Profitez de vos érections pendant que vous pouvez encore en avoir

Dans la vingtaine, le mâle moyen se sent encore invincible aux désagréments d'un mode de vie pas tout à fait sain. La trentaine cogne à la porte en compagnie de gueules de bois de moins en moins faciles à digérer. Et elle annonce tranquillement la venue du dad bod, la silhouette bedonnante du père de famille avec ou sans enfants. Ce qu'il ne soupçonne pas, c'est qu'au fil du temps, ce train de vie, bedon à l'appui ou pas, pourrait être en partie responsable du fait qu'il a de plus en plus de mal à bander.

En effet, la dysfonction érectile — jadis nommée de la manière la plus intimidante qui soit, l'impuissance — touche près d'un homme sur deux, passé l'âge de 40 ans, selon les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC). Et la quarantaine, ça vient vite! L'explication est simple. Le membre masculin est fait de tissu spongieux hautement vascularisé. Lorsque tout va bien et qu'il est stimulé de façon manuelle, vaginale, annale ou orale, le sang y coule à flots et c'est ce qui fait qu'il se raidit, tel un salut de jeune scout. Toujours prêt. Mais lorsque le mode de vie fait défaut — encore accro à la clope, au divan et aux repas usinés — la circulation sanguine en prend un sale coup. Si le sang a du mal à s'y rendre, ça ne bande pas fort. En gros, presque tout du mode de vie qui nous propulse vers les maladies du cœur est aussi à redouter pour le bien de l'appareil génital masculin. Pensons au tabagisme, à la surconsommation d'alcool, au stress et à la sédentarité. Ce sont de mauvais plis à corriger au plus vite.

Pour mieux comprendre le concept, prenons en exemple l'hypertension artérielle et le diabète. Ils influencent tous deux grandement l'approvisionnement normal en sang dans tous les organes du corps, y compris le pénis. On a longtemps pointé l'apport élevé en sodium comme étant le plus important facteur de risque d'hypertension. Voilà que du côté givré, manger ou boire trop de sucre a non seulement un impact sur les risques de développer le diabète de type 2, mais également sur la pression sanguine. La surconsommation de sucre est donc à fuir comme la peste, et ce, pour plein d'autres bonnes raisons. Lorsqu'on s'hydrate aux boissons sucrées, incluant les litres de jus de fruits pressés à froid, et qu'on ingère des sucres ajoutés à la tonne, cela se traduit souvent par une augmentation des triglycérides sanguins. Quand on dit que le sucre se transforme en gras, c'est de ça qu'on parle. C'est d'ailleurs sous cette forme que le corps emmagasine le gras. Au fil du temps, le surplus de triglycérides dans le sang nuit à l'insuline qui tente tant bien que mal de faire entrer le sucre dans les cellules et ainsi ramener la glycémie à la normale. Petit à petit, les cellules sont partiellement bloquées par un « mur » de graisses. C'est ce qu'on appelle la résistance à l'insuline. Par-dessus tout, le taux sanguin de LDL — les mauvais transporteurs de cholestérol — tend aussi vers la hausse lorsqu'on abuse du sucre. Lorsque le cholestérol voyage en LDL dans les vaisseaux sanguins, il a la vilaine habitude d'aller squatter dans les artères au point de les obstruer, et donc, de rendre la circulation sanguine de plus en plus difficile. Pensez à un tuyau de salle de bain qui accumule des cheveux de semaine en semaine. À un moment donné, ça finit par boucher, refouler et ne plus fonctionner du tout. Bien qu'il existe des médicaments pour jouer le rôle de déboucheur, il y a aussi moyen d'agir en amont et se défaire de ces mauvais plis qui entraînent entre autres l'apparition de la bite molle à un moment ou à un autre dans la vie d'un homme. Côté soleil, si faire le guet pour surveiller la venue de la dysfonction érectile peut vous motiver à vivre mieux, c'est déjà ça de gagné. Après, c'est votre corps au complet qui vous en remerciera. En guise de tape dans le dos, tous les autres bienfaits sur la santé suivront de près. Prends ça, dad bod. Catherine Lefebvre est nutritionniste et l'auteure de Sucre, vérités et conséquences. Suivez-la sur Twitter.