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L’exploitation pétrolière de l’Arctique n’est pas rentable

Si elle a lieu, la ruée vers l'Arctique risque de condamner l'industrie pétrolière.
Photo: Harald Sund/Getty Images

Les grandes compagnies pétrolières américaines, britanniques, norvégiennes, suédoise et russes ont désormais les yeux rivés vers les réserves de pétrole de l'Arctique. Mais un rapport du ministère britannique de la Défense (MoD) suggère que leurs projets de forage seront probablement couronnés d'échec.

Le forage pétrolier en Arctique « n'est pas viable économiquement parlant, » selon le rapport, commandé par l'armée suédoise et publié en janvier 2016.

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En d'autres mots : les sociétés qui s'apprêtent à s'installer sur les terres arctiques, dont les réserves de pétrole et de gaz sont immenses et largement exploitées, risquent de connaître une amère déception.

« Il est de plus en plus probable que le prix du pétrole continue de baisser, et que la dépendance aux combustibles fossiles soit moins importante dans les années à venir. Cela signifie que l'extraction de la majeure partie du pétrole arctique ne sera pas rentable, » explique le rapport. L'importance stratégique de ces ressources aurait été largement surestimée.

Si cette analyse s'avérait exacte, alors la ruée vers l'Arctique risque de condamner l'industrie pétrolière.

Les auteurs du rapport concluent que d'ici 2035, l'extraction de combustibles fossiles ne sera plus rentable.

Selon un autre rapport du MoD publié par le DCDC (Development, Concepts and Doctrine Centre) en Décembre 2015, au cours des 20 prochaines années, les grandes compagnies pétrolières seront amenées à explorer de nouveaux terrains ; parce que les réserves deviennent plus rares, elles devront faire face à des coûts de plus en plus prohibitifs pour extraire ces ressources.

D'ici 2035, précise le rapport, le monde devra faire face à une situation de « pénurie de combustibles fossiles » due à la demande croissante et à l'augmentation des coûts de production.

Intitulé Future Operating Environment 2035, le rapport ne représente pas la politique officielle du gouvernement britannique, mais contribue à « informer les décideurs et les autorités de sécurité et de défense nationales de manière plus complète. »

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Le rapport a utilisé des données en provenance du gouvernement américain, des agences de défense australienne, suédoise et néo-zélandaise, ainsi que du gouvernement du Royaume-Uni, des sociétés Boeing et BAE Systems, et du géant du pétrole Shell.

La demande en ressources naturelles est susceptible d'augmenter au cours des deux prochaines décennies, indique le rapport.

Cette demande pourrait conduire à l'augmentation des coûts, à des niveaux d'inégalité plus importants entre les nations, et à une pénurie de combustibles fossiles et de minéraux rares. « Afin de remédier à cette pénurie, il faudra explorer des environnements isolés et rudes, nécessitant le développement de techniques d'extraction nouvelles et plus efficaces, » explique le rapport. « D'ailleurs, d'anciens sites d'extraction pourraient redevenir rentables si de nouvelles techniques se développent. »

Les auteurs du rapport concluent que d'ici 2035, l'extraction de combustibles fossiles ne sera plus rentable, sauf si de nouvelles techniques d'extraction se développent.

L'analyse du MoD est corroborée par les recherches d'un panel d'experts en ressources naturelles en provenance du Canada et du Royaume-Uni.

En mars, RBC Capital Markets a averti que cinq membres de l'OPEC dont l'économie repose essentiellement sur le pétrole, le Nigeria, le Venezuela, l'Algérie, l'Iraq et la Libye, pourraient connaître une crise sans précédent si le prix du pétrole restait trop bas.

Un rapport du Royal Institute of International Affairs annonce verdict d'autant plus inquiétant à travers la voix de l'économiste Paul Stevens. Stevens, qui a gagné un prix de l'OPEC pour ses recherches sur l'énergie en 2009, estime que l'industrie mondiale du pétrole s'effondrera d'ici 10 ans si son modèle économique n'est pas radicalement révisé. Même l'Arabie Saoudite commence à se préparer au monde de l'après-pétrole.

Les environnementalistes accueilleront avec joie les analyses du MoD, qui réduit en miettes les rêves d'un Empire du pétrole arctique. Mais pour le moment, il semble que les fantasmes de l'industrie pétrolière soient assez solides pour étouffer la voix des experts.