Parade 9 mai
Le 9 mai 2019, à Moscou. Toutes les photos sont de Laure Boyer.
Société

La parade du 9 mai ou le grand lavage de cerveau des jeunes russes

En 2019, la photographe Laure Boyer immortalisait la dernière cérémonie avant la pandémie et dénonçait déjà son instrumentalisation par le Kremlin.

Le 9 mai 2022, comme chaque année depuis la chute de l’URSS, une grande revue militaire est attendue sur la place Rouge à Moscou pour commémorer ce « Jour de la Victoire » contre l’Allemagne nazie. La parade essaime dans tout le pays, jusqu’aux communautés russes à l’étranger, et les civils sont invités à défiler par milliers dans les rues, brandissant le portrait de ceux qui ont donné leur sang et/ou leur vie durant la Grande Guerre patriotique.

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Ces processions, qui se déroulent avec la bénédiction du Kremlin, sont symboliquement réunies sous le nom de « Régiment immortel », un synonyme de fierté et d’unité nationale. Alors que l’invasion du voisin ukrainien est entrée dans son troisième mois et que les images des répétitions engorgent les chaînes de télé, le monde s’interroge : quelle signification revêt ce 9 mai 2022 et quid du discours que doit prononcer Vladimir Poutine à cette occasion ?

Les observateurs ont longtemps prêté au président russe l’intention d’annoncer lors de cette démonstration de force la fin des « opérations spéciales » en Ukraine – tautologie des célébrations de 2014 durant lesquelles Poutine avait fêté l’annexion de la Crimée. Aujourd’hui, tous craignent plutôt une escalade des menaces nucléaires à l’encontre de l’Occident. Tandis que, là-bas, les rodomontades médiatiques laissent entendre la submersion du Royaume-Uni sous un tsunami radioactif, ici, BFM énumère avec une précision morbide les différents systèmes balistiques prévus lors de la parade.

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La photographe Laure Boyer s’était rendue en 2019 à Moscou pour immortaliser le dernier défilé du 9 mai avant la pandémie. En s’intéressant surtout à la place des plus jeunes au sein du « Régiment immortel », elle dénonçait déjà l’emprise du pouvoir sur la cérémonie : « la tradition familiale s’est transformée en une gigantesque fête nationaliste et les enfants de tous âges y sont étonnamment nombreux. Affublés très souvent d’uniformes et de casquettes militaires, ils marchent et imitent leurs parents, au rythme des chants ».

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Une analyse que partage Galia Ackerman dans son ouvrage, Le Régiment immortel (2019 aux éditions Premier Parallèle). L’historienne considère que cette « fabrique de héros » est un outil supplémentaire pour le régime de Poutine : « La conscience nationale ainsi sacralisée, il n'est pas difficile de convaincre le peuple que tous les agissements du Kremlin sont légitimes. »

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