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Jordan Avissey, le jour de sa signature avec l'université de Buffalo.
Sports

Quand une bande de jeunes Français part à l'assaut du foot US

Une grosse poignée de jeunes Français s’apprête à aller jouer en NCAA, le championnat universitaire américain et antichambre inévitable de la NFL. Bienvenue à Last France U.
Pierre Longeray
Paris, FR

Quelque 100 000 fans parés de blanc braillent en chœur « P-S -U », les trompettes de la Lion Fanfare crachent leurs ritournelles habituelles, puis une centaine de bonshommes casqués surgissent du tunnel, précédés par de jeunes gens filant avec de grands drapeaux blancs et bleus. Sur la pelouse encadrée par des gradins hauts comme des immeubles, le grand cirque du championnat universitaire se met en branle sous les caméras omniscientes de Fox Sports. Puis, scrutant d’un œil distrait les feux d’artifice qui vont mourir dans le ciel de la Pennsylvanie en cette fin d’été, un Français attend son heure, avec ses épaulettes sur le dos et son casque dans la main.

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Voilà à quoi devrait ressembler le début de soirée de Jordan Avissey, le 7 septembre prochain. Au Beaver Stadium de la Penn State University (PSU, classée 14ème du pays), Avissey goûtera à son premier samedi de college football – une institution quasi-religieuse et ultra-populaire qui occupe les Américains le premier jour des weekends d’automne (contrairement à sa grande sœur, la NFL, qui se joue surtout le jour du Seigneur après l’église). Dans un des plus gros stades et sans doute un des plus bruyants du pays, le Nancéien ne sera en revanche pas du bon côté du rubicon avec son maillot des Bulls de l’université de Buffalo (UB), adversaire du soir des Nittany Lions de PSU. Mais qu’importe, il devient ainsi le troisième Français de l’histoire à évoluer au foot US en NCAA.

« Les joueurs français, on nous a comme conditionnés à ne pas voir grand, à ne pas rêver » – Jordan Avissey

Il y a à peine trois ans de ça, les yeux d’Avissey étaient rivés sur une autre balle, orange et ronde. Pensionnaire du centre de formation de l’Orléans Loiret Basket, il vise alors la Jeep Elite et pourquoi pas la NBA, mais un triste jour, son genou explose avec ses rêves. « On m’a alors parlé du foot US. Je n’y connaissais rien, à part ce que j’en avais vu dans un manga, Eyeshield 21 », rembobine Avissey en cette fin juillet avant d’aller récupérer dans un jacuzzi de UB suite à un entraînement matinal. « Alors, je me suis dit que j’allais faire un test chez les Chevaliers d’Orléans pour voir. C’était vraiment du bas niveau, de la division III, mais je suis tombé amoureux du sport – à 19 ans. »

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Au bout de quelques mois de foot, le gaillard aux bras épais comme des cuisses saisit l’opportunité d’aller jouer au Canada dans un CEGEP (sorte d’après-bac canadien) – comme plusieurs Français avant lui. Paumé au milieu du Québec à Thetford, Avissey continue d’apprendre ce sport encore un peu nouveau avec des coaches qui captent et développent son potentiel. Si bien que l’équipe de France senior le convoque pour le championnat d’Europe de foot US de l’été 2018, duquel il repart avec une médaille dorée autour du cou, mais aussi avec un début de déprime : « Après l’Euro, j’ai traversé une grosse période de doute : je voulais aller dans une fac canadienne, mais c’était galère parce que cela demandait beaucoup trop de ressources financières. Je sentais que j’allais devoir abandonner ce rêve d’avoir une éducation supérieure, et je ne savais pas quoi faire de ma vie. C’était sombre. Je me disais que j’allais peut-être partir en Allemagne pour jouer au foot en pro. » Il hésite même à s’envoler pour une destination exotique à l’échelle du foot US : l’Égypte où une équipe voulait le signer.

