Jesus Christ jeu vidéo simulateur messie
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Gaming

J’ai joué au premier jeu vidéo qui simule la vie de Jésus-Christ

Il s'appelle « I Am Jesus Christ » et retrace la vie du Messie : le jeûne, les miracles et, bien sûr, les boules d’énergie géantes lancées par Satan.
Matteo Lupetti
Asciano, IT

Ces dernières semaines, j’ai eu le plaisir de jouer à une version démo du titre d’inspiration biblique I Am Jesus Christ (soit « Je suis Jésus Christ »), qui sera bientôt publié par les développeurs SimulaM et PlayWay. Le principe de ce jeu vidéo est de récapituler les événements réels de la vie de Jésus, de la période précédant son baptême jusqu’à sa crucifixion et son éventuelle résurrection.

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Maksym Vysochanskiy, PDG de SimulaM, m’a expliqué que l’inspiration initiale du jeu venait de loin. « Il y a plus de 20 ans, j’étais tellement inspiré par les films d’animation comme Shrek et Toy Story que je me suis dit que ce serait formidable de faire un film de ce genre sur Jésus-Christ », a-t-il déclaré. Avec le temps, l’idée a pris la forme d’un jeu vidéo. Le projet a ensuite reçu le feu vert de l’éditeur PlayWay.

La version démo à laquelle j’ai pu jouer dure environ deux heures et n’en est encore qu’au stade préliminaire — du moins je l’espère. Cependant, elle montre clairement ce que SimulaM essaie de faire : une série de scènes qui adaptent les épisodes de la vie de Jésus au format du jeu vidéo, reliées entre elles par des représentations visuelles de passages des Évangiles - pour donner un peu de contexte.

En ce qui concerne le graphisme, le jeu est tout sauf subtil : dans l’écran titre, le « I » (« je » en anglais) est représenté par une image de nul autre que Jésus-Christ lui-même, en lévitation les bras tendus, prêt à monter au ciel. Cela dit, le jeu est assez sérieux dans ses descriptions des moments clés de la vie de Jésus, et à chaque incident, il inclut même des références au verset biblique correspondant. Amen.

« Il fallait bien que quelqu’un fasse un jeu de ce genre » - Maksym Vysochanskiy, PDG de SimulaM.

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Mais fort malheureusement pour les développeurs, le jeu se présente également comme un grand vivier potentiel de memes. « Nous avons déjà rencontré ce problème avec nos bandes-annonces, mais bon… il fallait bien que quelqu’un fasse un jeu de ce genre », a répondu Vysochanskiy lorsque je lui ai demandé s’il s’inquiétait de ce qu’Internet allait faire de son travail.

I am Jesus Christ — simulatore Gesù Cristo

Le jeu commence par la recherche de Jean Baptiste. En tant que Jésus, je dois demander à mes camarades villageois où il se trouve, puis me frayer un chemin jusqu’à lui sans mourir de faim. Je dois donc cueillir des fruits dans les buissons qui parsèment les sentiers pour garder ma barre de santé/de faim à un niveau suffisant.

Si l’impression qui ressort de ce premier niveau est qu’il est un peu confus, la situation se détériore rapidement. Dans le niveau suivant, moi, Jésus, dois jeûner dans le désert tout en étant entouré d’anges qui m’entraînent au combat. Autant dire qu’on s’éloigne un tantinet du matériau d’origine — disons qu’on ne va pas tendre l’autre joue dans ce cas-ci.

I am Jesus Christ — simulatore Gesù Cristo

Bien au contraire. En appuyant sur un bouton, je peux collecter les boules d’énergie que Satan me lance et les faire rebondir, avec pour toile de fond un cratère rempli de magma (une caractéristique naturelle évidemment très courante dans les déserts palestiniens).

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Je ne suis pas un expert en théologie, mais je ne me souviens pas que JC ait jamais été confronté au problème d’un éventuel « épuisement du Saint-Esprit »

De temps en temps, je dois m’arrêter et prier pour recharger mon Saint-Esprit, consumé par l’utilisation de mes pouvoirs. Je ne suis pas un expert en théologie, mais je ne me souviens pas que JC ait jamais été confronté au problème d’un éventuel « épuisement du Saint-Esprit », d’autant plus que je suis presque sûr que la Bible spécifie qu’ils sont censés être inextricablement liés en tant que divinité unique.

