




Les lecteurs de cette rubrique le savent, j’ai tendance à prêter attention aux productions qui brillent par leur discrétion.Human Culturede Terror Bird est un album de pop exemplaire – pas de la pop tapageuse dont parlent les autres magazines, pas de la pop qui a l’air d’un devoir d’étudiant en lettres modernes, pas de la pop HEC qui habille les jingles de Canal +, mais une pop incarnée et profonde, sombre et sensuelle. Si la voix de la chanteuse rappelle fortement celle de Zola Jesus, on est ici loin de l’emphase baroque et des fanfreluches goth. Terror Bird semble considérer que l’anxiété ne transparaît dans la pop que si elle est formulée avec retenue, circonspection et économie d’effets. Cet album est un trésor de simplicité et de sensibilité qui vient rompre avec la monotonie du tout pyramidal et de l’occultisme new age.Le big band Action Beat réussit le tour de force de sonner exactement comme Sonic Youth périodeSister/EVOL, mais avec des instrumentaux improvisés de type surpuissants. Ils jouent avec trois batteries et un truc comme trente guitares. Les cordes vrillent dans tous les sens dans un déluge de feedback et de convulsions no wave à la Glenn Branca sans jamais se départir de cette attitude «teen punk in your mature face » qui ne s’embarrasse pas de concepts alambiqués. Si on y ajoute des interjections du style « je suis plus cool que toi, connard » et « on te chie au bec, James Murphy », des filles en effervescence, des geysers d’alcool, des convulsions d’énergie et du slam torse-poil, on obtient un groupe qu’on aimerait entendre et surtout voir jouer plus souvent. Vous branlez quoi les programmateurs de festivals ? C’est quoi votre problème ? Vous comptez nous infliger de la pop libérale jusqu’à la fin de nos jours ?
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