Anita Elberse
La professeure Anita Elberse avec ses étudiants à la Harvard Business School. Photos publiées avec l'aimable autorisation d'Anita Elberse.
Sports

Avec la prof de Harvard qui donne cours à des sportifs célèbres

Parmi les anciens élèves d'Anita Elberse, on trouve des joueurs comme Dani Alves, Dwayne Wade ou Kaká.

Enfant, Anita Elberse rêvait de devenir footballeuse. Mais malgré un passage, à l’adolescence, dans l’équipe nationale de son pays natal, les Pays-Bas, la vie d'Anita Elberse a pris un tout autre cours. Elle est aujourd'hui professeure à la prestigieuse Harvard Business School de Boston, où elle enseigne le commerce du divertissement, des médias et du sport à des stars de la NBA, des célébrités d'Hollywood et d'anciens footballeurs professionnels comme Edwin van der Sar, Kaká, Dani Alves, Gerard Piqué et Oliver Kahn. Nous l’avons rencontrée pour savoir comment elle attire des élèves aussi prestigieux.

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VICE : Bonjour Anita. Comment se fait-il que vos étudiants soient aussi célèbres ?
Anita Elberse :
C'est une histoire drôle. Je travaille pour la Harvard Business School depuis 2003 et j'ai lancé la formation de sports et médias en 2013. Mon cours a reçu beaucoup de presse et d'attention de la part de quelques grands noms. Après la deuxième édition, à laquelle le basketteur de la NBA Dwayne Wade a assisté, les choses ont commencé à bouger particulièrement vite. Chaque année, de nouvelles candidatures affluent.

Que pouvez-vous leur enseigner à Harvard ?
J'ai fait des recherches sur Maria Sharapova et LeBron James au début de ma carrière et j'ai développé des études de cas pour montrer comment les athlètes professionnels peuvent atteindre leur potentiel dans le monde des affaires. Je ne dis pas ce qui est bien ou mal – les cas sont plutôt des outils pour faire réfléchir et débattre les étudiants.

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Anita Elberse avec Alves, Van der Sar, Kaká, Melchiot et Sahin.

Êtes-vous parfois stressée par la présence de personnes célèbres dans votre classe ?
Pas du tout. À Harvard, j'ai l'avantage d’être à domicile. C'est stimulant et excitant pour les sportifs de retourner à l'école, encore plus quand c'est Harvard. Les athlètes américains ont souvent un passé universitaire, mais beaucoup de footballeurs n'ont pas été à l'école depuis l'âge de 16 ans. Je me fiche que quelqu'un joue pour Barcelone, qu'il soit directeur de l'Ajax ou star de la télévision. Il arrive qu’une personne connue aux États-Unis ne connaisse pas une célébrité européenne, et vice versa. Tout le monde apprend à se connaître. 

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J'ai lu que la formation coûte 8 000 euros et qu'il y a 80 étudiants. Y a-t-il une politique du « premier arrivé, premier servi » ?
Non, nous avons une commission qui évalue les candidats. Nous recevons beaucoup plus de demandes que nous ne pouvons en traiter. La liste d'attente est très longue, et nous devons souvent dire à des footballeurs célèbres de retenter leur chance l'année suivante.

Comment sont les footballeurs qui suivent vos cours ? Êtes-vous parfois surprise par leurs points de vue ?
La majorité des joueurs de foot sont actifs et impliqués. Dani Alves était un peu plus silencieux que les autres. C'était génial de l'entendre parler de ses expériences avec le FC Barcelone, le PSG et l'équipe nationale brésilienne. En dehors de la salle de classe, il était plus extraverti et très drôle. Le premier jour, il s'est présenté en uniforme de Harvard, cravate, gilet et pantalon compris. J'ai su à ce moment-là que les choses se passeraient bien.

L'étudiant le plus loquace était Gérard Piqué. Il était déjà très actif dans le monde des affaires et était évidemment très franc. Ensuite, il y a eu des gens comme Oliver Kahn qui m'ont vraiment impressionnée. Il était calme et tranquille, mais ses remarques étaient justes. Il nous a dit qu'il avait été nommé meilleur gardien de but lors de la Coupe du monde 2002 et qu'il se réjouissait de faire honneur à l'Allemagne lors de la Coupe du monde 2006. Mais à sa grande surprise, il n'a été nommé que deuxième gardien de but cette année-là. Il s'est confié sur cette énorme déception.

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Anita Elberse avec Sir Alex Ferguson.

Pouvez-vous me parler de certaines de vos études de cas ?
L'année dernière, j'ai pris l'avion pour Amsterdam. Pour moi, l'Ajax est le producteur de talents par excellence dans le monde du football. J'ai suivi le club pendant quelques jours et j'ai rencontré des gens comme Edwin, Marc Overmars, Erik ten Hag et le responsable de la communication Miel Brinkhuis pour discuter de leur fonctionnement interne et de leur philosophie.

J'ai combiné ce voyage avec une visite à Paris et j'ai rédigé une étude de cas sur le PSG. Je me suis surtout intéressée aux transferts de Neymar et Kylian Mbappé. J'ai pensé qu'il serait intéressant de comparer le modèle de l'Ajax, qui met l'accent sur le développement des joueurs, avec celui du PSG, qui se concentre sur les gros transferts. Je demande à mes étudiants : quel modèle est supérieur et pourquoi ? Pourquoi un club néerlandais choisirait-il ce modèle et un club français l'autre ? Et pourquoi un club comme Barcelone semble-t-il se situer entre les modèles de l'Ajax et du PSG ?

J'ai entendu parler de votre rencontre avec le célèbre ancien manager de Manchester United, Sir Alex Ferguson, à Boston en 2012. Comment est-ce arrivé ?
J'ai reçu un appel de son manager. Il m'a demandé si je connaissais Sir Alex Ferguson. Bien sûr, j'ai répondu que oui. Puis, il m’a demandé : « Il est à Boston en ce moment, aimeriez-vous prendre un petit-déjeuner avec lui ce dimanche pour échanger des idées ? » Je ne savais pas à quoi m'attendre, mais il s'est avéré que c'était une sorte d'audition. Il voulait partager ses expériences en matière de leadership avec quelqu'un et les mettre par écrit. Nous avons parlé de foot et j'ai eu l'impression d’être avec mon père. Enfin, un père qui en savait soudain beaucoup plus sur le foot.

Nous avons publié « Ferguson's Formula », qui est devenu l'un des articles les plus populaires de l’histoire de la Harvard Business Review. Après cela, nous avons organisé quelques événements et il est devenu un habitué de Harvard. Nous sommes toujours en contact et il m'envoie une carte de Noël chaque année.

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