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Illustration : Guillaume Orban
Sexe

Le pire truc qu'on vous ait dit au pieu

On a voulu savoir quelles étaient les pires phrases qu’on vous avait sorties au lit, et vos réponses font froid dans le dos.
Nadia Kara
Antwerp, BE

Que ça soit avec un coup d’un soir, un fuck buddy ou au sein d’une relation, pour beaucoup l’acte sexuel reste un moment intime, durant lequel on se sent vulnérable. À poil, en tête-à-tête, sous l’emprise de nos hormones, on ne sait pas toujours quoi dire ou quoi faire... ce qui en fait un moment idéal pour s’en prendre plein la gueule.

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On a voulu savoir quelles étaient les pires phrases qu’on vous avait sorties au lit, et vos réponses font froid dans le dos.

Marie (35 ans)

« T’as vraiment un corps de petite fille… c’est juste ouf, j’ai l’impression de me taper une mineure, sauf que c’est légal. »

C’était mon (premier vrai) mec, on a été ensemble pendant des années. Ce genre de truc, il me le sortait souvent. À l’époque, ça m’a poussée vers l’anorexie, alors que j’étais déjà pas très épaisse. Le truc le plus éclaté dans ce genre de remarques – au-delà du fait que c’est de la pédophilie ouvertement assumée – c’est que moi, complètement sous son emprise, je prenais ça comme un compliment que j’acceptais, toute heureuse qu’il me voie. J’avais tellement envie qu’il m’aime, je voulais être la meuf parfaite pour lui.

Cette relation était toxique sous plein d’aspects. Un jour, il m’a dit qu’il trouvait ça génial que je n’aie pas encore beaucoup d’expérience sexuelle parce qu’il pouvait « me façonner à ses goûts ». Même si j’étais choquée, je n’ai jamais rien osé dire tellement j’avais peur de le perdre.

Quinze ans plus tard, je commence à mesurer l’impact que cette relation a eu sur le reste de ma vie, même une fois qu’on s’est séparé·es. Il a détruit toute ma confiance en moi, je n’existais qu’à travers lui. Ça a conditionné ma sexualité pendant super longtemps : j’étais focalisée sur ce qu’on attendait de moi, sur la fille que je devais être pour plaire au mec. Je voulais cultiver un fantasme.

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J’ai mis du temps à me détacher de tout ça – ce mec, ses habitudes et ses propos. J’y pense encore régulièrement. Aujourd’hui, il est marié et a deux gosses. Il fait sa vie, probablement même sans savoir le mal qu’il m’a fait, sans en porter aucune conséquence ou traumatisme. Je suis en train de réfléchir à lui écrire un mail pour tout lui déballer – j’en ai besoin. Je ne peux plus porter ça toute seule.

Matthias (37 ans)

« T’aimes ça quand je te fais mal, hein ? »

Je fréquentais cette nana depuis environ un mois, on arrivait à un stade où les choses devenaient un peu plus sérieuses. On s’entendait vraiment bien, notre vie sexuelle était super épanouie, rien à redire à ce niveau-là. Puis un soir, en plein préliminaires, elle me gifle de toutes ses forces en plein visage.

Je ne sais pas ce qui m’a le plus choqué, la gifle en elle-même ou la phrase qui l’accompagnait… j’avais pourtant jamais rien mentionné qui suggérait une tendance masochiste. Je sais pas d’où elle avait sorti ça, mais d’un coup elle avait décidé que ce geste super violent et pas du tout sollicité avait sa place. Sur le moment, j’ai pas su quoi dire, alors je me suis tu. Le truc, c’est qu’en dehors de cet incident, on avait construit une relation vraiment cool, pleine de douceur : j’avais pas envie de déranger cet équilibre, du coup je me suis convaincu qu’elle avait fait ça sur un coup de folie. Quelques jours plus tard, elle a réessayé : c’en était trop. Là j’ai vraiment compris que si j'arrêtais pas le truc, ça allait devenir une habitude. J’ai fini par la larguer.

