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Comment éviter un mariage arrangé ?

« Il a dit qu'il détestait l'odeur de la cigarette, alors j'ai commencé à fumer. »
Comment éviter un mariage arrangé
Photo via Zainubrazvi

Dans certaines familles arabes, les parents ont le droit - parfois le devoir - de décider avec qui leur fille se mariera. Et même si celles-ci ne se voient pas avec l'homme qu'on leur a imposé, il leur sera difficile d'échapper au mariage arrangé.

J'ai parlé à quatre femmes arabes de ce qu'il fallait faire pour éviter de se marier avec un homme que leurs parents ont choisi. Elles m'ont parlé de catfishing, d'un faux certificat de mariage et d'une soudaine habitude de fumer.

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Mary, 25 ans, Syrie

« Après le divorce de mes parents, j'ai emménagé chez ma tante et son mari. Leurs trois fils étaient comme mes frères. Lorsque j'avais 19 ans, ma tante a soudainement décidé qu'il était temps pour moi de me marier. Elle m'a choisi son propre fils, qui avait un an de plus que moi et fréquentait la même université. J’étais évidemment contre car c’était comme épouser un frère, mais ma tante ne voulait pas l'entendre. Son fils, Amjad, ne voulait pas non plus m'épouser parce qu'il avait déjà une petite amie, mais il avait du mal à dire non à sa mère.

J'ai essayé de convaincre mes parents d'intervenir, mais ils ne voulaient pas m'écouter. J'étais seule. Je pensais n'avoir qu'une option : dire à ma tante qu'Amjad avait secrètement épousé sa petite amie. Cela arrangeait cette dernière, parce qu’elle l’aimait et ne voulait pas qu’il se marie avec moi. Ensemble, nous avons simulé un acte de mariage, ce qui n'était pas très convaincant, mais sa mère est tombée dans le panneau. Amjad n'avait aucune idée de ce plan avant que sa mère ne lui en parle. Heureusement, il était cool avec cette idée. J'ai quitté la maison de ma tante quelques mois plus tard pour vivre avec ma mère, alors qu'Amjad et sa copine se sont mariés, en partie grâce à moi. »

Miral, 26 ans, Palestine

« Quand j’ai appris que mes parents avaient trouvé un type à qui ils voulaient me marier, mon premier réflexe a été de me faire en sorte qu'il me haïsse et me largue. Il m’a dit qu’il détestait l’odeur de cigarette, alors j’ai commencé à fumer la chicha. Il a dit qu'il aimait les cheveux longs, alors j'ai coupé les miens. Il a continué à dire à quel point il aimait la musique classique, alors j'ai compilé des tas de playlists pop et je l'ai obligé à les écouter. Quand il m'a dit qu'il voulait fonder une grande famille, je lui ai dit que je détestais les enfants. J'allais avec lui à des mariages et à des rendez-vous dans des tenues délibérément inappropriées et révélatrices.

Malgré tout cela, il ne voulait pas rompre avec moi et ne cessait de me rassurer sur le fait qu'il m'aimait pour ce que j'étais. Son attitude m'a rendue méfiante ; c'était comme une sorte de piège. Sa tolérance n'était qu'une façade et, après notre mariage, il aurait essayé de régler tout ce qu'il n'aimait pas chez moi. Je devais trouver un moyen d'en finir une fois pour toutes. J'ai activé un vieux compte Facebook sous un nom différent, Emma, et je l'ai alimenté avec des photos d'une amie roumaine qui a travaillé comme mannequin. J'ai ensuite utilisé ce compte pour lui envoyer des messages aguicheurs. Mon fiancé a répondu presque immédiatement, s'empressant de me salir et de raconter qu'il attendait juste de trouver la fille de ses rêves. Après avoir recueilli assez de ses commentaires, je l’ai confronté et lui ai dit que j’avais trouvé les messages sur son téléphone. Je suis restée en contact avec lui sous l'identité d'Emma pendant un certain temps après notre rupture, mais mon alter ego a soudainement disparu quand il m'a proposé un appel-vidéo. »

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Asma’a, 35 ans, Jordanie

« Je suis née dans une grande famille traditionnelle de deux filles et quatre garçons. Jeune, j'ai eu une relation difficile avec ma mère : elle était stricte, de mauvaise humeur et ne semblait approuver aucune de mes actions.

