Elle Reeve, journaliste VICE News affublée des soi-disant "stigmates" de l'autisme par des internautes.
La cinquième édition du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5) pose deux critères diagnostiques de l’autisme : les troubles de la communication sociale et les comportements restreints et répétitifs. Ces critères sont assez généraux pour englober tous les troubles du spectre de l'autisme, quelle que soit la manière dont ils se manifestent d’individu en individu. L’autisme est différent chez tous ceux qu’il touche : comme les autistes eux-mêmes se plaisent à répéter, “si vous connaissez un autiste, vous connaissez un autiste.”Le traitement médiatique et culturel de l’autisme méprise cette réalité depuis les années 90. Les films, séries, documentaires et même les jeux vidéo privilégient souvent les cas les plus spectaculaires : les “autistes savants” et les comportements autodestructeurs sont toujours marquants – la franchise et le manque d’empathie soi-disant typiques du syndrome d’Asperger font d’excellents personnages. À force, comment ne pas penser à cet artiste qui dessine des paysages de mémoire ou aux crises de Sheldon Cooper chaque fois qu’il est question d’autisme ?Si ces clichés sont nuisibles, ils ont le mérite de prouver que l’autisme reçoit enfin l’attention qu’il mérite. Dans les années 60 et 70, les troubles du spectre autistique étaient méconnus du public, mal diagnostiqués et mal traités. Les individus les plus touchés étaient ôtés à leur famille et placés en institution psychiatrique, les autistes à haut niveau de fonctionnement passaient leur vie enfermés dans leur trouble. Grâce à l’évolution de la médecine, nous n’en sommes plus là.Si ces clichés sont nuisibles, ils ont le mérite de prouver que l’autisme reçoit enfin l’attention qu’il mérite.

En 2007, des chercheurs australiens ont accusé le Wi-Fi et les téléphones portables d’être responsables de l’explosion des cas d’autisme. Dans le doute, tout ce qui ressemblait de près ou de loin à un appareil électronique était visé : l’année précédente, un papier publié par l’université Cornell avait remarqué une correlation entre autisme et temps passé devant la télévision. L’auteur John Elder Robison, lui-même atteint par le syndrome d’Asperger, se demandait en 2008 si la “technologie” ne rendait pas les enfants “un peu autistes”.En 2009, le futur co-fondateur du Daily Dot, Owen Thomas, écrivait dans Gawker : “Il semble que chaque époque accouche de sa propre hystérie médicale basée sur nos peurs collectives. (…) À une époque où les ordinateurs nous font nous sentir moins qu’humains, l’autisme est la maladie du moment.” L’article s’intitule Autism, the Disease of the Internet Era. La peur n’est pourtant pas le seul moteur du rapprochement entre autisme et Internet ; les autistes eux-mêmes sont partiellement responsables.“Il semble que chaque époque accouche de sa propre hystérie médicale basée sur nos peurs collectives. À une époque où les ordinateurs nous font nous sentir moins qu’humains, l’autisme est la maladie du moment.”
Beaucoup d’autistes se reconnaissent dans cette métaphore. Le fonctionnement des machines leur semble proche de leur propres processus mentaux ; logique, constant, soumis à des règles claires. Hans Asperger, le pédiatre autrichien qui a donné son nom au syndrome, disait en 1944 que ses patients étaient “comme des automates intelligents.” C’est cette proximité qui les pousserait naturellement vers les ordinateurs - et donc vers Internet, que Blume décrit comme “du braille pour beaucoup d’autistes”.Quand je donne un cours, la langue elle-même est largement “téléchargée” depuis des fichiers qui sont entreposés dans ma mémoire et qui sont comme des cassettes audio. J’utilise des slides ou des mots-clé pour déclencher l’ouverture des différents fichiers. Quand je parle de quelque chose pour la première fois, je regarde des images visuelles (sic) sur le “moniteur” dans mon imagination. Ensuite, ma partie langage décrit ces images.