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C’est marrant parce que quelques années plus tard, j’ai vécu une expérience similaire avec quelqu’un d’autre, une meuf avec qui j’avais eu quelques dates. On était en train de s’embrasser et d’un coup, elle commence à gratter une croûte que j’avais sur mon nez. Et elle me dit la même chose : « T’aimes ça quand je te fais mal, hein ? » Par contre, dans ce cas-ci, on avait déjà eu toute une conversation à propos de douleur, de plaisir, de la proximité des sensations. Je lui avais dit que j’aimais bien qu’on me griffe pendant le sexe, ce genre de truc un peu light quoi. Mais ça, c’était quand même un cran au-dessus. Elle a continué à gratter jusqu’à ce que la croûte se détache, mon visage était en sang. Encore une fois, j’ai rien dit : elle était super sexy, et puis c’est vrai qu’on en avait discuté. C’était une phase de ma vie où je voulais expérimenter, tester mes limites… et peut-être aussi un peu lui prouver que j’avais un côté bad boy.

Quand t’es jeune, c’est un peu comme un rite de passage et y’a rien de mal à ça. Par contre, ça m’a vraiment appris l’importance du consentement. C’était déjà un apprentissage difficile pour moi, alors que j’ai grandi dans les années 90, sans internet. J’ose même pas imaginer la galère pour les gens qui ne connaissent qu’un monde où le seul truc qui te sépare du porno hyper hardcore, c’est un clic pour « confirmer que tu as 18 ans ». Dans ce genre de vidéo, les acteurs et les actrices se font des trucs super extrêmes et à aucun moment on ne voit personne discuter des envies de chacun·e.

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Tim (29 ans)

« ………………………………………………………………………… »

Une ex à moi était super silencieuse quand on faisait l’amour. Ça me mettait toujours hyper mal à l’aise, je ne savais jamais si elle prenait du plaisir, si elle voulait continuer, si elle voulait autre chose. Il y a des gens plutôt calmes au lit, mais elle, c’était vraiment le silence complet. Pas un mot, pas un gémissement, pas un rire, rien. En même temps, c’est difficile de dire quelque chose, elle va pas non plus se forcer à faire du bruit juste pour que tu te sentes plus à l’aise… Pas grand chose à faire, on était juste incompatibles sur cet aspect-là. Un jour, j’ai essayé d’aborder le sujet de façon constructive, évidemment elle l’a pris super perso. Et je comprends complètement. Au final, on mérite tous les deux de trouver un partenaire avec qui on est naturellement à l’aise.

Sofia (34 ans)

« Tu dis que tu kiffes pas la sodomie mais je suis sûr que je peux te convaincre que t’aimes ça. »

L’année dernière, j’ai fréquenté un mec un peu plus jeune (OK, beaucoup plus jeune) pendant l’été. On se voyait deux ou trois fois par semaine, en général on mangeait un bout, on partageait une bouteille de vin et on finissait au lit. Le sexe était vraiment cool, super ouvert : on matait du porno ensemble, on parlait beaucoup de nos fantasmes, de nos expériences passées, on se faisait des jeux de rôle... Vu la différence d’âge, j’avais plus d’expérience que lui, mais ça ne me posait pas vraiment de problème. On n’avait pas grand chose en commun en dehors du lit, par contre on avait trouvé une communication incroyable sous les draps.

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Enfin, c’est ce que je pensais, jusqu'au jour où, en pleine action, il me demande si je suis sûre que je ne veux pas « prendre dans le cul ». On avait récemment discuté de sodomie, je lui avais expliqué avoir essayé plusieurs fois, et que je m’étais pas mal forcée dans le passé, mais que je ne comptais plus le faire parce que ce n’était vraiment pas mon truc. Il avait eu l’air déçu, mais respectueux de mon choix. Ce soir-là, j’ai compris qu’il avait, depuis cette conversation, mûri une espèce de frustration : c’était un des seuls trucs que je « lui refusais » et il s’était persuadé qu’il pouvait me faire changer d’avis. Qu’avec lui ce serait différent. Que je disais non, mais que je pensais oui, en gros.