I am Jesus Christ — simulatore Gesù Cristo

Après avoir vaincu Satan tel Dragon Ball, Jésus commence sa prédication et son voyage vers Jérusalem. Ce trip comprend apparemment aussi la destruction de cristaux maléfiques placés par Satan dans plusieurs villes palestiniennes. Je résous également un tas d’énigmes dans une dimension céleste pour débloquer de nouveaux miracles et j’utilise ensuite ces miracles dans ma prédication. Je pêche des poissons par magie pour persuader des pêcheurs de se joindre à moi (Luc 1-11), je transforme l’eau en vin pour sauver un mariage (Jean 2, 1-11) et je me fais tout petit pour entrer dans le corps d’un garçonnet et ainsi détruire les virus qui allaient le tuer (Il était une fois… la vie 4, 46-54).

En somme, malgré les meilleures intentions des créateurs, l’adaptation est assez hmm brouillonne. J’ai donc demandé à Vysochanskiy s’il pensait vraiment qu’il était possible de réaliser un jeu vidéo chrétien. Il m’a répondu qu’il ne voyait pas pourquoi on ne pourrait pas le faire, d’autant plus qu’il existe une flopée de livres et de films consacrés à la vie de Jésus.

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I am Jesus Christ — simulatore Gesù Cristo

Je comprends son point de vue. Le premier long métrage sur Jésus semble avoir été distribué dès 1912 : From the Manger to the Cross or Jesus of Nazareth de Sidney Olcott. De nombreux autres ont suivi, notamment Le Roi des rois de Nicholas Ray (1961), L’Évangile selon Matthieu de Pier Paolo Pasolini (1964), la comédie musicale Jesus Christ Superstar de Tim Rice et Andrew Lloyd Webber (1973), et le très controversé La Passion du Christ de Mel Gibson (2004).

Nombre de ces films sont devenus des superproductions : La Passion du Christ a rapporté plus de 570 millions d’euros pour un budget de production de moins de 30 millions d’euros. Et si le cinéma a réussi à raconter la vie de Jésus de tant de façons différentes, un jeu vidéo pourrait tout aussi bien y arriver. En théorie, du moins.

I am Jesus Christ — simulatore Gesù Cristo

En fait, ce n’est pas la première fois que Jésus fait ses débuts dans le gaming. En 2017, il a joué un rôle dans Fight of Gods, un jeu de combat du développeur taïwanais Digital Crafter, dans lequel les figures importantes de différentes religions se croisaient lors d’une série d’affrontements épiques. Le jeu a fini par être interdit à Singapour et en Malaisie en raison de son contenu religieux.

Je ne peux m’empêcher de me demander s’il n’y a pas quelque chose de profondément incompatible entre le christianisme et le gaming.

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Cependant, je ne peux m’empêcher de me demander s’il n’y a pas quelque chose de profondément incompatible entre le christianisme et le gaming. Il est assez clair que I Am Jesus Christ a du mal à traduire ces épisodes dans le système objectifs-défis-récompenses qui constitue le jeu traditionnel. Quelque chose coince.

I am Jesus Christ — simulatore Gesù Cristo

Les enseignements de Jésus sont censés nous apprendre que ceux qui détiennent le plus mauvais score dans la vie, ceux qui languissent en bas du classement, ceux qui ont échoué partiellement ou complètement à remplir leur mission, seront les premiers à recevoir une récompense au royaume des cieux.

Une idée qui n’est pas vraiment compatible avec les objectifs de nombreux jeux vidéo — Jésus ne cautionnerait certainement pas le fait que vous amassiez égoïstement des ressources, que vous massacriez vos ennemis ou que vous détroussiez de pauvres gens pour upgrader votre artillerie, par exemple.

Si vous êtes curieux de savoir comment tout ça va évoluer, la sortie du jeu sur PC est prévue pour Noël 2022 (oui, oui). Et la tendance des jeux chrétiens ne semble pas prête de s’arrêter : dans les années à venir, PlayWay publiera également Moses : From Egypt to the Promised Land, un jeu centré sur l’histoire de l’exode du peuple juif d’Égypte. Entre-temps, SimulaM travaille sur Noah’s Ark, un simulateur sur la construction et la gestion du bateau légendaire.

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