Des polyamoureux nous parlent de leur pire rupture

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Des polyamoureux nous parlent de leur pire rupture

« On se fait larguer pour les mêmes raisons que les autres ; il y a juste plus de gens impliqués. »

Cet article a été initialement publié sur VICE US.

En tant que polyamoureux de longue date, laissez-moi vous rappeler quelque chose d'évident au sujet de nos relations : elles sont compliquées. Trouver le juste milieu entre les limites, la jalousie, le sexe et la communication (sans parler du planning) n'est pas toujours facile. Beaucoup de questions restent sans réponse : est-ce que vous couchez toujours tous les deux avec quelqu'un d'autre, ou est-ce que vous avez le droit d'aller voir ailleurs en solo ? Y a-t-il une hiérarchie et, si oui, qui « domine » ? Allez-vous chez les autres ou les ramenez-vous chez vous ? Évitez-vous certains bars ou restaurants ? Pour ou contre les câlins ? Comment parler de cette situation à ses amis, et à quels amis ? (Petit indice : la plupart de vos amis ne veulent pas en entendre parler.)

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Mais au bout du compte, que vous soyez échangiste, polyamoureux, monogame, non-monogame, ou autre, un aspect de la relation amoureuse demeure : la rupture. Lorsque des polyamoureux rompent, les mauvaises langues accusent leur vie sexuelle débridée d'en être la cause. Seulement, pour être honnête, les polyamoureux ont tendance à rompre pour les mêmes raisons que les autres couples : adultère, dispute, incompatibilité, éloignement. Au final, les polyamoureux rompent aussi souvent que les monogames. Ni plus, ni moins.

J'ai interrogé plusieurs d'entre eux afin de prouver que, même s'il existe mille manières de se définir en tant que couple, les ruptures restent à peu près les mêmes d'une personne à l'autre.

Une sorte de ménage à quatre

Mon mari et moi-même sommes dans une relation libre depuis sept ans désormais, et, il y a trois ans, nous avons rencontré un couple marié. Mon mari a commencé à sortir avec la femme, et je suis sortie avec le mari. On était une sorte de ménage à quatre. Mais leur mariage a commencé à battre de l'aile, et ma relation avec le mari s'est rapidement détériorée : sa femme et moi-même avons toutes deux rompu avec lui à quelques jours d'intervalle.

Mon mari est encore en couple avec elle – ça va bientôt faire trois ans. Moi, je suis restée avec son (désormais) ex-mari un an et demi. J'ai perdu mon petit ami, elle a perdu son mari. Il se disputait souvent, par ailleurs.

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On s'est douté très tôt qu'il était l'instigateur de la relation libre. Et c'est devenu une relation polyamoureuse à certains moments : on échangeait des « je t'aime », loin du regard de son épouse. Ils étaient mariés depuis 16 ans, mais ils étaient encore novices dans ce genre de relations – ce que nous ignorions.

La rupture a été intéressante, à défaut d'un autre terme : à partir du moment où leur couple a commencé à battre de l'aile, le mari a changé de comportement. Il cherchait à remplir le vide avec de l'affection et des compliments de la part des autres. Il voulait que je lui accorde plus de temps. Le problème, c'est que je suis mariée et mère de deux enfants. Je ne pouvais pas lui donner l'attention qu'il réclamait. Et, en même temps, il est devenu moins impliqué dans ses relations. Il était moins attentionné, parfois blessant. Lorsqu'on a rompu, j'ai découvert qu'il sortait avec quatre autres personnes – ce qu'il avait oublié de me préciser.

Ne vous méprenez pas : je ne lui en veux pas. Nous nous sommes bien amusés, et ça n'a pas été si affreux comme rupture. Ça a été une expérience enrichissante : n'entamez jamais une relation avec un couple qui se désagrège.

– Anna, 35 ans

Une relation émotionnelle plus que physique

Je suis marié et, pendant un moment, je suis sorti avec un couple de lesbiennes. On s'est rencontré sur FetLife – un site réservé aux fans de BDSM. Elles avaient publié un post dans lequel elles précisaient qu'elles cherchaient un partenaire, et on a échangé plusieurs messages avant de se rencontrer. Après quelques semaines, on a eu notre premier rendez-vous, et tout s'est super bien passé. On a appris à se connaître, on a commencé à sortir ensemble. C'était plus une relation émotionnelle que physique. C'était ma première expérience dans une relation polyamoureuse et ça m'a permis de tester quelque chose de nouveau, d'apprendre à gérer plusieurs partenaires.

On est sorti ensemble pendant quatre ou cinq mois et, au début, ça se passait vraiment bien. Mais au fil du temps, on a fait face à quelques conflits. Mes nouvelles partenaires souhaitaient que je leur accorde beaucoup de temps, bien plus que ce que je pouvais – j'ai une femme et des enfants, et ils sont ma priorité. Pour moi, le monde polyamoureux est une expérience aussi fascinante qu'épuisante sur le plan émotionnel. Je me suis également rendu compte qu'il me fallait un élément physique pour que j'apprécie pleinement la relation : des bisous, des caresses, des câlins, des trucs dans ce genre. Mais les filles n'étaient pas intéressées par tout ça. Elles ont pris mon intérêt physique pour de l'insistance, de l'agressivité. Aussi, on n'avait pas grand-chose en commun. Au bout d'un moment, on a pris du recul et on s'est dit : « Ça ne peut plus continuer comme ça. »

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De son côté, ma femme entretient une relation avec un homme depuis quelques mois. Celle-ci s'est développée au fil du temps, et tous les deux sont désormais sur le même plan physique et émotionnel : je souhaiterais trouver quelque chose de semblable.

