Les délires lubriques de Jérôme Bosch deviennent des sculptures

Les dernières sculptures de l’Italien Alessandro Boezio présentent quelques dysfonctionnements anatomiques. Des jambes rattachées les unes aux autres, des doigts terminés en branches, des bassins en forme d’amphore… En y regardant de plus près, on ressent une étrange familiarité : celle de l’univers délirant du peintre néerlandais à cheval des XVe et XVIe siècle, Jérôme Bosch. Et plus particulièrement les motifs de sa Tentation de Saint Antoine, une composition en triptyque peuplée de créatures démoniaques venues tourmenter le pauvre moine chrétien, qui réussit à résister aux avances du Diable.

Boezio a pu admirer l’œuvre en question au Musée royal des Beaux-Arts de Belgique, à Bruxelles, et y a trouvé une source d’inspiration pour son exposition à la Macadam Gallery. « Chaque figure peinte de l’œuvre de Bosch cache une signification symbolique bien précise, liée au thème de la tentation », souligne-t-il. Par exemple, sur le panneau de droite, un homme nu a ses jambes coincées dans une amphore — une évocation à peine voilée au sexe. Plus loin, un démon chevauche un véhicule fait de pattes d’animaux ; ailleurs encore, une femme nue — symbolisant la luxure — se cache dans le tronc d’un arbre, s’offrant au saint.

Il n’est pas difficile de déchiffrer l’inspiration de Boezio dans son œuvre sculptée : la femme dans le tronc a des mains terminées en branches, l’enchaînement de jambes est figuré par deux fois, l’amphore humaine est aussi matérialisée.

« La tentation de la luxure est un thème récurrent dans le passé et n’a rien perdu de son pouvoir. C’est toujours une problématique actuelle. L’iconographie a changé mais l’idée est la même », remarque Boezio. « C’est pourquoi j’ai essayé de réinterpréter Bosch. »

« Mon travail se situe à cheval entre le passé et le présent », ajoute l’artiste. « Cela se retrouve dans les matériaux que j’utilise. Le marbre et la céramique sont des matériaux profondément ancrés dans la tradition italienne. »

 à la Macadam Gallery, à Bruxelles, en Belgique.

Retrouvez le travail d’Alessandro Boezio sur son site. Son exposition à la Macadam Gallery, à Bruxelles, est à voir jusqu’au 17 juillet 2016. Si vous voulez toujours plus de Jérôme Bosch, Taschen propose tout un tas de bouquins plutôt bien foutus sur l'œuvre du peintre hollandais. Il y a des petits et des grands mais quitte à s'abandonner dans une perversion aussi féodale qu'influente, autant vous offrir l'Œuvre Complet en version XL. 99€. En plus, c'est celui qu'a offert Di Caprio au Pape. Ce qui était plutôt osé.