté le groupe. « L'un d'entre eux était alcoolique, un autre était toujours en train de sortir avec des groupies – un troisième en a eu marre parce que nous n'avions jamais vraiment de concert de prévu. »

L'étape suivante a été d'améliorer leurs compétences. Carreño s'est mis à chercher des nouveaux membres, plus sérieux et plus présents sur scène. Il a mis les chorégraphies de côté pour se concentrer sur les vêtements et sur la ressemblance avec les membres originaux. « Nous avons étudié leurs vidéos sans relâche. Chacun de nous a essayé de s'imprégner de son personnage et de ses mouvements sur scène. »

La qualité était au rendez-vous et les réservations se sont faites plus nombreuses. Lors d'une quinceañera, une jeune fille a demandé à faire une photo avec les garçons devant la colonne de l'Indépendance à Mexico. La photo est devenue virale. Le groupe a fait l'objet de beaucoup de moqueries sur les réseaux sociaux, mais au moins, les gens ont commencé à les reconnaître.

Il y a quelques semaines, un magazine local a engagé le groupe pour faire une performance sur son stand de l'Expo 15 (là où ils avaient fait leur tout premier spectacle), et les choses sont devenues hors de contrôle. En seulement quelques jours, leur page Facebook est passée de 8 000 à 11 000 likes, tandis que des mèmes du groupe envahissaient le réseau.

Selon les garçons, même si les blagues étaient vraiment « méchantes et décourageantes », elles n'ont pas entravé leur succès : ils gagnent désormais entre 300 et 800 dollars par spectacle – ce qui, dans l'industrie de l'imitation, est plutôt pas mal. « Le secteur d'activité a aussi changé. Des mères nous contactent souvent pour faire une surprise à leur fille. Les gens rigolent parce qu'ils nous connaissent grâce aux mèmes. On nous appelle les Juan Direcshon », m'a raconté Carreño.

Le plus gratifiant selon eux, c'est de faire plaisir aux jeunes filles qui fêtent leur anniversaire. « Nous paniquons lorsqu'une fille se met à pleurer parce que nous ne savons pas si ce sont des larmes de joie ou de tristesse », a ajouté Bernardo Méndez, imitateur de Niall Horan.

Dylan de Joussineau (Liam Payne)

Actuellement, le groupe est composé de Dylan de Joussineau (Liam Payne), 18 ans ; Brandon Gonz ález (Louis Tomlinson) 17 ans ; Bernardo Méndez (Niall Horan), 17 ans ; Israel Carreño (Zayn Malik), 23 ans, et Rudy Jaramillo (Harry Styles), 20 ans, que nous n'avons malheureusement pas pu rencontrer car il était malade. « Nous avons tous notre propre vie et notre propre personnalité. Mais quand nous enfilons notre costume, tout change. Nous devenons 1D, c'est notre boulot. Mais nous n'agissons pas comme eux au quotidien », explique Joussineau.

De Joussineau est né en France. Il a économisé de l'argent en travaillant dans une fourrière, puis a acheté un billet pour Mexico. « Maintenant je passe une bonne partie de mes journées à traîner avec ma copine, à étudier le montage vidéo et à faire du skate », déclare-t-il. Apparemment, sa copine n'est pas jalouse de ses fans, d'autant plus qu'elle aussi fait de l'imitation — elle joue Ariana Grande pour Imitators Top — et elle sait que cela fait partie du job. « Il y aura toujours quelqu'un pour critiquer votre travail, quoiqu'il arrive. Mais j'adore mon boulot. C'est marrant d'oublier qui je suis pour devenir quelqu'un d'autre l'espace d'un instant. »

Bernardo Méndez (Niall Horan)

Méndez, qui joue Niall Horan, « détestait One Direction ». Il écoute surtout du rap, de la bachata et du rock. « Mais après avoir écouté 1D pendant un certain temps, j'ai appris à les aimer. »

Méndez est au lycée et aime faire des pompes : « J'étais très musclé, mais j'ai dû mincir pour le job ». Il travaille aussi en tant que vendeur en cosmétiques. Ce qu'il préfère dans son travail, ce sont les fans : « Je n'aurais jamais cru qu'on aurait autant de fans en faisant de l'imitation. Quand je suis triste, je lis les messages des fans et ça me remonte le moral. C'est motivant de savoir que je suis un exemple pour certaines personnes ». Je lui ai demandé s'il était déjà sorti avec une fan : « Pour être honnête… oui », a-t-il répondu, sans s'étendre sur les détails.

Brandon González (Louis Tomlinson)

González est le plus jeune membre. Avant d'intégrer le groupe, il travaillait comme serveur — un boulot bien moins amusant selon lui. Les autres membres sont devenus ses amis proches : « Nous nous entendons tous très bien. Nous nous amusons beaucoup, même si parfois, la haine et les trolls sont difficiles à digérer. »

Israel Carreño (Zayn Malik)

Imitators Top prévoit de se développer dans l'industrie des quinceañeras. Carreño précise qu'ils vont continuer à offrir une gamme complète d'imitateurs pop star, mais qu'ils vont également mettre en place deux académies de danse pour former de nouveaux talents. « Imitators Top a encore une longue carrière, puisque nous sommes les seuls à offrir ce type de service au Mexique. Si vous tapez « One Direction imitateurs Mexico » sur Google, vous allez trouver une vingtaine d'annonces et toutes parlent de nous. Il n'y a pas de concurrence. »

Ils s'accordent tous pour dire qu'Imitators Top réinvente l'industrie de l'imitation. « L'industrie est devenue plutôt stagnante. Je ne dis pas que les imitateurs d'Elvis ou de Michael Jackson sont mauvais, mais qu'il devrait y avoir des options plus modernes. Il y a suffisamment d'Elvis. Le Mexique a besoin de nouvelles choses. Il faut innover, et c'est exactement ce que nous faisons ».

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