Mayli Sterkendries Ostende
Toutes les photos sont de Mayli Sterkendries
Culture

Avec les pêcheurs d’Ostende, trois ans après

Le Broodwinner sillonne toujours la mer à la recherche de poissons.
Marie Pilette
Brussels, BE

En 2019, on avait parlé avec la photographe Mayli Sterkendries de son projet photo Vesche Vis, qui dressait le portrait d’un groupe de pêcheurs à Ostende.

Il y a quelques jours, elle m’a dit qu’elle était retournée sur le fameux Broodwinner, ce bateau vieux de 50 ans qui sillonne toujours la mer à la recherche de poissons. La nouvelle série photo qui en résulte se démarque de la première par ses tons froids, un rendu plus mystérieux et mélancolique. Ce nouveau projet (toujours en développement) prend aussi une autre dimension puisqu’il est collaboratif : il mêle photos, vidéos et enregistrements audio. 

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On a pris des nouvelles de Mayli pour en parler. 

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VICE : Salut Mayli, ça fait longtemps. Qu’est-ce qui t’a donné envie de faire une deuxième série sur ce bateau ? 
Mayli :
C’est grâce à une fille qui s’appelle Julie, une étudiante qui s’occupe de la radio du RITCS. Elle m’a envoyé un message sur Instagram pour me demander le contact des pêcheurs parce qu’elle voulait les interviewer dans le cadre de ses études. Après en avoir parlé avec elle, on a eu envie de collaborer. Ça m’a vraiment fait du bien d’y retourner, on parle quand même d’un bateau qui existe depuis plus de 50 ans.

J’imagine. Qu’est-ce qui à changé depuis la dernière fois ?
Pas mal de choses. Ils ont rénové le bateau et il y avait deux nouveaux pêcheurs. Un pêcheur adorable et plus âgé que j’ai rencontré la première fois est depuis parti à la retraite. Mario, que j'ai aussi rencontré il y a trois ans, est très malade pour le moment mais il reviendra sûrement quand il ira mieux.

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T’étais aussi accompagné d’un vidéaste. C’était quoi son rôle ? 
Maxime travaille avec des caméras VHS et, comme tu le sais, j'ai un faible pour l’analogue… Ça m'a fait penser que ce serait cool de faire une sorte de collaboration. Je voulais aussi le pousser dans ce qu'il fait parce que c’est un vidéaste débutant et il faut soutenir les jeunes talents en devenir. L'idée c’est d'exposer ses images et les miennes après qu’on ait tout mis au point ensemble. Julie, la fille dont je te parlais au début, a de son côté enregistré un audio avec l’équipage et va aussi participer au projet.

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C’est cool. Justement, en parlant d’esthétique analogue, j’ai trouvé cette série un peu plus brumeuse et mélancolique que la dernière. C’est voulu ? 
Maintenant que tu le dis, c’est vrai. J’avais pas vraiment remarqué avant que tu me le dises. Je pense que cette impression vient du fait que j’ai photographié cette série en hiver et non en été comme la précédente. Aussi, j'ai principalement travaillé avec des appareils argentiques et des pellicules périmées, ça renforce l’atmosphère brumeuse. C’est intéressant de montrer deux séries avec le même sujet mais avec une atmosphère qui contraste – c’est aussi les deux visages du métier de pêcheur, ce sont des gens lumineux qui exercent un métier difficile.

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Y’a une idée reçue que les gens extérieurs au monde de la pêche devraient savoir selon toi ?
Il y avait autrefois beaucoup de superstitions dans le secteur de la pêche. Par exemple, le fait qu'il était interdit d'emporter du pain aux raisins à bord et qu'un prêtre devait toujours vous accompagner, mais c'est vraiment quelque chose qui appartient au passé.

Face aux nombreux problèmes écologiques liés à la pêche en masse, c’est quoi le regard que posent ces hommes sur cette évolution ?
Toutes ces questions sont évidemment importantes pour eux. La surpêche mais aussi le manque de poisson dans la mer est quelque chose qui les préoccupe vu que ça les touche directement. Ils m’ont expliqué que la grande rareté des poissons dans la mer est due à la construction de nouvelles éoliennes. Les câbles doivent atteindre la terre ferme et ça supprime des bancs de sable entiers dans lesquels les poissons pondent normalement leurs œufs. La capacité des pêcheurs à naviguer au-dessus des câbles est également limitée. En bref, l’ancienne zone où ils allaient normalement pêcher est désormais interdite d’accès. Ils m’ont aussi parlé du circuit court : de plus en plus de personnes sont favorables à des produits aussi frais que possible, avec des coûts de transport plus écologiques et moins polluants – notamment à cause des conservateurs. Pratiquer une pêche locale et réfléchie est cruciale pour ces hommes.

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