C’est toujours la même histoire. On se dit juste une petite binouze après le taf et voilà qu’arrive sa petite sœur. Ainsi va la vie. Jusqu’à ce que quelqu’un propose d’acheter du J&B (c’est la fin du mois, plus personne n’a d’argent ok ?). Et là, on se retrouve généralement à 3h du mat’, en train de régler son compte à cette bouteille et à une ex par texto.
Flash-forward quelques heures plus tard. Vous êtes dans votre lit et la lumière qui perce à travers les rideaux IKEA soldés indique clairement que c’est l’heure de se lever. Debout là-dedans. Il va falloir retrouver son téléphone et s’excuser auprès du collègue que vous avez débité hier
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Le seul truc bien qui peut arriver à ce moment précis, c’est de manger. Il faut du carburant, et vite. Mais quoi ? Des chips, du Nutella ou un bon café noir ? Difficile à dire quand on a l’estomac un peu trop près de la bouche. Heureusement, MUNCHIES est là pour faire le sale boulot. On est donc allé demander à nos chefs, barmans et critiques gastronomiques préférés, ce qu’ils conseillent en cas de gueule de bois carabinée.
Prenez-en de la graine. Ces gens-là savent de quoi ils causent. Remerciez plus tard, quand la digestion aura commencé mais que vous ne serez pas encore en train de pioncer.
Freddie Janssen, auteur de Pickled et pro des légumes en conserve.
« Si je suis dans le mal et que c’est un jour de repos, c’est petit-déj raviolis avec sauces soja et Sriracha. J’ai toujours différents types de raviolis dans mon congélo : kimchi, porc et ciboulette. C’est parfait à manger quand on picole et parfait à manger quand on décuve.
Si je dois retourner bosser et que je suis toujours barbouillé le soir en rentrant, c’est forcément une pizza mozza Dr. Oetker’s Ristorante. J’ajoute un peu d’anchois en boîte, quelques feuilles de roquette et un peu d’huile pimentée maison, histoire de la pimper un peu. Avec ça je me prends aussi un demi-litre de lait bien froid et je me mate un bon nanard. Ça marche plutôt bien. L’idéal pour être dans de bonnes conditions, c’est de manger la pizza au lit. Je fais toujours ça. Je prends une planche à découper en guise de plateau-repas pour ma pizza et mon ordi.
Au final, je trouve ça plutôt agréable d’avoir la gueule de bois. Je fais mon petit rituel à chaque fois, ça me plait bien. Du coup je mange beaucoup de pizza. »
George Pell, gérant de L’Escargot à Soho, Londres.
« Dans le Sud-Ouest de la France, on avale souvent un cassoulet pour tenter d’éponger les excès de la veille. Mais ici à Soho, on est plutôt croque-monsieur (une tranche de fromage fondu et une tranche de jambon dans deux tranches de pain bien beurrées pour les gens qui débarquent). Le tout est de le manger avec une coupe de Champagne bien frais. Efficace. »
Laurence Isaacson, co-propriétaire de L’Escargot à Soho, Londres.
« Une demi-douzaine d’escargots en sauce à l’ail et un verre de Ricard avec des glaçons, le tout suivi d’un double espresso. Et une petite balade sauvage. »
Zuza Zak, auteur du livre de cuisine polonaise Polska : New Polish Cooking.
« Mon père m’a toujours dit que le jus de chou fermenté, le remède anti-gueule de bois des Polonais, était top. Je pense qu’il n’a pas tort vu tout le foin qu’on fait en ce moment autour des bienfaits des aliments et des boissons fermentées. Mais je préfère le jus de betterave fermentée. Pour en préparer, il faut éplucher et couper en tranches une betterave. Ensuite, il faut la faire tremper dans de l’eau chaude avec une cuillère à soupe de sel. Après ça, j’ajoute aussi un peu de poivre de la Jamaïque, une tranche de pain de seigle et une feuille de laurier. Recouvrez le tout et laissez macérer quatre à cinq jours. Il faut ensuite de transférer la betterave dans un bocal avec le jus fermenté et de conserver tout ça au frigo. Il suffit de boire le jus quand vous avez la gueule de bois. »
King Cook, chef et propriétaire du restaurant vegan Cook Daily.
« Mon meilleur remède anti-gueule de bois, c’est un bol de nouilles vegan rempli de citronnelle, de feuilles de combava, plein de piments et d’herbes fraîches. Si j’arrive toujours à supporter le piquant à la moitié du bol, c’est que ça ne marche pas ! »
Lee Tiernan, chef et propriétaire du Black Axe Mangal.
