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Un (autre) groupe de recherche sur la radicalisation au Québec ouvre ses portes

Mais à quoi servira-t-il au juste?
« Ça fait des années que je constate qu'on fait l'amalgame ethnicité/radicalisation », déplore Martin Geoffroy. Photo : Flickr/Exile on Ontario St

L'intégrisme religieux et la radicalisation n'auront bientôt plus de secrets pour la Rive-Sud de Montréal. Du moins, c'est ce qu'espère le Cégep Édouard-Montpetit, qui a annoncé jeudi la création du Centre d'expertise sur les intégrismes religieux et la radicalisation (CEFIR), un centre de recherche « unique au Québec », mis sur pied en partenariat avec d'autres établissements de la région.

Le but du centre est d'être un contrepoids scientifique au discours ambiant, jugé mal informé. En offrant une information à jour sur les liens entre l'intégrisme religieux et la radicalisation, le directeur et chercheur principal du CEFIR, Martin Geoffroy, espère changer les mentalités à travers un « programme d'éducation populaire ».

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« On a affaire à beaucoup d'opinions, mais très peu de faits, déplore le sociologue. On veut que les gens se forgent leur propre opinion à partir des faits, qui sont tirés de recherches scientifiques. »

Selon Geoffroy, pour bien comprendre la radicalisation, il est important de s'attarder à l'intégrisme religieux plutôt qu'à l'ethnicité, ce que pourtant les centres de recherche font souvent. « Ça fait des années que je constate qu'on fait l'amalgame ethnicité/radicalisation, et ça, c'est une problématique, déplore le sociologue. Nous, on ne veut pas faire ça. C'est pour ça qu'on parle des intégrismes religieux et non pas de l'intégrisme religieux, parce qu'on veut cesser cet espèce de "pointage" de doigt, cette stigmatisation des musulmans.»

Le CEFIR se différencie des autres centres par son approche et sa mission, insiste Martin Geoffroy. Contrairement à d'autres institutions, comme le Centre de prévention de la radicalisation menant à la violence, le CEFIR n'interviendra pas directement auprès d'étudiants radicalisés, ne fera pas affaire avec des travailleurs sociaux, n'aura pas de ligne téléphonique pour entendre les préoccupations en matière de radicalisation et ne collaborera pas avec la police.

La recherche collaborative menée par divers experts issus de plusieurs milieux visera plutôt faire la lumière sur les processus qui mènent à la radicalisation, sans chercher à la détecter.

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Si on ne veut pas détecter la radicalisation, à quoi sert le CEFIR?

D'ici trois ans (et durant toute cette période), le CEFIR veut offrir des outils concrets pour comprendre la radicalisation, destinés principalement aux établissements d'enseignement et aux organismes communautaires, qui prendront la forme d'une série de conférences, de formation pédagogique et de vulgarisation scientifique diffusée sur le web - et accessible à tous.

Ces outils éducatifs permettront de vaincre la désinformation, et ainsi développer une plus grande tolérance à l'égard de la radicalisation, ce qui, ultimement, pourra changer le visage de la société, selon Martin Geoffroy.

« S'il y a une meilleure compréhension à l'échelle de la société, si les gens sont plus tolérants, il y aura moins de radicalisation, assure le sociologue. Plus nous aurons dans la société des gens comme Donald Trump, par exemple, plus il y aura de radicalisation. Parce que la radicalisation est stimulée par le fait que les immigrants notamment ne sont pas intégrés.»

Des textes sur le web et des pédagogues mieux informés pourront-ils résulter en une meilleure tolérance au Québec ? C'est une chose de produire du contenu scientifique rigoureux, mais encore faut-il que les citoyens aient la volonté de s'informer correctement.