bijoux hip
Jay-Z, âgé de 18 ans et encore inconnu dans le hip-hop, a dès le départ pris la question des bijoux très au sérieux. Lors d'une séance photo avec son ami et rappeur Jaz-O, il portait une double chaîne en or avec un gros médaillon, une montre Tiger Nugget, un pendentif en forme de cobra, une bague à quatre doigts en forme de tigre et le bracelet à maillons Gucci. Popularisée par Gucci, cette maille est officiellement connue sous le nom de maille marine, composée d'épais anneaux ovales aplatis et reliés ensemble. Image : Timothy White, Brooklyn, New York, 1988.
Music

Une histoire illustrée de l'amour éternel que le hip-hop porte au bling

Dans son nouveau livre, Vikki Tobak rend hommage aux bijoux qui scintillent aux poignets, aux doigts et aux cous de vos rappeurs préférés.

« En faire trop, c’est notre truc. C’est le ‘black swag’, l’afro-américain dans son essence », écrit Slick Rick dans la préface de Ice Cold. A Hip-Hop Jewelry History, le livre exhaustif de la journaliste musicale Vikki Tobak sur l’amour du genre pour tout ce qui est doré et clinquant.

« En tant qu’enfant d’immigrés ayant grandi à Détroit, j’ai été confrontée au hip-hop pour la première fois à la fin des années 1980, et j’ai directement été captivée », explique-t-elle à VICE. « Je me souviens avoir entendu It Takes a Nation of Millions to Hold Us Back de Public Enemy au lycée, et ça m’a permis de donner un sens à ce monde. »

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Tobak, précédemment auteure de Contact High : A Visual History Of Hip-Hop et commissaire d’une exposition itinérante du même nom, a ensuite travaillé au magazine PAPER avant de se lancer dans l’industrie musicale, finissant par bosser avec les jeunes Jay-Z et Mos Def lors de son passage chez Payday Records.

« On pouvait déjà voir que [Jay-Z] était destiné à de grandes choses, musicalement parlant mais aussi d’un point de vue vestimentaire », se souvient-elle. « C’était le début des années 1990… Dans le hip-hop, les bijoux étaient soit faits d’or massif, soit l’antithèse de ça, à savoir des perles afro et des médaillons en cuir comme ceux portés par De La Soul ou Public Enemy. Mos se situait plutôt dans ce camp […] Lorsque peu de temps après, Jay et Diddy sont passés aux diamants et au platine, tout a changé très vite et les enjeux sont devenus plus importants. »

Run-DMC by Ricky Powell in Paris, 1987

Run-DMC : Ricky Powell, Paris, 1987.

Ice Cold documente exactement ce changement de style, depuis les lourdes chaînes en or des années 1980 jusqu’au bling-bling très conceptuel des années 2000, y compris la désormais légendaire chaîne Murakami Jesus de Kanye West, créée par Ben Baller, le designer américano-coréen qui s’est un jour déclaré « meilleur bijoutier du monde ».

« Ce que j’ai trouvé vraiment intéressant et surprenant, c’est la mentalité commune entre les bijoutiers et les artistes hip-hop. La plupart des bijoutiers sont soit des immigrés, soit des enfants d’immigrés, ils comprennent donc le langage de la débrouille, de la transcendance et de l’aspiration », explique Tobak. « Les notions de création, de richesse, d’héritage et de communautés sont des concepts partagés par ces deux cultures. »

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Rakim wears a Mary pendant on layered gold rope chains, while Eric B. wears an anchor pendant and eagle motif pendant on gold rope chain, gold nugget watch, and multiple gold nugget rings, including pinky ring with a Mercedes-Benz motif and a fourfinger nameplate ring spelling out his full name— Louis Eric Barrier— in classic script

Rakim porte un médaillon de la Vierge Marie sur de grosses chaînes en or, tandis qu'Eric B. porte un pendentif ancre et un pendentif aigle sur une lourde chaîne en or torsadée, une montre et plusieurs bagues Golden Nugget, dont une bague à l'auriculaire avec un motif Mercedes-Benz et une bague plaque à quatre doigts où l'on peut lire son nom complet, Louis Eric Barrier. David Corio, 1987

« Encore aujourd’hui, les artistes qui se cachent derrière les bijoux — Ben Baller, Johnny Dang, Jacob the Jeweler, Tito, Eliantte, Greg Yuna,… — sont majoritairement des immigrés ou issus de ces familles-là. Ce côté de l’histoire m’intéresse beaucoup, parce qu’il renvoie à un questionnement sur le rêve américain et au public à qui il est destiné. »

Plus de photos d’Ice Cold. A Hip-Hop Jewelry History, le livre qui documente cette relation prospère entre style et musique, ci-dessous :

“Rude Boy” Jewelry stylings out of Brooklyn, here East Flatbush specifically, were highly influential and renowned for their uniqueness with flavors of Caribbean style and flair. Single gold cap front, Nefertiti pendant, gold rope chain, and multiple gold rings were a definitive look. Jamel Shabazz, East Flatbush, Brooklyn, New York, 1982

En matière de bijou, le style « Rude Boy » de Brooklyn, et plus précisément d'East Flatbush, était réputé pour son caractère unique aux saveurs caribéennes. Une seule dent en or, un pendentif Nefertiti, une chaîne en or torsadée et de multiples bagues constituaient le look de base. Jamel Shabazz, East Flatbush, Brooklyn, New York, 1982

Scott La Rock wearing gold crown ring, gold nugget watch, nameplate necklace, Mercedes-Benz logo ring

Scott La Rock : bague couronne en or montre Golden Nugget, collier à plaquette d'identification, bague logo Mercedes-Benz. Janette Beckman, New York, 1987.

Eddie’s Gold Teeth/Famous Eddie’s Gold caps, front, slugs, grills... Call them what you will, Eddie Plein, a Surinamese immigrant in Brooklyn, took gold teeth to new levels. Setting up shop starting in the 1980s at the Colosseum Mall on 165th Street in Jamaica, Queens, Plein eventually relocated to Atlanta, influencing the Southern embrace of grills culture.

« Eddie’s Gold Teeth », « Famous Eddie’s Gold caps », front, slugs, grills… Appelez-les comme vous voulez, mais c'est Eddie Plein, un immigré surinamais de Brooklyn, qui a placé les dents en or dans toutes les bouches. Il a d'abord ouvert un shop dans les années 1980 au Colosseum Mall sur la 165e rue à Jamaica, dans le Queens, puis s'est installé à Atlanta, influençant ainsi l'adoption de la culture des grills dans le sud. Bryce Duffy, Atlanta, 2002

Notorious B.I.G. aka Biggie Smalls: Created by Tito Caicedo of Manny’s New York, Biggie’s Jesus piece set off a trend in hip-hop that is now a staple look for artists. Michael Lavine, Queens, New York, 1997

Notorious B.I.G. aka Biggie Smalls : créé par Tito Caicedo de chez Manny’s New York, le pendentif Jésus Christ porté par Biggie a lancé une tendance maintenant incontournable pour les artistes hip-hop. Michael Lavine, Queens, New York, 1997

Roxanne Shante Gold door knocker earrings and “Shante” nameplate hair adornment. David Corio, London, 1989

Roxanne Shante : créoles en or en forme de heurtoir et pince à cheveux. David Corio, London, 1989

Ice Cold. A Hip-Hop Jewelry History est disponible chez TASCHEN.

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