Les pirates somaliens reprennent du service

Les pirates errent de nouveau au large de la corne de l'Afrique. Ce lundi, ils se sont emparés d'un large cargo sur une route commerciale très fréquentée. C'est le premier incident de ce type dans la région depuis le pic d'attaques en 2012, et cela pourrait être le début d'une nouvelle série d'abordages, après qu'un des pirates ait averti « vouloir s'emparer de plus en plus de bateaux étrangers dans les prochains jours ».

La dernière prise est le MT Aris 13, un tanker reliant Mogadiscio depuis Djibouti, et appartenant à une entreprise basée au Panama. Plusieurs groupes responsables du guet-apens ont confirmé que huit Sri Lankais étaient retenus en otage, les pirates acceptant de les libérer en échange d'une rançon.

L'attaque et l'avertissement des bandits font renaître le spectre de la piraterie sur l'une des routes maritimes commerciales les plus fréquentées au monde. Les raids ont coûté des milliards de dollars aux entreprises lors du pic d'attaques en 2012.

Voici ce qu'il faut savoir :

• Le MT Aris 13 a été abordé à environ 17 kilomètres au nord de la Somalie par deux canots de pirates - des armes ont été aperçues sur au moins un des deux. La capture a été confirmée par l'UE Naval Force, un groupe luttant contre la piraterie en Somalie, qui a déclaré mardi avoir reçu « la confirmation du commandant du bateau au drapeau Comorien » que son tanker et son équipage étaient actuellement prisonniers sur la côte nord de Puntland. On ne sait pas vraiment combien de pirates étaient à bord.

— EUNAVFOR (@EUNAVFOR)March 14, 2017

• Le cargo, qui ravitaillait les autres bateaux en essence et en pétrole au port, essayait de couper via le golfe de Socotra — entre le nord de la Somalie et l'île de Socotra. Cette voie est empruntée le long de la côte est africaine par les bateaux qui souhaitent économiser de l'argent et du temps — malgré la menace que représentent les pirates.

• Au-delà du fait qu'il empruntait une route particulièrement dangereuse, plusieurs raisons expliquent le ciblage de l'Aris 13 par les pirates. Le bateau a un franc-bord (la distance entre le pont et la ligne d'eau) de 3 mètres, facilitant la montée à bord pour les pirates. Il avançait à une vitesse de seulement 5 noeuds, une aubaine pour les bandits.

• Le sous-clan de Majerteen/Siwaaqroon, dirigé par le pirate Saciid Cabdulaahi, a revendiqué l'attaque, selon l'organisation Oceans Beyond Piracy. Le journal Goobjoog News, basé à Mogadiscio, a publié les déclarations des pirates mardi. Un membre du groupe a déclaré : « Nous sommes des pêcheurs qui avons décidé de prendre les armes et nous défendre. Les ressources de notre océan sont pillées par ces bateaux. Nous les supprimerons ».

• En guise d'avertissement à tous les autres cargos de la région, un autre pirate a lancé : « Dans les prochains jours, nous allons prendre de plus en plus de bateaux étrangers. » Les pirates étaient apparemment surpris de la couverture médiatique de leur attaque, étant donné que leurs « appels et tous ceux des pêcheurs Somaliens étaient restés sans réponse. »

• La piraterie au large de la Somalie a connu son apogée en 2011, avec un total de 176 attaques. Depuis 2016, les attaques se sont arrêtées, grâce à la protection de navires étrangers surveillant la région. La baisse est également due aux plus grandes précautions prises par les compagnies lors de leur traversée des routes commerciales somaliennes, comme la pose de gardes armés à bord des bateaux, l'augmentation de la vitesse et les détours par des voies plus sûres.

• L'attaque sera certainement prise au sérieux par les autorités et les compagnies navales, mais l'association Oceans Beyond Privacy nuance : « Si cet incident marque le premier détournement majeur d'un bateau depuis 2012, il n'indique pas pour autant un retour de la piraterie somalienne à grande échelle ». Malgré cette parole rassurante, les conditions qui permettaient autrefois aux pirates de prospérer en Somalie sont de nouveau réunies. Le pays est sur le point de connaître une nouvelle famine, qui pourrait générer de plus en plus de pirates.

• Il y a plusieurs autres indicateurs d'une piraterie rampante dans la région. En 2016, le nombre d'incidents ont augmenté, tandis que les équipes de sécurité des bateaux ont déjoué 11 attaques sur la même période. La semaine dernière, un bateau a été suivi pendant 40 minutes dans le golfe d'Aden par deux esquifs avec 20 hommes armés à leur bord, avant que ceux-ci n'abandonnent.

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