Dans la banlieue de Rio

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Dans la banlieue de Rio

Rudy Bustamante est revenu dans la ville où il est né pour photographier la vie des Brésiliens qu'on ne voit jamais.

Quand Rudy Bustamante a commencé à prendre des photos dans les rues de Rio, des inconnus essayaient de l'en empêcher. « Les gens venaient sans cesse me dire de braquer mon appareil ailleurs et que si je me faisais racketter, ce serait de ma faute, précise-t-il. Lorsque je répondais que je ne n'en avais rien à faire, on me répétait les mêmes histoires au sujet de types poignardés, kidnappés et tués. Ça m'a pris du temps mais j'ai appris à les ignorer. »

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Au final, cette série de photos – prise sur une période de deux mois l'année dernière, avant que les Jeux olympiques d'été n'envahissent la ville qui a vu naître Rudy – met en lumière l'organisation liée à cet évènement. Sans doute influencé par son enfance passée dans un quartier paisible de Rio et à Niterói, Rudy Bustamante documente un aspect de la vie des Cariocas qui ne colle pas vraiment à l'image de la favela type la Cité de Dieu,si souvent associée à la ville.

Quand il avait huit ans, le photographe et sa famille ont quitté Rio pour Londres – où il vit toujours depuis son départ. « Les personnes âgées que je croise en Europe me parlent tout le temps de Carmen Miranda et des petites frappes de Rio, me confirme Rudy. De leur côté, les jeunes évoquent la corruption, le sport et la fête, dans cet ordre. J'ai aussi croisé des gens qui étaient très surpris par le fait que j'étais blanc, nul en foot et que j'avais assez de fric pour voyager jusqu'en Angleterre. »

Rudy se sert de son tiraillement entre l'Europe et l'Amérique lorsqu'il sort son appareil photo. « Je me suis toujours senti un peu aliéné quand je suis ici », m'avoue-t-il en parlant du Brésil.

Il essaye de se défaire des clichés qui polluent l'image que l'on se fait de Rio de Janeiro – où les écarts de richesses sont très importants. Il a d'ailleurs été le premier à constater à quel point les autorités jouaient sur ces poncifs pour valoriser la ville lors des Jeux olympiques.

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Rudy précise qu'il fait de son mieux pour laisser ses photos s'exprimer d'elles-mêmes, en capturant la routine de la vie en banlieue – beaucoup plus lambda que ce que les touristes peuvent penser. « Je ne prétends pas avoir un point de vue objectif sur le pays, affirme-t-il. En fait, j'assume ma subjectivité. Il ne s'agit pas de savoir comment les Brésiliens perçoivent leur pays, mais plutôt ce que pense un simple Brésilien, ayant la particularité d'être un outsider. »