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Facebook

250 pages de courriels secrets de Facebook rendues publiques

Voici ce que l’on y trouve.
Mark Zuckerberg
Photo : Andrew Harnik/AP Photo

L’article original a été publié sur VICE News.

Le Royaume-Uni a rendu publiques 250 pages de courriels internes de Facebook qui, selon le gouvernement, montrent que la compagnie — et en particulier son PDG, Mark Zuckerberg — avait prévu de donner accès aux données des utilisateurs aux développeurs en échange d’au moins 250 000 $ par année.

Cette explosive série de documents contredit M. Zuckerberg, qui a nié à répétition que Facebook avait la volonté de monnayer l’accès aux données des utilisateurs. Le PDG semble même concevoir un modèle d’affaires exploitant ces données.

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« J’ai pensé à un modèle d’affaires de plateforme ce week-end », a écrit M. Zuckerberg dans un courriel daté du 7 octobre 2012. « Si on fait en sorte que les développeurs peuvent générer des revenus pour nous de différentes façons, ça fait en sorte qu’il est plus acceptable pour nous de les faire payer pas mal plus pour l’utilisation de la plateforme. »

M. Zuckerberg ajoute qu’un montant de 0,10 $ par utilisateur par année serait acceptable.

La publication de ces courriels assène un autre coup à l’image publique de Facebook après deux ans de crise presque ininterrompue et intéressera probablement les autorités chargées de l’application des lois antitrust des deux côtés de l’Atlantique, car ils dépeignent une compagnie cherchant activement à exploiter sa position pour maintenir sa domination en accroissant la pression sur les développeurs et les rivaux.

Le Digital, Culture, Media, and Sports Committee du Royaume-Uni, qui a publié les documents, enquête sur les enjeux de sécurité relatifs à Facebook et au scandale de Cambridge Analytica. Le président de cette commission, Damian Collins, a invité à plusieurs reprises M. Zuckerberg à témoigner, sans succès.

« Je crois qu’il y a un intérêt public considérable à rendre publics ces documents, a déclaré M. Collins mercredi. Ils soulèvent des questions importantes sur la gestion des données des utilisateurs de Facebook, ses politiques à l’endroit des développeurs et sa façon d’exercer sa domination dans le marché des réseaux sociaux. »

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La commission allègue que les documents montrent également que M. Zuckerberg voulait couper les liens avec les applications rivales qui compromettaient la domination de Facebook. Dans un cas en particulier, un collègue a écrit que la compagnie avait prévu de couper les liens avec Vine, la nouvelle application de Twitter, après son lancement en 2013. M. Zuckerberg a simplement répondu : « Ouais, allez-y. »

La compagnie a aussi mis sur une liste blanche plusieurs applications, comme Netflix, Lyft, Hot or Not et Airbnb, ce qui signifie qu’elles pouvaient conserver un accès total aux données des amis même après que la plateforme a fermé ce robinet en 2014.

Les documents ont été saisis le mois dernier à Ted Kramer, le PDG de Six4Three, une application américaine, qui poursuit Facebook devant la justice californienne. Le réseau social a consacré des mois à tenter d’empêcher la divulgation de leur contenu.

Les courriels, toutefois, ne sont qu’une partie de ceux compris dans la poursuite, et le contexte complet du dossier ne peut être confirmé. Facebook, qui a fait face à une litanie de crises dans les deux dernières années, nie toute faute.

« Les documents que Six4Three a rassemblés pour sa poursuite sans fondement ne représentent qu’une partie de l’histoire et sont présentés d’une façon très trompeuse sans contexte additionnel », a répondu à VICE un porte-parole de Facebook. « Nous jugeons adéquats les changements que nous avons apportés en 2015 pour empêcher une personne de partager les données de ses amis avec des développeurs. »

La commission britannique présente six grandes accusations contre Facebook basées sur les documents saisis :

  • La compagnie a mis sur une liste blanche des compagnies pour qu’elles conservent un accès total aux données des amis après les changements à la plateforme en 2014 et 2015.
  • L’accroissement des revenus provenant des développeurs d’applications majeurs a été l’une des motivations principales des changements apportés à la plateforme par Facebook en 2014. « L’idée de lier l’accès aux données des amis à la valeur commerciale de la relation entre les développeurs et Facebook est récurrente dans les documents », affirme la commission.
  • Ces mêmes changements à la plateforme ont été apportés tout en donnant la priorité à un accès total réciproque aux données entre Facebook et les développeurs, ce qui signifie que Facebook a accès à toutes les données recueillies par les applications, sauf les échanges d’une personne à une autre et en petit groupe.
  • Facebook a tenté de cacher que sa nouvelle politique relative aux applications pour les téléphones intelligents Android permettait à la compagnie de recueillir des listes d’appels et de messages textes envoyés par l’utilisateur.
  • Facebook a surveillé l’utilisation de l’application mobile par ses utilisateurs pour déterminer combien de personnes avaient téléchargé l’application et à quelle fréquence elles l’utilisaient, mais « apparemment à leur insu », affirme la commission.
  • Facebook a adopté une position agressive contre des applications — par exemple en leur retirant l’accès —, entraînant la faillite de ces entreprises.