Le Phénix renaîtra toujours de ses cendres

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Le Phénix renaîtra toujours de ses cendres

De Mayotte à La Réunion, David Lemor a photographié un drame d’Outre-Mer.

Sali est une jeune femme de 30 ans originaire de l'île de Mayotte qui vit depuis cinq ans sur l'île de la Réunion. Un soir de mars 2009, après une violente dispute avec le père de ses 3 enfants, Sali s'est retrouvée à gésir devant sa maison, brûlée au 3e degré.

Comme c'est souvent le cas dans ce genre de situation médicale grave à Mayotte, Sali a été transférée d'urgence aux services des grands brûlés du CHR de St Denis de l’île de La Réunion, à 1500 km de chez elle, plus compétent pour traiter de genre de cas. Elle a laissé derrière elle ses 3 enfants, qui l’ont cru morte pendant plusieurs mois. Elle ne les a revus qu'un an plus tard.

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Plongée dans un coma artificiel de 3 mois, greffée sur presque 40 % de son corps, à son réveil Sali a dû réapprendre à marcher, à parler, à s'accepter…

En 2010, elle est sortie de l'hôpital et a dû s'installer à La Réunion pour quelques années, sur les conseils de ses médecins, soucieux de sa fragilité physique et mentale.

Malgré la départementalisation de Mayotte en 2011, l'île de La Réunion reste un eldorado pour les Mahorais, en grande partie pour ses avantages sociaux, plus conséquents qu'à Mayotte. Leurs conditions de vie y sont pourtant souvent très précaires : ils arrivent avec un niveau scolaire très faible et peu de diplômes, confrontés à des taux de chômage records, et doivent affronter une machine administrative complexe dont ils ignorent le fonctionnement. En outre, beaucoup de Mahorais sont inévitablement « dépouillés » par des propriétaires peu scrupuleux qui les logent dans des immeubles insalubres. Sali n’a pas échappé à la règle.

Sali a su surmonter ses peurs en retournant voir sa famille quelques jours, en 2012, dans son village à Mayotte. Quatre ans plus tard, Sali vit toujours à La Réunion où ses enfants sont scolarisés et réside dans un logement plus décent. Elle renaît doucement de ses cendres et tente de se refaire une vie sociale, une vie amoureuse et cherche un travail – même si sa condition de femme mahoraise semble être un frein plus important que son handicap dans une île où sa communauté est très stigmatisée. Mais qu'importe, elle n'a pas choisi d'être là, alors un jour elle repartira à Mayotte, dans son île.

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