Puis, une notification Messenger surgit. Un certain Brandon Collier veut savoir ce qu’il compte faire de sa vie. Baroudeur et ancien joueur de foot universitaire à UMass, puis dans différents clubs d’Allemagne, Collier assure à un Avissey un poil surpris qu’il a le potentiel pour aller jouer de l’autre côté des Grands Lacs, en NCAA. « Les joueurs français, on nous a comme conditionnés à ne pas voir grand, à ne pas rêver, pose Avissey. Mais là, ce type sorti de nulle part me dit que j’ai le niveau pour jouer en NCAA. » Sur les bons conseils de Collier, Avissey part alors à la quête de son « Saint Graal », une full scholarship, soit une bourse complète pour jouer au foot dans une université américaine. « Le truc, c’est d’être vu au bon moment par la bonne personne », complète Avissey. Signe du temps, il commence à poster sur les réseaux des vidéos de ses entraînements, et démarche des coaches d’universités par DM. « C’était une marche dans le désert. Mais un jour tout a pété. » Une vidéo postée sur Twitter est reprise par un gros compte, les vues s’accumulent et le téléphone n’arrête plus de sonner. « Les coaches me disaient “Mais t’étais où pendant tout ce temps ?“ », se marre Avissey. Trois offres de grosses facs – Buffalo, Idaho et Colorado – arrivent, Avissey accepte la première et rouvre la porte de la NCAA aux Français. Une porte, entrouverte par Richard Tardits dans les années 1980 puis Anthony Mahoungou en 2014, qui risque cette fois-ci de ne plus se refermer.

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Posé entre un resto qui fleure bon l’Amérique – le Maestro Grill – et un point de rencontre de monos d’auto-école, le stade des Diables Rouges de Villepinte est écrasé par la canicule. Pourtant une cinquantaine de jeunes au front ruisselant s’activent sur divers ateliers – 40 yards, saut en longueur, slalom entre des plots – sous l’œil de Brandon Collier, sifflet autour du cou et portable en main. « En 10 minutes, je peux te dire si t’as le niveau pour jouer en NCAA », pose Collier d’un ton assuré. Il peut l’être. En trois ans, il a envoyé plus d’une cinquantaine d’Européens dans des facs américaines via son organisation PPI Recruits, qui tient en ce brûlant vendredi de juillet son premier « camp » en France, à la recherche de pépites.

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Brandon Collier téléphone en main lors du camp de Villepinte.

« Quand je jouais en Allemagne, je me suis aperçu qu’il y avait beaucoup de gamins avec du talent en Europe, et pas mal me demandaient un coup de main pour aller jouer aux US », explique-t-il en prenant les mesures des prospects français du jour. « Après une blessure, j’ai décidé de dédier ma vie à cette mission. J’essaye de changer la culture, et la manière dont les Américains voient le foot à l’étranger. Pour moi, plus aucun jeune Européen talentueux ne doit être ignoré. » À force de harceler les coaches de facs américaines au téléphone, d’envoyer des vidéos, d’organiser des voyages de jeunes aux États-Unis, de mettre sa réputation dans la balance, des joueurs repérés par Collier rejoignent de grosses écuries de NCAA comme Michigan, Penn State ou Notre Dame (toutes membres du top25 de présaison). « Je pense que les coaches ne savaient pas qu’il y avait des joueurs talentueux ici. Ils étaient dans une sorte d’ignorance. Mais c’est en train de changer. »

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« Michigan m’a offert une bourse, alors qu’un an plus tôt je n’avais pas encore fait un match » – Jeffrey M'Ba

Sur la pelouse de Villepinte, il y en a un que Collier ne lâche pas des yeux, et ce n’est pas à cause de son bonnet jaune fluo. 1 mètre 98, quelque 145 kilos et des pieds rapides comme ceux d’un danseur : Jeffrey M’Ba, sans doute le plus grand talent brut du foot US à la française. Celui qui pensait il n’y a pas trois ans que le foot était un sport de bourrins, a désormais une palanquée d’écuries prestigieuses qui lui courent après. M’Ba est l’illustration même de ce que Collier théorisait plus tôt : « Le foot US est un sport que tu peux apprendre sur le tard. Si tu as la taille, la vitesse et les qualités athlétiques développées dans d’autres sports, tu peux devenir un bon joueur de foot rapidement. »

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Jeffrey M'Ba (à gauche) et Jason Bofunda, running back du Flash de La Courneuve et participant du camp de PPI.