« Qu’est-ce qui peut battre un vrai petit déj’ anglais ? Un plat chinois peut-être, mais c’est moins facile à trouver. Je dirais donc un petit déj’ anglais et un mug de thé en matant Gladiator de Ridley Scott. Sur mon canapé, en pyjama. »
Josh Katz, chef et propriétaire du Berber & Q et du Shawarma Bar.
« Mon remède anti-gueule de bois, c’est un sandwich au corned-beef avec du pain de seigle. J’aime bien celui du Monty’s Deli, ils ont le meilleur corned-beef de tout Londres. C’est le truc parfait à manger quand on n’est pas dans son assiette. »
Jackson Berg, cuisinier en chef et co-propriétaire du Xiringuito.
« De la San Pellegrino aromatisée au raisin. C’est comme un élixir de Jouvence quand on boit ça. Et une virée à Yo Sushi!. Je peux rester assis-là pendant des heures à regarder le tapis roulant tout en plongeant trop fort mes sushis dans la sauce soja et le wasabi. »
Conor Sheehan, responsable en salle et co-propriétaire du Xiringuito.
« De l’eau pétillante, ça aide toujours. Et quand je me sens prêt à manger quelque chose, je me prends généralement un pad thaï, des nems et une bière. »
Riaz Phillips, auteur de Belly Full: Caribbean Food in the UK.
« Habitant vers New Cross dans le South East London, je dirais du riz avec des petits pois et le poulet grillé de chez Smokey Jerkey. Ça fonctionne plutôt pas mal sur les gens du quartier. Je suppose que le riz et les pois épongent tout l’alcool qu’on a bu et les protéines du poulet nous filent de l’énergie. En plus de ça, la sauce Scorpion est super épicée, ça réveillerait n’importe qui. »
Ryan Chetiyawardana, barman et propriétaire du White Lyan et du Dandelyan.
« Dans ma famille, on a le super-pouvoir de ne jamais avoir la gueule de bois, donc je ne suis jamais mal le lendemain (heureusement !). Mais c’est vrai qu’après avoir bien bu, j’aime bien manger certains trucs. J’ai tout le temps envie d’un mug de thé. Et même si en temps normal je milite pour le vrai thé en vrac, dans ces conditions-là je prends ce qu’il y a de plus simple, un sachet. Je l’aime bien chaud et rempli de lait entier. Avec ça, je prends du bacon et un scone de pomme de terre avec du ketchup et de la mayo. Ce combo résout tous mes problèmes. »
Nuno Mendes, chef portugais qui bosse au Chiltern Firehouse à Mayfair, ancien de Viajante dans l’East London.
« Mon remède anti-gueule de bois et anti-déprime, c’est le congee portugais – on l’appelle habituellement canja de galinha. J’étais tellement content quand j’ai vu qu’un Ta Ta Eatery ouvrait au coin de ma rue, dans l’East London. La version de Meng et Ana est faite avec une sauce verte d’inspiration asiatique. Ils servent ça avec la peau du poulet et des gressins. »
Daniel Heffy, cuisinier en chef du Buyer’s Club à Liverpool.
« Des chicken wings épicées – du KFC, de préférence ! »
Joudie Kalla, auteur de Palestine on a Plate.
« Ce que je fais quand j’ai la gueule de bois, ce n’est pas de la cuisine. Ça ne m’arrive pas souvent parce que je ne bois pas comme un trou mais quand ça m’arrive, c’est en général un samedi, et du coup je douille lors du meilleur jour de la semaine pour ça : le dimanche. Le dimanche, l’idéal est plutôt un rôti avec supplément Yorkshire pudding. Pour me réveiller, je prends un grand Bloody Mary avec ça. Méthode testée et approuvée plusieurs fois. »
Edson Diaz-Fuentes, chef mexicain, ancien de Santo Remedio dans l’East London.
« Pour une cuite, il n’y a rien de mieux que des chilaquiles verdes avec un œuf au plat par-dessus. Je descends le tout avec une Ojo Rojo (une bière mélangée avec du jus de tomate et de la sauce épicée). C’est bon, nourrissant, épicé et savoureux. »
Stevie Parle, chef et restaurateur derrière Dock Kitchen, Rotorino, Craft London, Sardine, et Palatino.
« La première chose que je prends, c’est un café. J’aime bien me taper ensuite un rôti préparé dans le jardin à l’arrière du Craft London. J’en profite pour y chopper une pâtisserie qui aidera à éponger l’alcool. Et si je me sens encore barbouillé dans la journée, j’enchaîne avec une bonne plâtrée de bucatini à la carbonara – le poivre aide sacrément bien à rester éveillé ! »
Ferhat Dirik, chef et twittos de Mangal 2.