– Sean, 33 ans

Des mensonges récurrents

On s'est rencontré après la fac, et c'était son idée. Je crois qu'il a toujours espéré, d'une certaine manière, que je sois une bisexuelle secrète, et qu'on irait faire tout plein de plans à trois. Mais ça n'a jamais été mon truc. Je veux dire, on en a fait pas mal, mais c'était plus pour lui faire plaisir qu'autre chose : moi, je n'y ai jamais trouvé mon compte.

L'année dernière, on a commencé à sortir avec des gens chacun de notre côté – une première pour tous les deux. Environ quatre mois avant qu'on ne rompe, il m'a dit qu'il voulait qu'on arrête ça et qu'on recommence à ne faire que des trucs à trois. Le problème, c'est que pour moi, pouvoir sortir avec d'autres gens était un exutoire.

Différents facteurs ont mené à notre rupture. À partir du moment où j'ai eu l'impression de ne plus être heureuse dans la relation, j'ai commencé à devenir moins respectueuse des envies de mon partenaire. On était ensemble depuis 12 ans, on avait toujours réussi à communiquer sur les points forts et les points faibles de notre relation. Pendant très longtemps, on a été honnêtes l'un envers l'autre. Mais à partir du moment où les choses se sont dégradées pour moi, j'ai coupé court à toutes formes de communication et, en gros, j'ai arrêté de le respecter.

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Au final, mon copain a découvert que je continuais à voir des gens à côté, sans lui dire. À ce moment-là, je n'en avais plus rien à faire. Quand il a su ça, il m'a dit qu'il voulait qu'on reste ensemble, et qu'on allait trouver une solution. Mais pour moi, ça a été le signal d'alarme : si j'en étais à faire des trucs pareils, c'en était fini.

La rupture a été assez « amicale ». On continue de se parler, et tout va finir par s'arranger. Mais une chose est sûre : je me sens vraiment mal quand je vois jusqu'où je suis allée.

– Andrea, 32 ans

De la jalousie dans son regard

J'ai rencontré mon copain lors d'un plan à trois entre lui et sa fiancée de l'époque. Après leur rupture, on est sorti ensemble. À l'époque, je cherchais un couple sérieux avec qui entamer une relation. J'ai longtemps échangé avec sa fiancée, je lui ai posé une multitude de questions avant de baisser ma garde et de les accepter dans ma vie.

J'ai senti dès le début qu'elle n'était pas très enthousiaste à l'idée d'être dans une relation polyamoureuse. À l'origine, je les avais rencontrés dans une communauté échangiste plusieurs années auparavant, et ils se décrivaient comme des « échangistes soft ». Elle m'a répété plusieurs fois qu'il n'y avait pas de souci et qu'elle se sentait à l'aise à l'idée de tenter ça, mais, plus le temps passait, plus je voyais de la jalousie dans son regard – sans parler des situations gênantes, de plus en plus nombreuses.

On est resté ensemble neuf mois : je n'avais pas le droit de passer du temps seule avec lui, alors que je passais beaucoup de temps avec elle. Quand on était tous les trois, je pouvais lui être entièrement dévouée (à elle) sans que cela ne pose aucun problème, mais, à partir du moment où je lui montrais un peu d'intérêt (à lui), elle pétait les plombs. Très vite, je me suis rendu compte que ce n'était pas ce que je recherchais. Je lui ai proposé plusieurs fois d'en parler tous les trois, mais elle trouvait toujours des excuses pour ne pas être là.

Et puis un jour, elle m'a avoué qu'elle me mentait depuis le début. Elle ne voulait pas être polyamoureuse. Elle faisait ça pour son copain, mais je n'avais pas le droit de lui dire. Elle a inondé mon portable de messages me suppliant de ne pas mettre un terme à notre relation, et j'ai fini par en parler à son mec. Il s'avère qu'elle voyait toute une ribambelle de gars à côté, chose dont elle ne m'avait jamais parlé. L'arrangement qu'on avait fait lui allait très bien tant que ses autres mecs étaient là ; quand ils l'ont larguée, tout à coup, ça ne lui allait plus. Quand on a découvert tout ça, on a rompu avec elle et on a décidé de se mettre ensemble.

Aujourd'hui, on est un couple solide, même si on essaye d'éviter les relations polyamoureuses. Je suis encore trop sur mes gardes. Je pense qu'il peut y avoir des choses magnifiques dans une relation polyamoureuse, lorsque les couples sont honnêtes et ouverts. Comme pour toute relation, il faut de la confiance et de la sincérité.

– Hannah, 27 ans