Cela tombe bien, M’Ba est du genre pressé. Il découvre le foot à La Roche sur Yon avec les Hussards en janvier 2017, joue 4 matchs, s’envole pour le Pole France à Talence l’année qui suit, puis vers le Connecticut dans un lycée en août dernier. « Tout est allé super vite, le premier jour où je suis arrivé aux US, Michigan m’a offert une bourse, alors qu’un an plus tôt je n’avais pas encore fait un match », remet M’Ba, que les Américains ont qualifié de recrue 4 étoiles (sur 5). Rapidement, les offres de bourses s’accumulent dans sa boîte aux lettres, bien content de faire mentir ceux qui au Pole se demandaient pourquoi il allait se perdre aux États-Unis. Au printemps, M’Ba réduit à un trio ses courtisans : Tennessee, Florida et Virginia. Puis dans une petite cérémonie à l’américaine, M’Ba choisit la casquette de l’université de Virginie posée devant lui, signifiant qu’il rejoint les Cavaliers pour la saison 2019.

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Mais, problème, la NCAA est une institution rugueuse comme l’Amérique en a le secret. Pour des questions de notes jugées insuffisantes, M’Ba doit reprogrammer son entrée à la fac, désormais planifiée pour janvier 2020, histoire de mettre de l’ordre dans ses bulletins. « Mais je n’allais pas rester à rien faire, enchaîne M’Ba. Donc au début de l’été je suis parti faire des camps sur la côte Est pour prouver mon niveau et préparer mon recrutement pour janvier. » De Penn State à West Virginia en passant par North Carolina, M’Ba déroule et impressionne – encore une fois – son monde, comme cet après-midi à Villepinte, où tous les prospects viennent lui demander des conseils et essayer de savoir quelle fac mène la course à son recrutement.

Alors que le camp de PPI touche à sa fin par des oppositions entre receveurs et corners, un jeune homme en chemise débarque sur la pelouse avec son sac à dos. Karl Mongosso n’est pas en retard. Il n’a plus grand-chose à prouver à Collier. Mongosso, 18 ans, receveur, sort du travail, où il développe des logiciels. « Tu sais combien il a eu au SAT [Ndlr, l’équivalent du bac américain] ? » lance alors Collier à un ancien coéquipier de UMass désormais membre des Diables Rouges. « 1 300 ». Le pote de Collier le regarde d’un drôle d’air et lui explique qu’il a obtenu moitié moins.

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Karl Mongosso (gauche) se marre avec Jeffrey M'Ba.

Mongosso, qui a commencé sérieusement le foot deux ans plus tôt au Flash de La Courneuve, a reçu en juin une offre de bourse de Yale, après avoir accompagné Collier lors d’une tournée des grosses facs de la côte Est. « Mon objectif, c’est d’avoir un diplôme, une carrière de footballeur ça ne dure pas éternellement », pose sereinement Mongosso, qui se verrait bien devenir data scientist. « Même si je reçois d’autres offres, je pense que c’est vraiment une école vers laquelle je vais me diriger. Ils jouent en Division I, puis le niveau académique y est très bon. » Pas de doute. En attendant de rejoindre en mai prochain New Haven, ses 61 prix Nobel et 5 médailles Fields, Mongosso va se maintenir en forme en faisant un peu d’athlétisme et continuer de travailler ses réflexes.

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Si des Français se retrouvent aujourd’hui aux portes de la NCAA, l’influence de Collier y est assurément pour beaucoup, tout comme « l’explosion des réseaux sociaux qui a permis de créer la tempête parfaite pour qu’on trouve des infos et des vidéos sur des gars développés en dehors de nos frontières », explique Rob Ianello, le coach responsable du recrutement d’Avissey à Buffalo. Mais ce qui distingue aussi cette génération de nouveaux joueurs, c’est sans doute la confiance qui les habite, malgré les innombrables obstacles qui se dressent parfois sur leur route.

