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Santé

Les pires traits de personnalité que vous pouvez hériter de vos parents

Le bagage émotionnel qu’on vous a mis sur les bras tout au long de votre éducation peut bien sûr vous frustrer. Mais personne n’est parfait, et c’est aussi le cas de vos parents.

Les enfants ont tendance à glorifier leurs parents, ou de manière plus générale, les adultes qui font partie de leur vie. Ils les pensent infaillibles et croient tout ce qu’ils disent, et ce sans même forcément les aimer. En vous aidant à grandir, vos parents vous ont probablement fait du tort d’une manière ou d’une autre, souvent sans le savoir. Et, en tant qu’enfant, vous avez inévitablement et involontairement intériorisé nombre de leurs comportements malsains et croyances stupides.

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Afin de prendre du recul sur ma propre vie, j’ai décidé de demander à quelques amis de me confier les pires habitudes et mentalités héritées de leurs géniteurs. Tous les noms ont été changés à leur demande, question d’intimité et de vie privée.  

Ahed, 19 ans, est étudiant et vit à Ramallah, en Palestine. Ses parents lui ont appris à ne pas exprimer ouvertement ses émotions ni son affection. « C’est un truc qu’on rejette totalement dans ma famille. Je ne me souviens pas avoir entendu ma mère dire un jour “Je t’aime” ou “Tu me manques” », déclare Ahed. Il en va de même pour sa grand-mère et d’autres membres de sa famille. Aujourd’hui, il est difficile pour lui d’être en relation avec des personnes qui n’ont aucun problème à exprimer leurs sentiments. « À côté d’eux, j’ai l’impression d’être un robot, et je déteste ça », me confie-t-il.

Kamal, un traducteur de 26 ans basé à Amman en Jordanie, me raconte que ses parents lui ont appris à se comparer à des personnes moins bien loties pour se donner l’impression que tout allait bien dans sa vie. « En fait, ça m’a poussé à réduire mes horizons et à revoir mes aspirations à la baisse, comme si ma vie était complète et que je ne pouvais pas rêver mieux », me dit-il. « Aujourd’hui encore, je déteste être comparé aux autres ». Après un travail sur lui-même, Kamal sait maintenant que tout le monde traverse des expériences très différentes. Par conséquent, faire ce genre de comparaisons sociales est assez inutile. Et pourtant, il se surprend encore à le faire de temps en temps.

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Munia vit à Dubaï. Pour cette technicienne de laboratoire de 34 ans, l’attitude léguée par ses parents n’est pas généralement considérée comme une mauvaise chose : « La gentillesse. La gentillesse jusqu’à en devenir bête », m’explique-t-elle. Son père a toujours été une personne maladivement gentille. Compte tenu de l’éducation difficile qu’il a reçue plus jeune, ça n’a jamais vraiment eu de sens pour elle. « Dans sa tête, tout le monde il est beau tout le monde il est gentil. Ça l’expose tous les jours à des situations dangereuses ou à de grandes pertes, que ce soit en termes d’argent, de biens ou d’amitiés », dit-elle. Malgré les efforts de sa mère pour la mettre en garde contre les conséquences de la bienveillance de son père — et même malgré ses propres mises en garde — Munia me confie avoir hérité de son sens de la confiance aveugle envers les autres et de sa vulnérabilité. « Je me fais tout le temps avoir à cause de mon bon caractère. »

Sherif, 27 ans, analyste de données basé au Caire, a également hérité des traits de personnalité malsains de son père. « Mon père a toujours cherché à faire plaisir aux gens qui l’entouraient, un faux rire par-ci, un commentaire inutile par-là », me dit-il. « Je me surprends parfois à suivre ses traces. Lorsque je discute avec d’autres personnes, je m’engage dans des sujets de conversation faciles et “sûrs”, puis je lance des faux rires pour cacher mon stress. »

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Sherif pense que ces habitudes l’empêchent de se rapprocher véritablement des gens et d’établir des relations saines. « Dans ma tête, c’est ma responsabilité de rendre l’autre personne heureuse et de lui faire sentir que tout va bien », m’explique-t-il. « Ce n’est pas forcément une mauvaise chose en soi, mais ça devient nuisible lorsque j’insiste pour le faire au détriment de ma propre personne, en faisant la sourde oreille à mes sentiments négatifs. »

Alors que la plupart des gens à qui j’ai parlé m’ont dit qu’ils avaient du mal à supporter le bagage émotionnel légué par l’un de leurs parents, Farah, étudiante jordanienne de 18 ans, regrette surtout les habitudes alimentaires malsaines qu’elle a acquises de sa mère. Enfant, elle passait la plupart de son temps avec elle et la voyait s’affamer pendant des heures, pour finalement ne prendre qu’un seul gros repas par jour. « Je pense que c’est de là que viennent mes problèmes de prise de poids », me confie-t-elle. « Ce qui a aggravé les choses, ce sont les commentaires de mon père. Il avait un problème avec mon poids. »

D’après Farah, les commentaires de son père l’ont amenée à développer une relation difficile avec son corps, où elle passe sans cesse de la haine à l’acceptation de soi. « J’ai commencé à penser que la forme et le poids d’une personne déterminent qui elle est et ce qu’elle mérite dans la vie, ce qui est une idée complètement fausse. »

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Marah, 32 ans, directrice marketing à Dubaï, déclare qu’elle aurait aimé apprendre de ses parents à mieux gérer son argent. « Je ne pense pas que ce soit uniquement de leur faute, puisque nos institutions sociales, comme l’école, ne les ont pas éduqués à ce sujet », me dit-elle. « Je n’ai jamais été capable de bien organiser mes finances, oscillant entre extravagances irresponsables et périodes d’épargne extrême, au point de me priver parfois de choses presque essentielles. » En vieillissant et en apprenant à mieux gérer son argent, Marah a décidé de transmettre ces informations à ses futurs enfants.

Dans certains cas, les blessures laissées par le comportement toxique d’un parent peuvent être assez profondes. Pour Ahmed, 32 ans, ingénieur en logiciels basé à Berlin, grandir dans son foyer signifiait être constamment confronté à l’anxiété et à la méfiance de ses parents envers les autres. « Ado, je recourais à la violence pour résoudre mes problèmes, principalement parce que j’ai grandi entouré de ce sentiment », me confie-t-il. « J’étais, et je suis toujours, inquiet pour tout ».

Les amis d’Ahmed lui disent souvent qu’il a tendance à voir le mauvais côté des choses et qu’il semble incapable d’optimisme. « Je suppose que c’est une habitude que j’ai prise, question de survie », explique-t-il. « L’anxiété et la tension de mon père ont été présentes tout au long de mon enfance, et elles sont encore en moi aujourd’hui. »

En fin de compte, devenir adulte implique de réaliser que nos parents ne sont pas des surhumains, mais seulement des personnes qui essaient de comprendre la vie, tout comme nous. Cette nouvelle perspective peut nous mettre en colère ou nous bouleverser. Mais ce n’est qu’en comprenant d’où viennent les pensées et les comportements malsains de nos parents que l’on pourra vraiment grandir en tant que personne.

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