Life

Avec le mec qui allait tous les jours à Disneyland avant l’épidémie

Jeff Reitz s'est rendu au parc à thème pendant près de 3 000 jours consécutifs.
Jeff Reitz à Disneyland en 2016
Jeff Reitz à Disneyland en 2016. Photo publiée avec son aimable autorisation.

Il est difficile de savoir combien de choses le Covid-19 a ruinées. Les vacances. Les mariages. Le sport. Des vies. Des carrières. Littéralement tout ce qui implique de sortir de chez soi. La pandémie a tout chamboulé.

Le virus a notamment mis un terme aux visites quotidiennes de Jeff Reitz à Disneyland. Avant que le parc ne soit contraint de fermer ses portes le mois dernier, ce Californien de 47 ans s’y rendait tous les jours et était à deux doigts de passer la barre des 3 000 visites. Reitz et un ami à lui avaient initialement prévu d'y aller tous les jours de l'année 2012, car ils étaient tous les deux au chômage à l'époque et avaient besoin d’un projet qui les pousse à sortir. Mais après la première année, ils ont décidé de continuer. Son ami a finalement mis fin à leur série en 2014, mais Reitz a tenu bon jusqu'au vendredi 13 mars, soit le dernier jour avant la fermeture du parc.

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J'ai discuté avec Jeff de son parcours et de ce qu'il compte faire maintenant.

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VICE : Salut, Jeff. Pourquoi allais-tu au parc si souvent ?
Jeff Reitz : Au début, c'était surtout pour rester positifs, parce qu'au moment où nous avons commencé, nous étions tous les deux au chômage. Nous avions reçu des pass annuels en cadeau, donc c’était une forme de divertissement gratuit. Personnellement, je m'amusais bien et ça me faisait sortir. C'est devenu ma salle de sport, ma thérapie, au-delà de l’euphorie Disney.

Comment ça, ta thérapie ?
Quand tu as eu une journée difficile au travail, tu as envie d’aller quelque part pour te détendre avant de rentrer te coucher. Pour te débarrasser du stress et repartir à zéro le lendemain.

L’effet était le même après 2 900 jours ? Y avait-il des fois où tu n’avais pas envie ?
Non. J'ai toujours aimé aller au parc. Je m’y suis toujours senti bien, à l'aise.

Et au niveau logistique ? As-tu pu partir en vacances ?
Pas vraiment. Pendant ma semaine de travail, je finissais vers 15 h 30 et j'allais aussitôt à Disneyland. J’arrivais sur le parking vers 16 heures et je passais les grilles vers 17 heures. En moyenne, j’y restais entre trois et cinq heures. J'ai fait des excursions d'une nuit à plusieurs reprises au cours de ces années, mais je ne suis pas parti en voyage. La toute première année, j’ai raté le mariage d’un de mes meilleurs amis en Virginie.

Tu as bien dû tomber malade pendant cette période ?
L'année dernière, j'ai été malade pendant quelques jours, mais j'ai porté un masque et j'ai raccourci mes visites, en évitant les déplacements inutiles.

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Qu'ont pensé tes proches de ton projet Disney ?
La plupart ont trouvé ça assez amusant, d’autres ont trouvé que ça durait un peu trop longtemps.

As-tu enregistré un record en termes de nombre de visites ?
Je n'ai pas réussi à trouver quelqu'un qui ait visité Disneyland plus de fois que moi. Et maintenant que j’ai du temps, je vais m'atteler à entreprendre les démarches pour être classé dans le Livre Guinness.

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En quoi ta vie a-t-elle changé depuis que tu as commencé ?
Eh bien, je travaille depuis plus de sept ans à l'hôpital des vétérans. J’ai arrêté de me nourrir uniquement de clubs sandwichs. J'ai également appris à connaître un certain nombre de personnes du monde entier, c'est donc quelque chose de nouveau. Ma santé se porte bien. Je pense que le fait de parcourir autant de kilomètres dans le parc m’a aidé à retrouver la forme. Je suis seulement triste de ne pas avoir pu choisir moi-même la date de fin. J'étais à cinq jours d’atteindre les 3 000 jours. Mais en ce moment, ça va plutôt bien parce que c'est fermé à tout le monde. Ce n'est pas comme si j'avais l'impression de rater quelque chose.

Comment s'est passée la dernière journée dans le parc ?
Il y avait beaucoup de monde, c'était marrant. J'ai rencontré diverses personnes tout au long de la journée. Des personnages et des membres du casting se sont présentés au public pendant la dernière heure. J’ai été le dernier à sortir. Ils ont fermé le portail derrière moi.

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Était-ce émouvant ?
C'était un peu émouvant. Moi, ça allait, mais j’ai vu d'autres personnes qui pleuraient. J'ai tendance à être assez solide, même si je peux être émotif par moments. Comme quand j'ai appris la fermeture, ça a été un choc complet pour moi. Beaucoup de gens m'ont envoyé des sortes de condoléances. J'avais presque l'impression qu'un membre de ma famille était décédé.

Et tu ne comptes pas reprendre cette série, après ça ?
Non, beaucoup de gens m'ont dit : « Ce n'est pas ta faute, tu pourras continuer, ce n’est pas grave. » Mais pour moi, cela a toujours été une question de jours consécutifs.

Y a-t-il quelque chose que tu as hâte de faire maintenant que tu n’es plus attaché à Disneyland ?
Oui, j'aimerais faire un peu plus de tourisme, peut-être aller jusqu'à Yosemite. Cela fait un moment que je n'y suis pas allé. Et puis on verra bien.

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