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Société

Je suis gay – comment j'ai appris à ne plus m'en soucier

Rien ne vous oblige à être la même personne avec tout le monde, tout le temps.

Récemment, j'ai déjeuné avec mon ami Anderson, qui me racontait sa rencontre avec un mec sexy et bien plus âgé que lui lors de la Gay Pride de San Diego.

« J'ai toujours détesté entendre un mec m'appeler "garçon" ou "jeune homme", m'a-t-il avoué. Mais je n'avais jamais eu autant envie d'avaler la pisse d'un type. Il m'a baisé dans une allée juste derrière un bar. Quand il est parti au matin, il m'a forcé à marcher à poil jusqu'à ma voiture. Ça ne me ressemble pas mais, le week-end suivant, je lui ai demandé si je pouvais le revoir. Il m'a dit "OK" seulement si je le suppliais. Alors je l'ai supplié. »

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Anderson travaille dans l'immobilier et son copain est un avocat d'affaires. Ce sont des types tout à fait respectables. Ils portent des costumes avec des cravates et vont régulièrement à l'église. Anderson n'est pas vraiment le genre de type qu'on imagine boire une pinte de pisse venant d'un mec qui bande à l'idée d'être son père.

« Il veut que je me foute des trucs dans l'urètre », a poursuivi Anderson. J'ai tout fait pour ne pas grimacer.

« Est-ce que Chad est au courant ? »

« À propos du mec de San Diego ? Hors de question. Chad ne comprendrait pas. Tu connais Chad. Il se lave les mains après le sexe. Ce mec m'a forcé à le lécher entièrement après m'avoir baisé dans l'allée. » Il a regardé autour de nous pour voir si quelqu'un était en train d'écouter. « Chad ne connaît pas la personne que je suis avec ce mec. Je ne suis pas sûr de la connaître non plus. »

Je sais très bien ce que l'on peut ressentir lorsque l'on tombe sur quelqu'un qui fait ressortir les aspects les plus inavouables de votre personnalité. Il y a quelques années, j'ai rencontré un beau jeune âgé de 23 ans, qui venait tout juste d'être diplômé.

La première fois que je l'ai croisé, on a fait l'amour et c'était très mignon. Quand je l'ai baisé, il m'a demandé de l'étrangler.

Ensuite, il m'a demandé si j'avais déjà été le « Maître » de quelqu'un.

Non, jamais. Je n'y avais jamais pensé, d'ailleurs. J'aime me considérer comme fou mais trop non plus : j'avale, je baise, je fiste, un peu de pisse voire un peu de crachat. J'ai un petit côté dominateur, mais rien de trop exagéré. C'était nouveau pour moi.

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La fois suivante, je l'ai fait se mettre à genoux dans ma chambre et l'ai forcé à m'attendre. J'ai laissé un verre de pisse sur la table de nuit et lui ai dit de tout boire puis de partir. Une heure après, je suis rentré. Le verre était vide et il m'attendait.

Parfois, je le baisais pendant qu'il lavait mes vêtements. Une nuit, je l'ai enfermé dans mon placard, ne le faisant sortir que pour le baiser.

Je ne l'aimais pas. Ce n'était pas notre truc, mais nous avons partagé quelque chose d'incroyablement intime. Il a fait ressortir un truc inattendu.

Je ne suis pas un Maître pour mon mari Alex, ou notre petit copain commun Jon. Alex et moi sommes très ouverts. On aime choper des mecs et se les taper ensemble assez salement. Avec Jon, je suis différent. Jon est moins intéressé par les autres mecs. Il aime le sexe à deux. Mais, en même temps, je sais qu'il a déjà pissé sur des mecs en soirée. Avec d'autres mecs, il est une personne différente.

Comme nous tous, finalement.

Voilà à quoi je pensais en écoutant Anderson – à quel point la sexualité est une notion subjective.

L'une des raisons pour lesquelles j'ai voulu mettre en place une relation avec Jon et Alex était un désir de ma part, afin de voir jusqu'où je pourrais aller.

J'ai travaillé dur pour ne plus me sentir coupable ou honteux vis-à-vis ma sexualité. Je ne veux pas mentir ou dissimuler quelques secrets. Au contraire, je veux célébrer ma sexualité et montrer qui je suis.

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Je connais un couple qui a trois enfants, tous adoptés. Ils sont de parfaits parents et époux mais, parfois, l'un des deux reste à la maison avec les enfants pendant que l'autre sort toute la nuit pour se déglinguer le plus possible. Qu'il s'agisse d'une orgie ou simplement d'une pizza et de quelques câlins dans un motel avec un mec rencontré sur une appli, ça n'a pas d'importance. Ça leur permet d'échapper pendant un temps aux responsabilités familiales et à certaines limites imposées par la société.

Nous avons passé tellement de temps à définir ce que nous sommes : monogame, polyamoureux, etc. On catalogue les gens avec des insultes comme « salope » – ce qui stigmatise leur sexualité. Je reste persuadé que plus nous explorons notre corps, plus ces définitions tombent d'elles-mêmes.

Je peux être le mec le plus soumis au monde, ou bien le plus dominateur. Je peux vouloir quelque chose d'un inconnu que ne je voudrais pas faire avec mon mari. Mes seules limites sont celles que je me donne.

Anderson a conclu notre discussion en se demandant si, un jour, il deviendrait le Maître de quelqu'un.

Pourquoi pas ? Le sexe est intime et passionnel, quelque chose que vous pouvez partager avec la personne le plus importante de votre vie, mais il peut aussi être un jeu et une façon d'explorer des choses propres à vous-même. Pourquoi nous imposer des limites ? Cela demande du courage de casser une routine et de détruire les barrières qui définissent ce que nous sommes mais, une fois qu'on l'a fait, quelque chose apparaît. La liberté, en somme.

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