« The Legend of Zelda : Breath of the Wild » est une magnifique ode à l'adolescence

Shigeru Miyamoto a passé une bonne partie de son enfance à explorer les champs, les forêts et les grottes qui se trouvaient autour de Sonobe, sa ville natale. J'ai beau avoir vu le jour 30 ans après lui et avoir grandi entouré de jeux vidéo et de VHS de piètre qualité, j'ai eu peu ou prou la même enfance.

Dans mon village natal, situé dans le sud de l'Angleterre, il y avait sans doute beaucoup moins de grottes. Malgré cela, une vaste forêt et des champs immenses s'étendaient aux alentours de la maison familiale. Dans ces territoires boueux, mes amis et moi avions pour habitude de nous cacher pendant des heures. Nous n'étions qu'une bande de gamins avec nos vélos. Une fois que nous quittions nos maisons respectives, nous ne savions jamais jusqu'où notre aventure allait nous mener. Nous faisions simplement en sorte de retrouver notre chemin pour le goûter. Rien d'étonnant à ce que les jeux d'aventure fussent pendant longtemps mes jeux préférés.

Miyamoto s'est basé sur ses souvenirs d'enfant explorateur et curieux pour donner naissance à une saga culte. En 1986 sortait le chef d'oeuvre The Legend of Zelda, un jeu dans lequel vous étiez le héros mais où personne ne vous prenez par la main pour vous indiquer le chemin. C'était à vous de choisir par où vous vouliez aller – comme n'importe quel enfant qui part explorer les champs alentour, sans carte ni boussole, simplement pour voir ce qu'il y a derrière cette colline, au loin.

Malgré quelques restrictions évidentes liées au gameplay, une grande partie de la map de The Legend of Zelda était accessible dès le départ. Seules certaines zones bloquées vous forçaient à chercher des objets et à développer certaines compétences. Link, le protagoniste, faisait face aux nombreux ennemis parsemant le royaume d'Hyrule. Si chaque joueur pouvait parcourir sa propre route, tout le monde se retrouvait au final sur La Montagne de la mort pour se battre contre l'incarnation du Mal, Ganon.

La série des Zelda a pris par la suite des directions différentes. Le dernier épisode, Skyward Sword, sorti en 2011 sur Wii, a été critiqué pour ne pas avoir suffisamment laissé le joueur se perdre dans l'univers du jeu – ce qui était initialement la marque de fabrique des Zelda. C'est ce point particulier qui a beaucoup fait réfléchir Eiji Aonuma, le producteur du jeu, lorsqu'il a été question de développer le prochain épisode – qui sort aujourd'hui sur Wii U et sur Switch.

« Dès le début du développement de Breath of the Wild, nous voulions créer un univers vaste et immersif, déclarait Aonuma le mois dernier. Cela nous semblait évident après avoir écouté les retours au sujet de Skyward Sword. Beaucoup de joueurs voulaient revenir à l'exploration pure et simple. Nous avons pris cela en compte, mais nous ne voulions pas seulement un monde immense – nous voulions un monde cohérent, où tout serait mêlé. Un monde que vous pourriez explorer librement, sans aucune contrainte ».

On peut dire sans trop exagérer que le pari est réussi. En seulement quelques missions, ce nouvel opus provoque la même sensation que le premier épisode de 1986 : une invitation permanente à aller là où le vent vous porte.

Le premier personnage non-jouable que vous croiserez vous demandera par exemple de trouver des objets, mais il n'y aura ni limite de temps ni script préétabli pour ce faire. L'univers de Breath of the Wild est merveilleusement varié : des forêts denses et hostiles aux grandes plaines peuplées de chevaux en passant par des montagnes immenses, le jeu vous mettra régulièrement une baffe.

Sachez que tous vos actes auront des répercussions immédiates sur votre environnement et votre personnage. Un simple coup raté lors d'un combat peut rapidement transformer la situation en mission de survie. Il y a tellement de choses à dire sur ce jeu que je préfère ne pas trop en raconter pour vous laisser le bonheur de le découvrir par vous-même.

Cette liberté accordée au joueur d'aller où bon lui semble dans l'univers du jeu n'est pas le seul rappel de ce qui fait tout le sel des Zelda. La façon dont Link, qui est à l'origine un simple gamin, se met peu à peu à devenir un héros au fil des heures et des quêtes successives, en est un autre. Pendant votre exploration, vous aurez toujours une petite voix qui résonnera dans votre tête – ce sont les mots de la princesse Zelda, qui a besoin de votre aide.

Nintendo a sans doute délibérément fait le lien entre sa nouvelle mouture et A Link to the Past, sorti en 1991 sur Super Nintendo. Quoi qu'il en soit, Breath of the Wild vous laisse le même sentiment que ces grandes excursions dans l'inconnu qui caractérisaient votre enfance.

À l'heure où j'écris ces lignes, je suis toujours en train de me frayer un chemin au sein de l'univers plus que vaste de Breath of the Wild. Même si je n'ai parcouru que 20 % de la carte, j'ai déjà assisté à des choses étonnantes et découvert des lieux formidables. Ça ressemble à une hagiographie, et c'est le cas. Il s'agit tout simplement d'un jeu magnifique.

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