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société

Le mouvement #MoiAussi démontre qu'il faut en faire plus en matière d’éducation sexuelle

Des profs et acteurs politiques croient que le programme d’éducation sexuelle dans sa forme actuelle ne va pas assez loin.
Photo via la Presse canadienne/Jacques Boissinot

L'ampleur du mouvement #moiaussi et des nombreux témoignages qui envahissent actuellement les réseaux sociaux démontrent qu'il reste encore du travail à faire au niveau de l'éducation sexuelle. Nombreux sont ceux qui s'étonnent de constater la quantité impressionnante de témoignages. S'il y a un constat brutal, c'est de voir à quel point certains comportements étaient simplement normalisés. D'où l'importance d'éduquer pour changer les mentalités.

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Qu'en est-il de l'éducation sexuelle qui est donnée (ou pas) aux jeunes Québécois? De passage au 98,5 FM ce matin, la sexologue Jocelyne Robert s'est insurgée : « Je suis allée hurler à Tout le monde en parle il y a 12 ans l'importance de l'éducation à la sexualité, à la dignité, au consentement, au respect ; on n'a pas avancé! », disait-elle, clairement énervée.

Même discours chez plusieurs politiciens aujourd'hui, dont Manon Massé, qui a déploré le manque d'éducation offert aux jeunes Québécois.

« Nous avons besoin de cours d'éducation sexuelle dans les écoles. C'est important. Il ne faut pas juste être en mode réaction, mais aussi en mode prévention », a pour sa part déclaré le maire de Montréal, Denis Coderre.

Bien que le ministre de l'Éducation, Sébastien Proulx, a dit qu'il était d'accord qu'il faut en faire plus, il a toutefois répété que cette responsabilité revenait aux écoles. Pour l'instant, un projet pilote d'uniformisation commence à voir le jour, mais l'éducation sexuelle n'est toujours pas obligatoire. Le programme commence dès la prématernelle.

Alors que les écoles commencent tranquillement à recevoir des directives par rapport à ce projet pilote proposé par le ministère de l'Éducation, certains enseignants estiment que le mouvement #moiaussi est la preuve qu'il faut aller plus loin. S'ils se réjouissent de voir réapparaître ce cours dans le curriculum scolaire québécois, ils s'inquiètent toutefois du manque d'information qui leur est donnée. Leur principale préoccupation est que le gouvernement tente de s'assurer que ça se fasse à coût nul.

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En effet, aucun prof ne sera spécifiquement affecté à l'éducation sexuelle : ce sont les enseignants déjà en fonction qui le feront sur une base volontaire quand ils le pourront. Ils devront trouver un moyen d'intégrer le matériel fourni par le gouvernement à leurs cours existants. Et ce, pendant seulement 5 à 15 heures par année.

« La directive ministérielle est claire : il n'y aura pas de cours créé. Ce sera quelque chose qui sera enchâssé dans l'enchaînement des enseignants volontaires », me raconte Maxime Vinet-Béland, enseignant au secondaire à Montréal.

Dans un mémo à l'intention des parents publié sur le site internet du ministère de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur, on lit que « le personnel des écoles possède déjà des compétences pour faire de l'éducation à la sexualité : connaissance des élèves, de leur psychologie [et de la] pédagogie adaptée à leur âge ». Pour ce faire, les enseignants devront user d'imagination pour l'insérer dans les cours réguliers : « Les profs de français pourraient décider d'organiser des débats autour d'un sujet connexe, et le thème des ITSS pourrait par exemple être abordé dans leur cours de science », dit Maxime Vinet-Béland.

Le ministère affirme que les écoles pourraient aussi, « comme ils le font déjà », faire appel à d'autres experts comme des sexologues ou des organismes spécialisés pour venir combler les lacunes ou répondre aux questions des élèves auxquelles les enseignants ne sauraient pas répondre. Car il faut noter que les enseignants pourront recevoir une formation, mais celle-ci ne serait pas exhaustive.

« On ne recevra certainement pas plus que trois, quatre jours de formation. On ne devient pas expert en quatre jours! », me dit M. Vinet-Béland. « En plus, ça se fait sur une base volontaire, et si personne ne se porte volontaire, ça sera à l'administration des écoles de trouver un moyen », ajoute-t-il.

Selon lui, le programme tel qu'il est ne donne pas le temps aux profs de pouvoir traiter d'enjeux importants. Il se questionne aussi sur les démarches qui seront entreprises pour s'assurer à la fois que l'information transmise aux étudiants sera adéquate et que les enseignants volontaires seront compétents en la matière. Le ministère mise aussi sur l'implication des parents dans l'éducation sexuelle de leurs enfants.

Dans la forme actuelle du programme, il est prévu que les sujets de croissance sexuelle et de conception sont abordés dès la prématernelle. Au primaire, ils apprendront l'importance du consentement et des relations saines. L'identité,
les rôles sexuels et les normes sociales seront aussi au curriculum. Une fois au secondaire, la notion de consentement sera renforcée, et ils apprendront les conséquences des infections transmises sexuellement et par le sang (ITSS), un véritable fléau au Québec. Tout ça, sur une base volontaire, et si les profs ont le temps, évidemment.

Billy Eff est sur internet ici et .