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Sports

Football et photo argentique : des images du plus beau sport du monde à travers la planète

Le projet photographique Goal Click tente de capturer des images du football à travers le monde, grâce à des supporters locaux, et des appareils photo jetables.
All images from Goal Click

Quand Matt Barrett et Ed Jones ont mis au point le concept de Goal Click, ils voulaient au départ documenter les mois précédant la Coupe du monde 2014. Ces anciens collègues, qui partageaient alors une passion pour le football et la photographie argentique, se sont mis d'accord sur l'idée d'envoyer des caméras et des pellicules à des supporters à travers la planète, afin qu'ils partagent leurs expériences respectives avant la phase finale au Brésil. Et puis, ils se sont rendus compte que leur projet était plus ambitieux que n'importe quelle compétition internationale.

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Aujourd'hui, trois ans après avoir émis pour la première fois l'idée, Goal Click est devenu une exposition où l'on retrouve des photos du Mexique, de Serbie, d'Irak, du Rwanda et d'ailleurs. Ce qui a démarré comme un aperçu du vécu de la Coupe du monde dans différents pays est devenu un projet photographique gigantesque, qui raconte les histoires personnelles des cultures footballistiques locales dans un contexte global, international. Que ce soit l'image d'un footballeur amputé en Sierra Leone ou la photo d'un nuage de fumigènes au-dessus de milliers d'ultras serbes, chaque photographie est un petit morceau dans la grande représentation globale du football. Le projet prend place sur différents continents, mais semble tout de même intime, il est à la fois concentré sur le collectif, tout en étant profondément individuel. Ce sont ces paradoxes qui rendent le projet intéressant, et qui rendent aussi le football si passionnant.

Un footballeur amputé a du mal à se relever sur un terrain boueux.

Le but du projet Goal Click est le suivant : mettre un appareil photo argentique entre les mains d'une personne dans chaque pays du monde, et les laisser prendre des photos qui symbolisent leur pays ou leur histoire personnelle à travers le prisme du football. Les appareils sont ensuite rendus aux envoyeurs, et les meilleures photos sont sélectionnées pour être exposées. Certains participants ont une expérience en photographie, d'autres sont d'enthousiastes photographes amateurs, et tous sont bénévoles. Il y a un processus de sélection assez consciencieux, mais, une fois que Matt et Ed sont certains de l'envie d'un participant potentiel pour le projet, l'objectif est d'être aussi incluant et varié que possible.

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Goal Click compte ainsi actuellement des photographes dans 60 pays : des gens d'horizons différents que ce soit en termes de culture, de religion, de situation socio-économique, tous unis autour du même sport. Ils ont déjà reçu des photos depuis le Mexique, la Russie, le Pérou et l'Irak, et leur portfolio devrait continuer de s'étoffer dans les mois qui viennent. Certaines photos montrent des territoires touchés par la guerre, d'autres des zones profondément pacifiques. Dans tous les cas, le football est un facteur d'unification.

Goal Click s'est associé à Adidas pour lancer sa première exposition dans le quartier londonien de Shoreditch en juin et juillet. J'ai donc parlé avec Matt Barrett des motivations qui l'ont poussé à mettre en place ce projet et des difficultés logistiques d'une telle entreprise. A propos des appareils photo jetables - qui peuvent prendre 27 photos chacun - Matt m'explique : « On aime le fait que les appareils photo jetables puissent amener un vrai sens d'égalité. Les participants ont tous le même équipement, qu'ils viennent des Etats-Unis ou du Sierra Leone. Dans le monde actuel, avec les divisions et les barrières entre les peuples qu'on connaît, on pense que c'est un projet plutôt optimiste.

Ces photos montrent que tout le monde a quelque chose en commun. Le football montre à la fois des similarités et des différences, mais généralement, il y a une sorte d'humanité qui peut se voir à travers ces images, et à travers le projet tout entier. »

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Si les appareils photo jetables permettent l'égalité entre les participants, ils encouragent aussi un autre luxe dans notre monde actuel : la patience. « On veut que tous les participants à ce projet prennent leur temps en le faisant, raconte Matt. On demande généralement aux gens de le faire pendant quelques mois. C'est presque une réaction contre la culture de la photo numérique, où les gens prennent beaucoup de photos et en jettent. Ici, vous avez 27 poses possibles, et vous savez ce que vous avez pris. Cela encourage la patience, et les gens semblent avoir beaucoup aimé cette partie du projet. »

Si la patience inhérente à la photographie argentique a sans aucun doute profité à la qualité des clichés de Goal Click, il est assez difficile d'envoyer des appareils photo jetables à travers la planète et de les récupérer. Néanmoins, cet aspect logistique est une autre particularité du projet. « Envoyer des appareils jetables dans différentes parties du monde, ça a ses côtés compliqués, explique Matt. La poste, dans certaines parties du monde, peut être assez peu fiable. Cela nous a pris 15 mois pour envoyer notre appareil en Zambie, et 14 mois pour que notre appareil arrive en Azerbaïdjan.

Mais le voyage de ces appareils photo, ça fait partie de l'histoire. Notre appareil est arrivé en Irak après être passé par deux checkpoints du Hezbollah, via la Turquie et le Liban. Il est arrivé en Irak, puis nous est revenu par la Jordanie puis les Etats-Unis, avant d'arriver ici. »

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En plus d'envoyer des appareils photo jetables à travers le globe, Goal Click a aussi lancé un projet à Londres, avec 15 participants venant de différents quartiers de la capitale britannique. Certains ont choisi de s'intéresser au football amateur, d'autres ont photographié des matches dans leur jardin public local, et d'autres ont pris en photos les supporters de Crystal Palace avant la finale de FA Cup contre Manchester United en mai dernier. Comme pour le projet mondial, la liberté créative laissée aux bénévoles a donné des résultats très variés. Les participants ont capturé des moments à la fois similaires et différents du football londonien. Certains clichés ont été incorporés dans l'exposition qui se déroule en ce moment.

Avec plus de 120 pays qui restent toujours à photographier, et d'innombrables cultures footballistiques encore à documenter, le projet Goal Click a de beaux jours devant lui. Matt m'explique qu'il faudra de nombreuses années pour que le projet mondial soit complet, ne voyant pas de raison de s'arrêter maintenant. Le futur du projet est donc potentiellement sans limite.

Vous trouverez plus de photos de Goal Click sur leurs comptes Twitter et Instagram officiels, ainsi que sur le site de Goal Click.