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L’héritage de Pablo Escobar

À la découverte des laboratoires de cocaïne clandestins des jungles péruviennes.

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Quand la police colombienne a finalement abattu Pablo Escobar d'une balle dans la tête en décembre 1993, l'homme était à la tête de ce que l'on pourrait considérer comme le cartel de la drogue le plus puissant de tous les temps – et il pesait 25 milliards de dollars. En plus d'avoir réussi à transformer sa ville de Medellín en capitale mondiale de la cocaïne, Escobar a, par ses méthodes, inspiré la majorité des organisations criminelles qui ont suivi.

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De la terreur des tueurs à gages entraînés par les cartels, en passant par les réserves de drogues dans les jungles les plus reculées du Pérou, ce documentaire en trois épisodes revient sur la nouvelle guerre des cartels et sur l'héritage qu'a laissé Pablo Escobar.

Dans cette dernière partie, Monica Villamizar a voyagé jusqu'aux jungles péruviennes, à la recherche des trafiquants de pâte de coca et de leurs laboratoires clandestins, reliques modernes de ceux d'Escobar.

À l'époque où le cartel de Medellín régnait en maître sur le trafic de cocaïne, le Pérou était le plus grand fournisseur de marchandises. Ainsi, des tonnes de pâte à coca étaient envoyées en Colombie, pour ensuite être transformées en cocaïne dans les laboratoires d'Escobar. La majeure partie de ces ressources venait de la vallée de la Huallaga, une vaste région agricole qui est encore aujourd'hui associée au trafic de stupéfiants.

Dans les années 90, ces laboratoires étaient omniprésents dans la région. Ils étaient tous contrôlés par un homme, Demetrio Chavez Peña Herrera. Pape du trafic de drogue au Pérou, Chavez était connu sous le nom de « El Vaticano ».

Toute la pâte de coca envoyée à Medellín provenait des laboratoires de Chavez. Ce dernier opérait en toute impunité : il était aidé par le gouvernement et l'armée en contrepartie du financement qu'il leur apportait dans la lutte contre les guérilleros communistes du « Sentier Lumineux », mouvement considéré comme terroriste par le gouvernement péruvien et les États-Unis.

De même qu'Escobar, Vatican était vu comme un seigneur et un philanthrope par la population locale, participant à la construction d'églises et de diverses infrastructures. Une villageoise qui avait pour habitude de cuisiner pour Vatican et son armée explique : « Il avait un bon fond ; il aidait les pauvres. Quand mon père est mort, il m'a aidé financièrement. C'était un homme équitable qui combattait les terroristes [Sentier Lumineux]. »

Vatican a fini par tomber en disgrâce aux yeux du gouvernement péruvien. Lors de son procès, il a blâmé les politiciens pour leur cupidité, expliquant avoir été arrêté car le gouvernement voulait davantage de pots-de-vin. Il purge actuellement une peine de 30 ans de prison pour association de malfaiteurs et soutien au terrorisme.

Aujourd'hui, tous les champs de coca ont disparu et la population locale ne vit plus du trafic de pâte de coca, mais de la production de cacao. « J'ai vu beaucoup de choses. Des trafiquants tuaient des gens sans raison. C'était très dangereux [de travailler dans ce business]. Aujourd'hui, je travaille dans le cacao et je ne risque rien », avoue Genaro. Le trafic de pâte de coca n'a pas pour autant disparu.

Chaque jour, la police péruvienne défriche des champs de coca et détruit des laboratoires clandestins, qui sont très rapidement reconstruits par les narcotrafiquants. La guerre contre la drogue semble futile et l'héritage d'Escobar – l'industrialisation du trafic de stupéfiants – bien implantée dans la culture péruvienne.