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Société

Fierté Montréal n’assume pas son rôle politique, selon une militante trans

Le gouvernement et le festival doivent faire avancer la cause des plus vulnérables.

Des militants pour les droits des migrants trans et des personnes LGBTQ racisées veulent faire entendre leurs voix. Ils déplorent notamment que le Québec soit la seule province canadienne où les migrants trans ne peuvent pas changer leur nom et leur sexe sur leurs pièces d'identité.

« Vous vous présentez comme femme, vous avez une apparence de femme et vous allez postuler pour une job, visiter un appart, et vos documents disent l'opposé », illustre la chercheuse et militante Dalia Tourki, elle-même une immigrante trans.

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« Ça crée énormément de difficultés au quotidien, énormément de violence et de discrimination transphobe. C'est inacceptable. »

Fierté Montréal est selon elle un événement dépolitisé, qui devrait employer son budget et sa plateforme pour faire avancer les enjeux LGBTQ des communautés marginalisées.

Mme Tourki ajoute que les personnes LGBTQ racisées, surtout noires, se font trop souvent « malmener par la police et par la société en général » et qu'il est temps d'agir.

Malgré le temps maussade, une soixantaine de militants étaient attendus ce midi pour manifester en marge d'un discours délivré par la ministre québécoise de la Justice, Stéphanie Vallée. Celle-ci devait prendre la parole lors de la conférence internationale sur la diversité sexuelle et la pluralité des genres dans la Francophonie, organisée par Fierté Montréal.

Dalia Tourki remarque qu'il y a un effort d'inclusion de la diversité dans la programmation de Fierté cette année, mais ce n'est pas suffisant, selon elle.

« C'est de la fausse diversité. Vous pouvez pas mettre nos têtes racisées sur les affiches sans essayer de faire avancer nos causes. La diversité, c'est de travailler ensemble pour créer de la pression sur les politiciens. […] Fierté Montréal est devenu seulement une célébration, alors qu'il y a beaucoup de personnes dans la communauté qui sont en train de souffrir, qui sont marginalisées, qui vivent énormément de violence quotidiennement. »

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Des politiques discriminatoires

Dalia Tourki dénonce le fait que les migrants trans ont été exclus des récentes mesures législatives de Québec touchant les personnes trans.

Outre le changement du nom et du sexe sur les pièces d'identité, Mme Tourki demande une révision du processus d'immigration, le jugeant « très transphobe ». Elle fait part de témoignages de personnes trans ayant subi un examen médical pénible lors du processus d'obtention de la résidence permanente, au cours duquel certains auraient même été traités « comme des malades mentaux ».

Elle milite également pour que soit implanté le « droit à la ville » et « au refuge », et que les personnes racisées LGBTQ ne soient plus déportées dans leur pays d'origine.

La militante espère initier le dialogue avec Fierté en leur faisant parvenir une lettre détaillant les revendications des migrants trans aujourd'hui. Elle voudrait que des discussions soient amorcées également avec la ministre Stéphanie Vallée, et que les personnes les plus marginalisées soient invitées à la table de concertation.

Elle assure que les militants organiseront d'autres interventions dans le futur. « Tant qu'on ne nous entend pas, on va continuer de perturber », promet-elle.