Quand j’ai enfin pu quitter la maison et aller à l’université, j’ai tiré le meilleur parti de ma nouvelle liberté en faisant beaucoup de soirées, en joignant des groupes politiques et en me faisant un petit ami. C’est après avoir découvert ma relation que mes parents ont décidé de me marier. Un jour, ma mère et ma sœur m'ont emmenée dîner avec une femme. Elle cherchait une épouse pour son fils fortuné qui vivait en Amérique. Ma mère s'est tellement mise en colère lorsque j'ai refusé l'offre qu'elle m'a accusée de ne pas être vierge et a dit que c’était la seule explication pour refuser une si bonne offre. Malheureusement, mon père la croyait, et ils m’ont interdit de retourner à l’université.

Il a finalement fallu l'aide de mon frère pour me sortir de là. Il a dit à mes parents qu'il avait rencontré le gars en question deux jours plus tôt, et qu'il était ivre et violent. C'était un mensonge, mais ma mère l'a cru et a laissé tombé l'idée de ce mariage. Cependant, elle n'était toujours pas heureuse et ne voulait pas que je retourne à l’université. Quand mon petit ami a été diplômé, il m'a demandé en mariage. Mes parents avaient rejeté ses propositions à plusieurs reprises, mais ils ont finalement cédé. »

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Dalia, 32 ans, Egypte

« Mon père n'a jamais été aussi préoccupé par ma vie amoureuse, mais ma mère a toujours essayé de me mettre en contact avec quelqu'un. J'ai toujours eu une raison de dire non : il est chauve, il est trop vieux, il porte des chaussettes vertes. Chaque fois que je lui disais que je voulais finir l'école et profiter de ma jeunesse, elle me rappelait l'importance de la tradition.

Je pensais qu'après mon entrée à l'université, les choses se calmeraient et qu'ils se rendraient compte que j'étais une adulte et que j'avais ma propre façon de penser. Mais ma mère m'a surpris un jour en me disant qu'elle m'avait trouvé un mari et que sa famille allait venir me voir le soir même. J'étais furieuse et je me sentais humiliée. Même après avoir en discuté pendant une heure, ma mère ne voulait pas reculer.

J'ai finalement accepté de le rencontrer, lui et sa famille, mais j'étais déterminée à donner une leçon à ma mère. Lorsque le mec est arrivé, je suis entrée dans ma chambre et je me suis demandé ce que ferait une héroïne d'une mauvaise comédie romantique. J'ai alors ouvert ma garde-robe et j'ai fait un mashup des pires vêtements que j’ai pu trouver: un chemisier multicolore, un vieux jean et des pantoufles de salle de bain. Je me suis maquillée comme si j’avais cinq ans. J'étais ridicule.

Quelques instants plus tard, je suis descendue dans le salon, où se trouvaient les beaux-parents potentiels. Le visage de mon père a rougi tant il essayait de retenir son rire. Ma mère a commencé à se frotter nerveusement les mains, affichant un faux sourire que je connaissais trop bien. Ma sœur sortit rapidement de la pièce mais, avant même d'avoir passé la porte, elle éclata de rire.

Après le départ de ce type et de sa famille, je suis directement allée voir mon père. Il a ri et m'a prise dans ses bras quand je lui ai demandé de me protéger de ma mère. Elle était vraiment furieuse, mais mon père lui a dit de me laisser tranquille pour que je puisse me concentrer sur mes études. Fin de l'histoire. »

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Cet article a été publié sur VICE ARABIA.