En agitant ses longs cheveux bouclés, Rayan Khefif, 22 ans, égraine ses blessures et coups du sort qui ont retardé son envol de l’autre côté de l’Atlantique. « Quand je finis ma saison de junior [en 2016], je suis censé aller jouer au Canada, mais je me fais le tendon d’Achille. Rééducation pendant neuf mois. L’année dernière, je peux partir en Californie dans un JuCo [Junior College, antichambre de la NCAA que l’on suit dans la série Last Chance U, NDLR], mais à la finale du Championnat de France avec le Flash, je me fais les croisés sur une interception. Rééducation pendant 6 mois. Puis je trouve un autre JuCo, Iowa Central, top 12 du pays. Mais le coach qui me voulait quitte le JuCo, ce qui annule mon recrutement. »

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Rayan Khefif à l'entraînement sur le terrain du Flash de La Courneuve avant de s'envoler pour Roswell.

Retour à la case départ pour celui qui dit que le foot lui a littéralement sauvé la vie (il était censé faire la sécurité au Stade de France le 13 novembre 2015, mais avait dû annuler pour aller à l’entraînement). C’est à ce moment que le réseau qu'est en train de tisser cette nouvelle génération se met en marche. Junior Aho, ami de longue date de Khefif et coéquipier en Équipe de France, arrivé dans un JuCo du Nouveau Mexique en janvier 2019 parle de son pote à ses coaches. Quelques semaines plus tard, Khefif accepte l’offre de bourse transmise par le New Mexico Military Institute (NMMI), posé à Roswell, la capitale des extraterrestres.

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« Les coaches s’en foutent un peu que tu sois Français du moment que tu défonces leurs recrues américaines » – Junior Aho

Aho est lui aussi un peu têtu. Originaire de Nice, il commence le foot à 15 ans avec les Dauphins, le club du coin, part à Montpellier, puis Marseille, doit arrêter l’école à cause de soucis de famille et se met à travailler à ses 16 ans. « Je taffais à McDo, je faisais des ménages, j’ai tout fait », sans jamais arrêter le foot et l’équipe de France, avec qui il remporte le Championnat d’Europe (aux côtés d’Avissey) en 2018. « Cette compétition m’a permis de me faire repérer par un ancien joueur de NFL allemand, Bjorn Werner, qui a fait tourner ma vidéo pour que j’aille en JuCo. » Direction donc Roswell et NMMI en janvier 2019, alors que la saison est déjà finie. « Je n’étais pas censé recevoir d’offres, mais j’ai fait de bonnes vidéos pendant la présaison, » explique Aho, qui a déjà sur son bureau huit offres de bourses – sans avoir joué un seul match sur le sol américain. Huit offres c’est bien, mais ce n’est pas assez. Du coup, avant d’aller rejoindre la chaleur et la discipline écrasantes de leur JuCo militaire ce début août, Aho et Khefif ont passé une partie du mois de juin à sillonner en voiture de location le sud des États-Unis. Le but : multiplier les camps dans les programmes les plus respectés du pays comme Alabama ou LSU (Louisiana State University), histoire que les coaches surveillent leur saison à NMMI. « On a eu de très bons retours des camps, les coaches respectent notre parcours, le hustle. Ils s’en foutent un peu que tu sois Français du moment que tu défonces leurs recrues américaines », pose calmement Aho, dont le nom commence à se retrouver sur la liste de courses de nombre de facs.

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Junior Aho lors de sa visite à Oregon.

Pour se faire repérer depuis la France, les investissements physiques et de temps consentis ne se comptent évidemment pas. Les efforts financiers sont eux aussi non négligeables. Et impossible de se faire aider par un agent ou des sponsors, puisqu’en NCAA les joueurs sont des « étudiants-athlètes », à qui il est strictement défendu de toucher le moindre dollar – alors que la ligue, les universités, les coaches et les diffuseurs croulent sous les milliards. Les visas, les entraînements avec des préparateurs physiques, les voyages aux États-Unis ou encore les camps, tout cela est payant. Impossible aussi de compter sur la Fédération Française de Football Américain (FFFA), qui n’a pas de liens établis avec la NCAA (mais avec le Canada) et dont le budget ne permet pas de faire beaucoup – bien qu’on réfléchisse en interne à la création d’une cagnotte pour soutenir le parcours de ces jeunes. Du coup, les familles mettent la main à la poche et les coûts engagés sont réduits au maximum. « Après mon mois de vacances à Nice, où j’ai travaillé, je suis allé faire un camp à Oregon début août, parce qu’ils sont intéressés par mon profil », explique un Aho un peu exténué. « Pour m’y rendre, le trajet le moins cher revenait à faire Nice - Manchester - Philadelphie - Vegas, où j’ai dû dormir une nuit dans l’aéroport n’ayant pas 21 ans - puis Portland et enfin Eugene, où est la fac d’Oregon. Après pour rejoindre mon JuCo, je suis passé par Seattle, où j’ai passé une nuit, puis Phoenix et Roswell. »

