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J’ai tenté de réduire ma consommation d’alcool à coups de décharges électriques

Puis j'ai commencé à boire pour le plaisir de m'électrocuter.
Sandra  Proutry-Skrzypek
Paris, FR

Comme tous ceux qui ont grandi avec Jackass, j'ai toujours été fasciné par l'électrocution auto-infligée. Enfant, je léchais des batteries de 12 volts. Une fois, à la fac, mes potes et moi avons joué à un jeu d'alcool du style chaises musicales, où les perdants se faisaient électrocuter par cette chose. Donc, lorsque je suis tombé sur un article de VICE UK qui mentionnait un appareil capable de vous envoyer une décharge pour vous aider à lutter contre vos mauvaises habitudes, j'ai immédiatement été intrigué.

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La société à l'origine de ce produit, Pavlok, propose un bracelet connecté assez semblable au Fitbit. Sauf qu'au lieu de compter vos pas et vos calories, le Pavlok (qui tient son nom du psychologue Ivan Pavlov, le père du conditionnement classique) vous délivre une décharge électrique à chaque écart de conduite. Si l'on en croit la société, le bracelet vous permet d'associer votre mauvaise manie à un choc électrique douloureux, et ce, même quand vous ne porterez plus le bracelet.

Sims McGrath, directeur du marketing et des relations publiques chez Pavlok, m'a expliqué que les gens utilisaient ce dispositif pour venir à bout de toutes sortes de mauvais comportements, et qu'« utiliser Pavlok pour réduire la dépendance au porno est bien plus courant qu'on pourrait le croire ». Heureusement (ou malheureusement), je n'ai pas ce problème. En fait, je me porte assez bien : je ne fume pas, je mange sainement et je fais du sport régulièrement. La seule chose sur laquelle je dois travailler est ma consommation d'alcool, qui s'élève à environ dix verres par semaine, parfois plus – ce qui suffit pour être considéré comme un « buveur excessif ».

Je ne suis pas alcoolique, mais je sais que mon corps (comme mon portefeuille) pourrait en bénéficier. De leur côté, les créateurs de Pavlok affirment que les résultats sont visibles en seulement cinq jours.

Je ne savais pas à quoi m'attendre, mais j'ai été déçu d'apprendre qu'il me fallait appuyer sur un bouton à chaque fois que je buvais et, de ce fait, choisir de m'électrocuter de mon propre chef. Cela rend le prix de 200 dollars quelque peu scandaleux – ne pourrais-je pas me contenter de faire claquer un élastique en caoutchouc autour de mon poignet gratuitement?

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Après avoir chargé l'appareil, je l'ai installé afin de le tester. Le premier choc ne m'a pas fait l'effet escompté – à savoir celui d'un taser – et ce même après avoir augmenté l'intensité. C'était une sensation étrange, bien sûr, mais qui ne faisait pas vraiment mal.

« La décharge n'est pas douloureuse, mais elle définitivement désagréable. Les gens ont peur d'activer le bracelet au début, mais une fois qu'ils ont la chance de l'essayer – et de l'ajuster au niveau qui leur convient – tous s'accordent à dire que leur comportement se modifie », m'a affirmé McGrath.

J'ai passé les jours suivants à boire et à presser le bouton à chaque gorgée. Au bout d'un certain temps, quelque chose d'étrange a commencé à se produire. Je ne redoutais plus l'arrivée de la décharge – au contraire, je l'attendais avec impatience. La sensation pourrait se définir comme un mélange entre le coup de boost d'un rail de coke et le vertige que vous obtenez en tournant sur vous-même, quand vous n'êtes encore qu'un gamin.

Je ne suis pas le seul à prendre du plaisir dans la stimulation électrique. La communauté BDSM utilise l'électrostimulation depuis Edison. C'est désormais une pratique relativement sûre, basée sur la neurostimulation électrique transcutanée (TENS), conçue à des fins thérapeutiques.

Mais le plaisir que ces chocs me procuraient n'était pas d'ordre sexuel – j'en suis certain. J'aimais juste la sensation. Dans une étude réalisée en 2014, des chercheurs de l'université de Virginie ont donné aux participants le choix de s'asseoir en silence ou de s'administrer un choc électrique. Deux tiers des hommes ont opté pour le choc. Un mec a même appuyé sur le bouton 190 fois en 15 minutes. Peut-être suis-je un peu comme lui.

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Après m'être électrocuté pendant quelques jours, j'ai réussi à modérer ma consommation d'alcool avec succès. En fait, l'alcool ne me manquait pas le moins du monde. La seule chose qui me manquait, c'était d'avoir une excuse pour m'électrocuter avec le bracelet. Au final, au lieu d'appuyer sur le bouton à chaque fois que je buvais une gorgée, je m'électrocutais à chaque fois que j'entendais ou voyais le mot « alcool ».

J'ai ajusté les paramètres de l'application afin qu'une pression sur le bouton corresponde à « une décharge de 100 pour cent » – à savoir 340 volts, en cinq coups. Un taser, en comparaison, délivre 50 000 volts. Ensuite, j'ai décidé de me soumettre à un dernier test de terrain : une fête.

Le vendredi soir, je suis donc allé à une soirée dans un appartement où l'alcool coulait à flots. De temps à autre, je déclenchais mon bracelet et me délivrais une décharge électrique, tandis que mes amis profitaient en tout état de cause de leurs boissons alcoolisées.

La plupart des gens se sont montrés réticents quand je leur ai proposé d'essayer le Pavlok, mais quelques âmes sœurs ont semblé apprécier l'expérience autant que moi. J'ai testé l'appareil sur dix personnes. Une jeune fille m'a imploré d'électrocuter son cou – ce que j'ai fait – avant de me demander si j'avais déjà essayé sur ma bite, ce que j'avais fait.

Et là, alors que la fête battait son plein, mon Pavlok a cessé de fonctionner.

J'ai essayé de le recharger et de le remettre à zéro – rien n'y faisait. La société m'affirme que quelque chose s'est détaché à l'intérieur du module. Elle m'a promis de m'en envoyer un nouveau mais, au bout de deux semaines, l'appareil de remplacement n'était toujours pas arrivé.

Quand je l'ai finalement reçu, l'utiliser me semblait inutile. Je buvais moins qu'avant le début du traitement et mes envies de choc s'étaient quelque peu estompées. J'ai enfilé le bracelet une dernière fois et j'ai appuyé sur le bouton à pleine puissance. Le choc était différent, moins intense, comme s'ils m'avaient renvoyé une version amoindrie de l'appareil.

Pavlok a bel et bien freiné ma consommation d'alcool, donc je suppose que l'expérience a été un succès. Mais, si vous comptez claquer du fric dans ce gadget afin de réduire vos péchés, dites-vous que vous pourriez remplacer votre mauvaise habitude par une autre.

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