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LE NUMÉRO DU TALION

Video Games Killed the Radio Star

Je n’ai pas encore pu coller une fessée à Loïg qui, à défaut de la présence de Robin prendra probablement Nightwing puisqu’après tout, « sous le masque c’est le même », l’entends-je déjà me dire.

INJUSTICE : LES DIEUX SONT PARMI NOUS
Éditeur : Warner Bros
Plates-formes : Xbox, PS3, WiiU

Depuis que je suis en âge de travailler, ma vie active fantasmée prend place dans une boîte blanche et éthérée au centre de laquelle se trouve une petite table qui sert de bureau. Un truc à la japonaise qui ne nécessite qu’un coussin pour pouvoir y travailler. Sur la table, un ordi portable, une vieille boîte à rythmes, un synthétiseur et probablement des fenêtres aux quatre murs. Pas de porte et les machines ne sont reliées à aucun câble, aussi bien RCA qu’électrique. Je ne sais pas trop ce que je fous des 24 heures qui me sont allouées par jour, parce que dans cette vie fantasmée, il n’y pas non plus de lit, ni de cuisine, ni de salle de bains. Je ne suis pas féru d’hygiène, mais je fais gaffe à mes dents et je me lave plusieurs fois les mains par jour. C’est dire si aucune réalité n’a d’accroche dans cette illusion de pureté ascétique. Ici, je vis voluptueusement à l’abri des accidents et des inopportunes rencontres du quotidien. Ça me permet de me tenir à une éthique « vivre et laisser vivre » qui n’appartient qu’à cet enchantement de vie liturgique mais apaisante. Mais pas de pot, dans la vraie vie chaque matin je me réveille au-dessus d’un tuyau d’aération tout droit sorti d’une série Z des années 1980 – que j’avais pourtant exigé – auquel est suspendu un facehugger, cette créature dégueulasse qui pond des œufs dans la gorge des space truckers d’Alien. Quand je vais bosser, je suis entouré de jouets et d’affiches de film et si je n’avais qu’une boîte à rythmes et un seul synthé, j’arriverais probablement à produire plus de musique. Vu que je viole à ce point cet idéal de dénuement qui continue néanmoins de me tirailler et me fait vider régulièrement mes étagères de ces merdes en plastique tout juste bonnes à stimuler une imagination tarie depuis longtemps – et prendre la poussière –, je ne peux plus adopter cette clémente pensée du « vivre et laisser vivre » et vite, je me laisse gagner par une haine incommensurable à la vue d’un simple détail, que d’aucuns, animés par des ambitions spirituelles bien moindres, trouveraient insignifiant. Pourtant, derrière un groupe de zikos qui faisaient la queue devant moi alors que j’attendais mon sandwich et ne cherchais qu’à me barrer de ce traiteur huppé de la rue du Faubourg-Saint-Denis, j’ai été pris d’une envie de mort violente parce que ces mecs ne pouvaient pas s’empêcher de faire comprendre au monde alentour leur activité fondamentale en tapant bruyamment du pied – et des mains – d’une façon tellement enthousiaste et ostentatoire, en discutant du placement d’une croche qui changeait radicalement leur composition sympa, que d’un coup, je n’ai plus eu envie de sandwich. Je suis quand même rentré chez moi pour le bouffer, tout en jouant à Injustice, dans lequel les créateurs de Mortal Kombat permettent aux héros de DC Comics de se « fataliser », mais gentiment, parce que DC a interdit que les légendaires fatalités soient administrées à leurs petits héros chéris. Un peu déçu mais content à mon tour malgré tout – bien que je n’aie pas encore pu coller une fessée à Loïg qui, à défaut de la présence de Robin prendra probablement Nightwing puisqu’après tout, « sous le masque c’est le même », l’entends-je déjà me dire –, ça n’a pas suffi à me calmer. Le soir, je me suis couché sous mon facehugger comme tous les soirs, et je me suis dit que c’était très bien comme ça. Plutôt que de rêver à un bureau immaculé, je préfère fantasmer sur la mort violente des personnages exécrables de la vie ordinaire.

DEAD ISLAND : RIPTIDE
Éditeur : Deep Silver
Plates-formes : Xbox, PS3, PC Il y a quinze ans, des potes et moi avons réalisé un moyen métrage ambitieux et nul qui s’appelait La Mort qui vit. Derrière ses allures de film d’Edouard Baer réalisé par de jeunes gens fans de burgers, La Mort qui vit proposait une bromance intéressante sur fond de zombies, de même qu’un contexte politique relativement innovant bien qu’étant une resucée intégrale de la trilogie de Romero. On était vachement fiers et j’ai plus tard écrit un scénario de long métrage tiré du film en question. Comme il m’a été renvoyé par tout le monde mais que la production de films de zombies ne s’est jamais essoufflée – proposant exclusivement de la merde –, je ne veux plus jamais entendre parler de morts-vivants. Pourtant, Dead Island me plaît vachement. Y a-t-il une logique à tout ça ? Aucune, mais ça veut sans doute dire que c’est un jeu de qualité.