« Bougez-vous les fesses. Habillez-vous. Sortez de votre piaule et venez directement au Mangal 2. Commandez-y une entrée de mezze froids avec un pain tout chaud, un peu de halloumi et bien sûr, notre fameuse poêlée de légumes. On la sert avec du riz et une sauce pimentée à l’ail. Avalez cette viande et hydratez-vous avec du Coca-Cola. Exclusivement. Ensuite vous prendrez des baklavas et un café turc, histoire de finir en beauté. Demandez l’addition et réglez en liquide. N’oubliez pas d’ajouter un bon pourboire d’Américain pour aider les pauvres étudiants qui bossent en tant que serveurs chez nous. Et vous pouvez aussi nous mettre cinq étoiles sur TripAdvisor. Ça me ferait bien plaisir. Mais en fait, c’était quoi la question ? »
Marina O’Loughlin, critique gastronomique du Guardian.
« Dès que je me mets mal, je mange un sandwich bacon-marmelade. Prenez un pain blanc bien épais et moelleux (pas un truc artisanal ou avec des graines), étalez-y du beurre copieusement et superposez tout aussi généreusement une couche de marmelade amère, maison si possible. Il faut ensuite cinq tranches très fines de bacon fumé (cinq, ni plus, ni moins : la cuite me rend toquée), qu’on fera revenir jusqu’à ce qu’elles soient bien croustillantes, presque carbonisées par endroits. La touche finale du sandwich, c’est d’y ajouter une lichette de sauce piquante. Avec ça, un cocktail de comprimés solubles Berocca-Nurofen-Aspirine, et ça repart. »
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Bruno Loubet, chef et gérain de Grain Store.
« Je ne bois pas beaucoup mais quand je sors, j’aime bien avoir un bouillon de légumes le lendemain – c’est simple, c’est bon et c’est plein de nutriments. Ça me remet sur pieds. Sinon, un demi-litre d’eau avec deux Beroccas, c’est bien aussi. C’est rapide et efficace. »
Missy Flynn, barman. Ancienne co-propriétaire du Rita’s, co-propriétaire du Quilombero à Londres.
« Franchement, mon seul remède est de boire de l’eau pétillante (de la Badoit ou de la Vichy Catalan, rien d’autre) avec un peu de sel dedans. Mais si ce n’est pas assez fun, je dirais une gorgée de lait frais. Mais il faut ouvrir le frigo, boire à même la brique et la ranger directement. On peut ensuite continuer sa journée comme si de rien n’était.
Sinon, prenez une boîte de thon qui ne bousille pas les océans, videz l’eau, émiettez le thon avec une fourchette et faites un cratère au centre. Vous pouvez ensuite balancer un peu de mayo à l’intérieur, mais en tube parce qu’on a la flemme des bocaux quand on est cuité. Ajoutez un peu de sel et de poivre, mélangez et c’est prêt. »
Gabe Pryce, chef. Ancien co-propriétaire de Rita’s, co-propriétaire et chef de Quilombero à Londres.
« Des viandes froides, des jalapeños frais, des œufs au plat, de la sauce épicée Cholula, des galettes de maïs soufflé (la version adulte des biscottes), de la mayo, une bière, la télé la plus proche et votre lit. Mettez tout ça au lit, et n’en bougez plus. »
Harneet Baweja, fondateur du restau italien Gunpowder qui propose une cuisine contemporaine à Londres.
« Quand j’ai une cuite, je prends un reste de riz que je mélange avec un oignon, une tomate, du gingembre et de l’ail. Je le fais revenir à la poêle et j’ajoute un œuf et tout ce qui peut rester dans mon frigo. C’est une version accélérée du riz masala et en plus, le riz éponge bien l’alcool. »
Elizabeth Allen, chef à l’origine de la chaîne Kaizen House.
« Perso, je me fais toujours un bol de nouilles bien chaudes, genre un pho ou un ramen. Avec plein de piments et de viande. »
Meera Sodha, auteur de Fresh India and Made in India.
« Mon premier truc, c’est de boire un mélange moitié eau pétillante, moitié jus de pommes. Ça calme la terrible soif que je peux ressentir. Ensuite, il me suffit d’un ou deux aloo parathas pour me faire revivre. J’en garde au congélo spécialement en cas de cuite. Je mange ça avec des légumes fermentés bien salés et épicés et un peu de yaourt sur le côté. »
Toutes les photos sont de Liz Seabrook. Stylisme par Sophie Pryn.