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Vice Blog

CHER VICE - J'AI VU TELLIER


Cher Vice,
J’ai écouté le disque de Sébastien Tellier, et je suis tombée amoureuse de lui, un peu comme tout le monde. Mais j’étais désespérée, je ne savais pas trop comment lui déclarer mon amour, et puis si, je me suis souvenue que j’étais journaliste.
J’ai donc envoyé un mail à son attachée de presse, et j’ai réussi à décrocher un rendez-vous pour la semaine suivante. Ensuite, il a bien fallu que je trouve un magazine qui n’avait pas encore parlé de Sébastien Tellier. Ah ouais, facile : Union. Ça tombe bien, j’y travaille. Ça n’a pas été si facile que ça, en fait, de convaincre le rédacteur en chef adjoint de me donner une place dans le magazine pour mon interview. Il me disait : « Mais qu’est-ce qu’on en a à foutre de Jésus-Christ ? ». Il faut savoir que mon rédac chef adjoint a aussi des aspirations artistiques, musicales, plus précisément, et je crois qu’il est très jaloux du talent de Tellier. J’ai répondu : « Mais, voyons « Sexuality », magazine de boules, ça te dit rien ? En plus il va faire l’Eurovision, c’est parfait pour le lectorat d’Union, ça, hein ? » Donc j’ai eu le droit à une demie page « Actu ». C'était dans la poche.

Pleine de mon amour, et de cette nouvelle confiance, genre je viens pas seulement pour te voir Séb, je viens faire un vrai article, qui va être lu par plein de gens, je suis partie au rendez-vous. Les locaux étaient un peu craspouille, mal éclairés, mais l’auréole de Sébastien brillait de mille feux, tellement qu’il a dû mettre ses lunettes de soleil. Je lui ai posé des questions sexuelles, en espérant qu’il me montre comment il fait, j’ai posé des questions encore plus sexuelles, genre « c’est vrai que tu mets beaucoup de doigts ? », je souriais bêtement à chacune de ses réponses, et ensuite… Le photographe est arrivé. Bon, grâce à lui, j’aurais des souvenirs à exhiber discrètement au-dessus de ma cheminée, genre : « Moi et Sébastien sur un canapé rouge », « Moi et Sébastien on lit Union », « Moi et Sébastien on se fait un regard complice ». Hélas, il y avait un journaliste radio qui attendait depuis plus d’une heure et qui s'impatientait un peu, donc Sébastien a dû se défaire de moi.

Mon cœur s’est brisé. Dans un effort désespéré pour rester encore un peu avec l’homme de ma vie, j’ai saisi le Vice, numéro chewing-gum qui traînait sur la table basse de son label et j’ai dit : « Ouais, t’as vu, on t’a chroniqué là-dedans, mon rédac chef est trop amoureux de toi, on t’adore chez Vice. » Et là, c’était gagné. Un sourire enfantin s’est affiché sur son visage, et il m’a dit : « C’est la meilleure chronique qu'on ait eu. On a eu dix ! » Ensuite il a bredouillé un truc sur le débarquement allié en France, m’a fait un bisou sur les deux joues (Oui, j’ai prélevé son ADN sur des lamelles, pour quand je voudrais avoir un enfant) et a insisté pour faire un dessin de remerciement pour Vice. Et voilà. Depuis, on est trop potes, il me met des doigts tout le temps, ce serait génial si seulement c’était vrai.