« Une fois que tu as ta première offre, il y a comme un poids qui te quitte » – Terence Fall

Éviter les allers-retours superflus au-dessus de l’Atlantique et rentrer au plus vite dans le moule américain. C’est le plan choisi par Terence Fall, le petit dernier de la nouvelle génération. « Un an après avoir commencé le foot, je suis allé passer l’été chez mon oncle dans le Bronx pour voir un peu le niveau des Américains », retrace le jeune wide-receiver. « Je fais quelques petits matchs, mon oncle envoie quelques vidéos de moi à des lycées et je reçois deux offres de bourses de high schools de New York. » Obtenant ainsi la preuve qu’il a le niveau nécessaire, Fall et son père passent les vacances de Noël 2017 devant l’ordinateur familial à la recherche d’une bourse dans un lycée des trois grands États du foot US : Texas, Floride et Californie. Une centaine de mails plus tard, Fall a de quoi faire un choix. L’Aquinas High School de San Bernardino propose l’offre la plus alléchante.

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Terence Fall la veille de son retour vers la Californie.

L’été qui suit les valises sont prêtes, départ vers cette ville de la grande banlieue de Los Angeles pour rentrer en première et vivre dans une famille d’accueil. Spécificité californienne, les joueurs étrangers doivent rester sur le banc pendant les matchs lors de leur première année. Fall n’a donc que les entraînements pour prouver ce qu’il vaut – sous l’œil de coaches de facs qui viennent faire leur marché dans les lycées du pays. En mai, la Brigham Young University (BYU) transmet sa première offre à Fall pour la saison 2020. « Une fois que tu as ta première offre, il y a comme un poids qui te quitte », raconte le jeune homme la veille de son retour en Californie en cette fin juillet. « Maintenant mon but c’est d’aller chercher des offres encore plus prestigieuses pendant mon année de terminale. » Et le travail a déjà commencé ce début août avec le camp de présaison d’Aquinas – une semaine sans téléphone ambiance camp militaire agrémentée de trois entraînements par jour sans compter les réveils surprises des coaches au milieu de la nuit. « C’est dur, mais ça soude l’équipe. »

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« Je pense qu’on en a juste eu marre », souffle Jordan Avissey. « Marre d’être dans ce moule français : tu joues en Équipe de France, tu vas au Pole, puis au Canada dans un CEGEP et après tu reviens jouer en France. Et voilà c’est fini.» Les mois qui arrivent risquent bien de mettre un terme à cette matrice peu enthousiasmante vu le nombre d’offres qui arrivent dans les boîtes aux lettres de cette sympathique bande de jeunes Français sûrs de leur force. Après ce premier écrémage de la NCAA, viendra ensuite dans quelques années celui de la NFL encore plus fin et rigide. Il faudra encore prouver son niveau, sa motivation, son éthique de travail, et sans doute compter sur un petit bout de chance pour se faire une place dans une ligue qui commence à peine à s’ouvrir aux talents venus hors de ses frontières. Tous ont cette envie de vaincre le signe indien et de devenir le premier joueur français drafté du nouveau millénaire. « Les gamins sont bons en France, il n’y a pas de doute là-dessus. Le plus gros défi, c’est simplement de changer leur état d’esprit », professe Brandon Collier. « Ils doivent simplement y croire, puis l’un d’entre eux finira bien par arriver en NFL, ça ne fait pas de doute. »

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