Éditeur : Nintendo
Plates-formes : 3DSAprès une soirée cinoche catastrophique où j’ai fait choir ma meuf – qui avait passé un mois à m’expliquer toutes les feintes de ce jeu absurde où les valets et les 9 sont les cartes maîtresses – et une nuit de debrief passée à boire et m’enfiler tout ce qui pouvait me passer sous la main, je me suis retrouvé plutôt éteint à l’anniversaire d’un pote le lendemain. Fuyant les fauteuils trop mous et les cocktails framboise trop corsés, j’ai préféré rejoindre le balcon et une fille qui portait un top couleur voie lactée et contemplait les Grands Boulevards avec un sourire béat. Vite, j’ai compris que cette fille – passée par Annecy et Préfailles avant d’échouer à Paris – était gentiment pétée mais avait le mérite de ne porter que le masque de l’ébriété, alors je me suis laissé entreprendre, appuyé sur le balcon de fonte, dont elle me disait à quel point on était « fous de s’appuyer là, comme ça, alors qu’on n’a pas étudié l’infrastructure béton du bâtiment ». On aurait dit une remarque que ma meuf m’aurait dite il y a quinze ans pour se rendre intéressante. Ça m’a plu. Quand elle a décidé de s’attaquer à des sujets plus « concrets », Garance m’a demandé ce que je faisais. « J’écris, en gros. » Ah, t’écris où ? « Pour un mag qui s’appelle VICE. » Mon ancien rédacteur en chef m’avait dit qu’il rencontrait dix mecs par semaine qui disaient bosser pour VICE. Ça m’avait laissé penser que « bosser pour VICE » pouvait apporter un certain ramage social. Pourtant, que dalle. Tout ce que ça m’a toujours valu, c’est de l’interrogation et au mieux, du pugilat. Mais pour la première fois, j’ai vu quelqu’un écarquiller les yeux et lâcher qu’elle était « grave fière de rencontrer quelqu’un de VICE, sérieux, le meilleur magazine du monde, j’adore Hamilton Morris, tout ce que vous traitez, vous le traitez hyper bien, à la fois déconne et profond, putain quelle chance tu as ! Et tu fais quoi ? – Je m’occupe des jeux vidéo. » Un AH désolé a suivi. J’ai alors rapidement pensé aux vacances que j’allais passer dans Animal Crossing, la simulation de vie plus enchanteresse que n’importe quel Sims et qui arrive enfin sur 3DS. Mais ça m’a semblé déplacé au moment où elle s’est mise à danser devant moi en balançant sa queue-de-cheval, son top spatial semblant refléter le ciel étoilé au-dessus de ma tête. Elle se plaignait quelques minutes avant du fossé entre l’écrit et le parlé, alors que je lui expliquais que l’un ne permettait malheureusement pas toujours l’autre. Elle voulait entendre parler « comme dans Flaubert » et mon état me permettait à peine de m’exprimer comme un Robbe-Grillet. J’approchais mon visage du sien, hésitant à l’embrasser à cause d’une brûlure à sa lèvre qui ressemblait à un herpès. Je me contentais de secouer la tête en rythme. Elle revenait sur le balcon et me faisait remarquer qu’elle était folle de danser comme ça devant moi. Je la saisissais par la hanche en posant une main sur son ventre et en m’excusant : « J’aimerais bien pouvoir te suivre. » Au fond, j’avais évidemment envie de la pécho. Tout me disait de le faire, mais dans un anti-climax absolu, j’ai pris son verre de framboise, en ai bu une microgorgée et ai réalisé que tout ceci était vain. « Et tu ferais quoi si tu n’écrivais pas ? » Des films. « Ah, t’en as un là, un seul à me conseiller ? » En ce moment, je rebloque sur Videodrome, alors je lui ai dit, Videodrome. Son mec est arrivé à ce moment-là, un débile avec un t-shirt moche. « Quelle série Z pourrie, c’est du cinéma mélenchoniste, au secours. La Mouche, à la limite, ça fait Kafka. Cronenberg, c’est complètement surestimé ! » OK, pal.
Éditeur : Ubisoft
Plates-formes : 360, PS3 Il n’y a pas pire série Z que les copies de séries Z. Pourtant, j’ai tout adoré de Far Cry 3 : Blood Dragon ; les effets VHS, tirer à l’Auto-9 – le même que Robocop – et la connerie surpuissante de ce jeu vidéo pour retardés. Bon an mal an, j’ai préféré me barrer en embrassant chaleureusement Constance sur la joue. « C’est Garance. » OK, Garance. La veille, en fin de nuit, Mathilde, ma meuf, me disait qu’elle avait découvert Les Diaboliques de Clouzot. Je lui parlais de La Prisonnière et de l’optic art. Elle avait trouvé Signoret fabuleuse et me demandait si j’avais d’autres de ses films à lui conseiller. Je lui ai répondu sèchement que s’il y avait bien un cinéma que je ne supportais pas, c’était de loin les cinémas d’entre-deux-guerres et d’après-guerre français : Gabin, Brasseur, Signoret, Arletty et tous les autres relous. Désolé Garance, tu étais parfaite, mais ça n’aurait jamais pu marcher entre nous maintenant que j’y pense.