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L’héritage de Pablo Escobar

VICE a rencontré Elmo Molina, ancien tueur à gages du cartel de Medellín.

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Quand la police colombienne a finalement abattu Pablo Escobar d'une balle dans la tête en décembre 1993, l'homme était à la tête de ce que l'on pourrait considérer comme le cartel de la drogue le plus puissant de tous les temps – et il pesait 25 milliards de dollars. En plus d'avoir réussi à transformer sa ville de Medellín en capitale mondiale de la cocaïne, Escobar a, par ses méthodes, inspiré la majorité des organisations criminelles qui ont suivi.

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De la terreur des tueurs à gages entraînés par les cartels, en passant par les réserves de drogues dans les jungles les plus reculées du Pérou, ce documentaire en trois épisodes revient sur la nouvelle guerre des cartels et sur l'héritage qu'a laissé Pablo Escobar.

Dans cette deuxième partie, Monica Villamizar a rencontré Elmo Molina, un ancien tueur à gages employé par Escobar. L'homme essaye aujourd'hui d'éloigner les jeunes des gangs et de la violence et a fait découvrir à VICE les dessous du monde criminel de Lima, la capitale du Pérou.

En 2013, les Nations unies ont désigné le Pérou comme premier producteur mondial de cocaïne et dénoncé par la même occasion les crimes qui en ont découlé. Cette violence a pour origine le système mis en place par Pablo Escobar et remonte aux années 80, en Colombie, quand le pays a pu assister à l'émergence des « sicarios » – des tueurs à gages entraînés par le cartel de Medellín.

Les jeunes des bidonvilles étaient faciles à appâter, ne coûtaient rien et pouvaient se montrer utiles pour assassiner les cibles des narcotrafiquants. Aujourd'hui, le nombre de meurtres commandités a doublé, s'immisçant dans la capitale péruvienne et dans les conflits de la vie quotidienne.

Néanmoins, depuis, des criminels repentis comme Elmo Molina collaborent avec les gouvernements locaux afin de détourner les jeunes de la violence engendrée par les cartels.

L'homme travaillait dans un entrepôt de cocaïne quand il a entendu parler de Pablo Escobar pour la première fois. C'est là qu'il a eu vent des opportunités qu'il pourrait trouver à Medellín, en Colombie voisine. Il a fini par s'y rendre et est ainsi devenir tueur à gages. Il a rencontré Escobar en 1991, lors d'une réunion des chefs de son cartel.

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« Escobar était parano et pensait que nous avions des ennemis partout et que tout le monde voulait le tuer […], alors il a engagé une armée de tueurs à gages, explique Molina. Tuer était un boulot facile et bien payé, alors les jeunes ont commencé à acheter des flingues. »

Aujourd'hui, le profil du sicarios a bien changé et n'a plus rien à voir avec celui de l'époque d'Escobar. Elmo avoue : « Le vrai tueur tue et disparaît. Il a été entraîné à faire ça. Aujourd'hui, ce sont des amateurs ; ils sont jeunes et malléables, publient leurs photos sur Facebook et se font choper une semaine plus tard. »

Les sicarios proposent désormais leurs services pour des sommes dérisoires. Un jeune tueur qu'a rencontré notre journaliste Monica Villamizar explique : « J'ai commencé à traîner avec les mauvaises personnes et je suis devenu sicario. Je me suis procuré un flingue et j'ai commencé à le pointer sur des gens. Puis, des types sont venus me voir et m'ont filé 500 dollars pour que je tue quelqu'un. Mais ça, c'était avant. Maintenant, les prix ont baissé et certains ne demandent pas plus que 90 ou 60 dollars. »

Elmo a finalement réussi à échapper à cette violence avec sa femme, une prostituée dont il était tombé amoureux, et sa fille de six mois. Mais le gang de Medellín, qui n'a pas accepté son départ, a fini par le retrouver et par tuer sa famille. Un jour, un ancien « collègue » qu'il avait sauvé plusieurs fois est venu le voir et lui a dit : « Désolé mon frère, mais tu sais comment le business fonctionne », avant de lui tirer quatre fois dessus.

Elmo a ensuite conclu un accord avec les autorités colombiennes pour être rapatrié au Pérou. Avec la mort d'Escobar en 1993, Elmo s'est senti libéré et à l'abri d'une éventuelle revanche du cartel.

Depuis, Elmo a pris sous son aile des jeunes pour leur éviter de sombrer dans la violence qu'il a si bien connue. Marco est l'un de ces ados. Ancien sicario originaire du Salvador et membre de gang, il compose désormais des textes de rap dans lesquels il parle de son ancienne vie et de la culpabilité qui l'assaille.