Le mec pensait être super transgressif et sexy : en vrai, c’est vraiment dérangé de dire ça à quelqu’un. Il avait peut-être besoin de s’affirmer, de jouer le mâle dominant, de compenser la différence d’âge et d’expérience…

Sur le coup, je lui ai répondu, très fermement : « J’ai dit non. Ça restera non. J’ai pas besoin d’être convaincue. » Une semaine plus tard, j’ai mis fin à nos rendez-vous. Je ne me sentais plus en confiance avec lui. Ça a vraiment bousillé notre intimité.

Idris (27 ans)

« Vas-y papa, plus fort ! »

Il y a quelques années, j'étais à un festival pas loin de chez moi. J'y rencontre une fille canon, qui me dit de but en blanc qu'elle est attirée par moi. J’ai passé la journée à boire, je suis légèrement alcoolisé – et aussi un peu enivré par l’attention qu’elle me porte, j’avoue. À point pour prendre une mauvaise décision, en somme. On discute encore un quart d’heure, puis elle me demande si je veux rentrer avec elle. Évidemment, je me dis « Yolo, à l’aventure ».

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Le temps d’arriver à son appart, il est déjà tard. On parle encore un peu autour d’un verre d’eau, elle m’explique qu'elle vient d’emménager dans la ville et qu'elle ne connaît pas encore grand monde. Je la trouve vraiment cool en fait, elle a une dégaine super assurée et assertive qui me fascine un peu.

Bref, on finit donc par s’y mettre. Je suis lancé, plutôt performant vu mon état, et tout à coup elle dit quelque chose, mais je comprends pas direct. J’ai pas envie de casser l’ambiance mais je peux pas non plus l’ignorer, du coup j’opte pour un « Hein ? » haletant. En retour, je reçois le fameux « Vas-y papa, plus fort ! ». C’était la douche froide, j’ai pas pu continuer. Mais j’ai rien dit, et on s’est endormi·es l’un·e à côté de l’autre. Le lendemain, je sais pas trop pourquoi, on s’est échangés nos numéros, puis quelques jours plus tard, on a été prendre un café. Aucun·e de nous n'a mentionné l’incident, et on ne s’est plus jamais revu·es après ça.

Je sais qu’il y a des gens que ce délire fait tripper – elle, en tout cas. Mais moi, ça m’évoque juste des connotations très littérales. Genre, inceste. En plus, je me vois pas du tout comme une figure paternelle, alors au lit… Faut quand même oser sortir ce genre de truc lors d’une première rencontre, et honnêtement, ça sonnait faux, forcé. Et alors le pire dans tout ça, c’est la francisation : un « daddy », à la rigueur, mais « papa » ?

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Oliver (31 ans)

« Casse-toi, je m’ennuie. »

OK, j’avoue… c’est moi qui ai dit ça pendant le sexe. À l’époque, j’étudiais à Londres. J’avais trouvé ce mec sur Grindr et je l’avais invité chez moi : l’intention était claire d’entrée de jeu, on savait pourquoi on était là. L’attirance était surtout physique, on avait à peine fait connaissance. Je le trouvais très beau. Plus beau que moi. Et ça m’a mis mal à l’aise : au fur et à mesure que les vêtements tombaient, je découvrais son corps sculpté comme une statue antique (en plus il était grec) et tout le long, je me demandais : « Mais qu’est-ce qu’il doit penser de moi ? » J’avais 22 ans, j’avais un régime à base de pizzas surgelées, je me trouvais mou, j’étais mal dans ma peau.

À un moment, dans le feu de l’action, il m’a attrapé par les hanches. Moi, je pensais qu’à un truc : mes bourrelets. Il avait mis le doigt, littéralement, sur la partie de mon corps qui me complexait le plus. D’un coup, dans ce moment qui devait être fun et torride, j’ai senti l’angoisse monter et la seule porte de sortie que j’ai trouvée, c’est de faire le connard. Il était super choqué, il a détalé, non sans me faire remarquer mon extrême impolitesse (à raison). J’étais fasciné par la froideur avec laquelle j’avais agi, mais surtout sous le choc, moi aussi : je me serais jamais cru capable d’une chose pareille. Ça m’a traumatisé, plus que tout ce que j’ai pu entendre d’horrible dans ma vie.

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