Culture

Le futur de la photographie contemporaine vient de Yale

Comprenant les travaux de 10 jeunes diplômés, l’exposition de fin d’année du master de photographie de l’université de Yale est très justement intitulé « Reviver ». Récemment hébergée à Chicago, à Johalla Projects, cette présentation itinérante tend à explorer les possibilités de ce médium en deux dimensions. Et nous donne un aperçu du futur de la photographie contemporaine.

« “Reviver” est un récipient pour 10 méditations subjectives et personnelles des diplômés 2016 du MFA de Yale sur les lieux et les manières dont l’héritage de la photographie peut amener l’idée d’une forme artistique indépendante », écrit la commissaire Charlotte Cotton, une critique intervenante du master et commissaire en résidence à l’International Center of Photography. « Je suis frappée par la singularité du choix du titre — un mot qui contient et représente leur passion commune pour l’exploration de la pensée photographique. »

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John Edmonds, All Eyes On Me

En mêlant installation et photographie, plusieurs de ces artistes émergents produisent une réflexion sur l’exposition traditionnelle des photographies. L’installation de John Edmonds, par exemple, All Eyes On Me, met en scène 12 clichés d’un seul modèle dans la même pose, touchant ainsi aux thèmes de l’identité et de la sexualité. La répétition mettant en avant la visibilité du sujet noir masculin en forçant le spectateur à prendre compte des éléments qui ne pourraient perte tous contenus dans un seul et même portrait. D’un autre côté, l’Untitled Portrait of the Artist by William Sacco on the Hood of a 1970 Chevelle SS de Monique Atherton affirme pour sa part que le futur de la photographie est, en quelque sorte, « inencadrable ». Des objets peuvent ainsi jouer un rôle dans la composition de l’image donnée en évoquant des souvenirs ou en activant la lisibilité de la pratique.

Monique Atherton, Untitled Portrait of the Artist by William Sacco on the Hood of a 1970 Chevelle SS

D’autres artistes font volontairement le choix de circonscrire la réflexion photographique autour de l’identité. Untitled de Eva O’ Leary montre un groupe de jeunes hommes, blancs et asiatiques, le poing levé. Elle capture ainsi un moment reflétant les questions d’identité sous-jacentes aux formes artistiques actuelles, tandis que les images surréalistes de Robin Myers repensent totalement l’idée même de corps. En effet, les pièces de 14 sont des photographies de parties du corps jouant avec les concepts de genre et de sexualité.

Eva O’Leary, Untitled

L’exposition reflète les intérêts variés des différents photographes. Le reportage d’Adam Pape s’attache à la documentation de rues dans toute leur trivialité : dans Eagle, on voit ainsi une rue où cohabitent voitures stationnées, fils électriques et maisons moyennes, qu’on situe sans peine aux États-Unis. Plus loin, Eli Durst se joue des conventions de la photographie en noir et blanc : Bruce and Birds montre des images étranges de bureaux vides ; Ye Weon Kim applique les méthodes de photographie de paysage traditionnelles au corps humain dans Sleeping Mother ;  s’intéresse quant à elle aux qualités expérimentales du médium pour explorer la relation entre un corps et le tissu.

Robin Myer, Orange Tree

« Chacun des artistes représentés ici s’est engagé à explorer en profondeur les perspectives du médium », écrit encore Cotton. « Leur travail renégocie une position et un état des lieux de l’histoire de la photographie : à la fois à partir des précédents historiques et des convictions de photographes auto-proclamés dans le paysage visuel. »

Adam Pape, Eagle

L’exposition réussit ainsi à raviver l’idée que la photographie fait peut-être partie des meilleures façons de rapporter, documenter et partager la ou les expériences vécues. Comme le souligne Cotton dans le communiqué de presse : « Je félicite ces 10 artistes pour leur renouveau du pluralisme de la photographie : en renforçant collectivement la vigueur retrouvée du médium photographique. »

Eli Durst, Birds

« Reviver : Yale MFA Photo 2016 » est à voir à Johalla Projects, à Chicago, jusqu’au 22 juillet 2016. Pour plus d’infos, allez voir par là.