Drogue

Des gens racontent la prise de conscience qu'ils ont eue sous hallucinogènes

Nouvelle année, nouveau vous.
Sandra  Proutry-Skrzypek
Paris, FR
hallucinogènes
Image : Helen Frost 

Les drogues hallucinogènes ont le pouvoir de changer radicalement la vie. Bien sûr, elles ont aussi le pouvoir de faire ressembler votre chat à un rocher solide, mais lorsque vous avez une vraie révélation, les effets peuvent être transformateurs.

Les milieux universitaires sont de plus en plus conscients du potentiel thérapeutique des substances psychoactives. De nombreuses recherches récentes ont prouvé l'efficacité de la psilocybine dans le traitement de la dépression, tandis que des essais sur la DMT au Royaume-Uni explorent actuellement exactement la même chose. Une étude a révélé que même les bad trips ont donné aux consommateurs « des idées qui ont changé leur vie ».

Publicité

En réalité, toute personne qui prend des hallucinogènes (champignons, LSD, DMT, etc.) à des fins récréatives aurait pu vous dire ce qui précède gratuitement. Nous avons parlé à quelques personnes de la réalisation la plus importante qu'elles ont faite en trippant. Certains noms ont été modifiés. 

Sumiyah, 24 ans 

J'ai pris une pilule de psilocybine qu'un copain m'avait vendue pendant ma deuxième année de fac. J'ai réalisé que je ne me connaissais pas assez bien moi-même pour m’ouvrir à quelqu'un – probablement parce que je n'avais que 20 ans – et qu'aucun de mes amis ne me connaissait vraiment. 

J'ai pleuré comme un bébé, mais je pense que ça m'a vraiment aidée à comprendre qui je voulais vraiment être, à avoir confiance en moi et à arrêter de me soucier de ce que pensent les gens.

Chomsky, 23 ans 

J’étais dans un « bar à champignons » qui proposait des milk-shakes aux champignons aux Philippines, et j'ai accidentellement commandé un double parce que je ne connaissais pas la monnaie. J'ai donc pris le double de la dose moyenne recommandée, alors même que je n'avais jamais pris de champignons hallucinogènes.

J'ai décidé de faire une petite promenade dans les bois tout seul et j'ai trouvé un joli monticule sur lequel m'asseoir avec une belle vue sur les arbres. J'ai alors fait l'expérience de la mort de l'ego, où l'on oublie complètement à quel point on est important. On se considère soudain comme totalement insignifiant dans le grand schéma de l'univers et du temps. On est littéralement qu'une tache dans ce cosmos infini. C'était ma principale prise de conscience.

Publicité

T., 22 ans

Je suis sortie avec ce type quand j'avais 17 ans. Il avait une horrible vision de ce qu'une femme « doit » être. Il disait des trucs extrêmes comme : « Elle ne doit pas montrer ses bras, elle doit être pudique et garder ses distances. » Des trucs dans le genre. Il était extrêmement misogyne. À 17 ans, j'étais crédule et vulnérable, alors beaucoup de choses qu'il a dites m'ont marquée. 

Quelque temps après mon 20e anniversaire, une amie m’a envoyé un texto disant qu'elle voulait aller à Amsterdam. Nous avons décidé d'y aller, puis le deuxième jour, nous avons pris des truffes. Pendant le trip, je me suis vue dans le miroir et je me suis dit que je valais beaucoup plus que tout ce que je m'étais convaincue de valoir et que j'étais capable de beaucoup de choses. J'avais perdu une grande partie de ma personnalité en essayant de la supprimer pour quelqu'un d'autre. Lorsque je suis rentrée en Angleterre, nous avons tout simplement cessé de nous parler, après trois ans de relation. Je n'ai même pas eu besoin de dire quoi que ce soit. 

Après sept jours sans communiquer, nous avons finalement parlé et je lui ai dit que je ne voulais plus jamais entendre parler de lui. C'est comme si tout avait fait tilt pour moi à ce moment-là, quand j'ai eu cette expérience psychédélique. J'ai enfin réalisé que j'avais subi trois ans d'abus et que j'avais une vie à vivre. 

Publicité

Georgie, 21 ans

J'ai pris de l'acide il y a quelques années. Je ne savais pas si je devais le faire ou non, parce que c'était juste avant de commencer mes études et j'étais assez nerveux à propos de ce grand changement. Et puis, les gens disent toujours qu'il faut prendre des hallucinogènes quand on est bien dans sa tête. Mais au lieu de renforcer ces inquiétudes, ça m'a vraiment détendu.

J'étais entouré de mes amis et je me disais que c'était formidable de les avoir tous autour de moi. Ça a énormément changé ma vision des amitiés : elles vont et viennent, et ce n'est pas grave. Les amis peuvent vous apporter énormément de soutien et de joie, mais rarement pour toujours. J'ai vraiment cessé de prendre les gens qui entraient et sortaient de ma vie de façon si personnelle.

Lydia, 20 ans 

La deuxième fois que j'ai pris de l'acide, c’était incroyable. C'était le pic de la pandémie et j'étais assez déprimée à l'époque. Avec quelques-uns de mes amis et mon petit ami, nous sommes allés nous asseoir sur une colline et avons passé une journée hyper agréable et réconfortante. Le Covid nous avait donné l'impression d'être piégés, de gâcher notre vie pendant nos meilleures années.

J'avais de gros problèmes de confiance en moi à l'époque. Je ne m'étais jamais sentie aussi mal dans ma vie, mais pour une raison quelconque, le fait de m'asseoir sur la colline avec mes amis m'a fait comprendre que je suis qui je suis pour une raison – si tout le monde était pareil, la vie serait vraiment ennuyeuse. 

Publicité

Ça m'a aussi permis d'arrêter d'être si négative : dans le passé, il m’est arrivé d'être inutilement méchante et de porter des jugements, principalement sur des personnes que je ne connaissais pas. J'ai longuement réfléchi à la raison pour laquelle je faisais ça et j'ai réalisé que c'était à cause de ma faible estime de moi. Je ne le fais plus et j'ai beaucoup plus confiance en moi.

Benjamin, 20 ans

C'était la deuxième ou la troisième fois que je fumais de la DMT. J'ai rampé jusqu'au lit en position fœtale et ces petits elfes mécaniques ont commencé à me manipuler. Ils passaient devant mon oreille et chuchotaient des phrases positives comme : « Nous t’aimons et nous allons prendre soin de toi. » Ça m'a fait chaud au cœur.

Je pense que c'est l'un des moments les plus marquants que j'ai eu sous hallucinogènes. Ça a façonné une grande partie de ma dernière année, avec tout le stress et l'horreur que nous avons vécus. Ça m'a fait me sentir beaucoup plus désiré, beaucoup plus équilibré et beaucoup plus à l'aise dans ma vie.

VICE France est sur Twitter, Instagram, Facebook et sur Flipboard.
VICE Belgique est sur Instagram et Facebook.