Culture

10 questions que vous avez toujours voulu poser à un hooligan

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Cet article a été initialement publié sur VICE Allemagne.

« Je ne pense pas que ce soit bien de blesser les gens, mais j’adore mettre des coups de poing », nous confie celui que nous appellerons Dennis*, un supporter du Dynamo Dresden, club de foot allemand basé dans la ville de Dresde. Dennis affirme que son père est fier de son « hobby ». Mais il n’a pas encore dit à sa mère que parfois, il retrouve des supporters quelque part au milieu des champs ou de la forêt, pour se livrer à des combats ultra-violents clandestins.

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Selon la police allemande, le pays compte environ 3 643 supporters de foot officiellement catégorisés comme « violents », des milliers d’autres sont considérés comme « enclins à la violence ». Nous avons parlé avec Dennis pour comprendre pourquoi les hooligans aiment tant lacastagnent il aime se battre, quel genre de blessures il a subi et s’il se considère comme un danger public.

VICE : Bonjour, Dennis. Allez-vous au stade dans le seul but de vous battre ?
Dennis : Non, j’y vais pour soutenir le Dynamo. Les combats sont de plus en plus rares à l’intérieur des stades. Cela fait presque 20 ans qu’il n’y a pas eu de bagarre digne de ce nom sur un terrain. À l’époque, les propriétaires de clubs encourageaient les hooligans à être agressifs – ils nous filaient de la bière gratuite à la mi-temps, avant que les choses ne dérapent au coup de sifflet final. Mais la police a vraiment pris des mesures sévères depuis.

Les vrais combats ont lieu à l’extérieur des stades, dans des champs, ou des forêts. La plupart de ces combats ne durent que quelques minutes, mais cela paraît être une éternité. En Allemagne, et dans une bonne partie de l’Europe occidentale, le hooliganisme fait partie de la tradition footballistique. Les hooligans d’Europe de l’Est préfèrent le hockey sur glace, le basket voire le water-polo.

Quelle est la pire blessure que vous ayez infligée à quelqu’un ?
Aucune idée. Mes adversaires m’importent peu. Je ne leur envoie pas une carte juste après le combat pour savoir s’ils vont bien. J’ai entendu une fois qu’un mec que j’ai frappé a eu une double fracture de la mâchoire, mais je ne peux pas dire avec certitude que c’est la pire blessure que j’ai infligée. Dès que je mets quelqu’un à terre, je me tire. Ça s’arrête là, c’est dans notre code de conduite.

Est-ce que quelqu’un est déjà mort dans un combat ?
Pas à ma connaissance. Par contre, je connais quelqu’un qui s’est retrouvé dans un fauteuil roulant. Personnellement, j’ai eu plusieurs os de cassés. Une fois, je me suis fracturé le poignet parce que j’ai frappé quelqu’un trop fort. Cela dit, les hooligans russes et polonais sont bien pires que nous.

Comment organisez-vous les combats ?
Chaque groupe a un leader qui contacte les autres leaders pour organiser des combats. Mais ils ne planifient jamais rien au téléphone. En Allemagne, beaucoup de hooligans sont sur écoute. Les leaders se rencontrent en personne pour décider du lieu et du nombre de personnes présentes. En général, c’est entre dix et vingt gars. Les leaders s’assurent également que personne n’apporte des armes ou des gants lestés. Je porte toujours une coquille de protection, je ne bois pas avant d’y aller et je me repose durant les trois jours qui précèdent un combat.

Les hooligans perdent-ils des neurones au cours des combats ?
Quand je suis en route pour un nouveau combat, c’est comme si… attendez, c’est quoi cette question ? Vous essayez de me provoquer ?

Êtes-vous un danger pour le public ?
Peut-être. Mais j’essaie de maintenir un certain équilibre dans ma vie. Au quotidien, je ne cherche pas à me battre. Mais si un mec me provoque dans la rue, ce qui se passe ensuite est de sa faute à lui.

Pourquoi ne choisissez-vous pas de développer une passion plus productive ?
Vous savez, les goûts et les couleurs… Il y a des types qui aiment chasser les rhinocéros en Afrique, moi j’aime mettre des coups de boules. Mais j’ai aussi des loisirs plus relaxants. J’aime la bouffe italienne, par exemple.

Est-ce que tous les hooligans sont d’extrême droite ?
Je ne suis pas d’extrême droite, mais je dirais que la moitié des hooligans le sont. Ils passent leur temps à faire des blagues sur les Juifs, les musulmans, Angela Merkel. En fait, je crois que je ne connais aucun hooligan de gauche.

Est-ce que les femmes aiment les hooligans ?
Oui, certaines.

Prenez-vous des compléments pour être plus fort ?
Non, aucun. Je préfère la cocaïne.

*Le prénom a été modifié.