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Pourquoi l’Australie va acheter douze sous-marins à la France

L’entreprise française DCNS a remporté l’appel d’offres lancé par l’Australie concernant douze sous-marins océaniques. Cette acquisition à 34 milliards de dollars s’inscrit notamment dans le grand plan de défense de l’Australie.
Image via DCNS

Le Premier ministre australien Malcolm Turnbull a annoncé ce mardi que son gouvernement avait choisi le groupe naval français DCNS pour concevoir douze sous-marins océaniques pour la marine nationale australienne. Ce contrat militaire d'une valeur de 34 milliards d'euros s'inscrit dans le grand plan de défense récemment annoncé par l'Australie — et pourrait s'avérer décisif pour le gouvernement Turnbull qui joue actuellement sa réélection.

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Un contrat historique

« Une grande victoire […] une belle victoire. » C'est par cette formule que le ministre français de la Défense Jean-Yves le Drian s'est félicité ce mardi matin au micro d'Europe 1 du gigantesque contrat militaire qui est en passe d'être finalisé entre la France et l'Australie. D'après le ministre, cette décision des autorités australiennes a été prise ce lundi, après deux ans de « forte compétition » entre trois projets : celui du français DCNS, de l'allemand ThyssenKrupp Marine Systems et du japonais Mistubishi. Finalement, la marine australienne a choisi l'entreprise DNCS — qui est détenue à plus de 50 pour cent par l'État français — pour lui fournir un nouveau concept de submersible reposant sur l'actuel sous-marin d'attaque Barracuda DCNS avait publié une présentation vidéo :

Sur la page de présentation lancée par DCNS pour ce projet de Shortfin Barracuda Block 1A, on peut lire que l'Australie a demandé une technologie lui donnant « une supériorité sous-marine régionale ». Le projet doit accoucher du sous-marin conventionnel le plus « létal » qui soit. Le submersible de 97 mètres sera silencieux et son système de propulsion et son sonar très avancé doivent lui donner un avantage tactique.

La production de ces bâtiments devrait commencer dès 2017, pour une entrée en service aux alentours de 2027.

Les gouvernements français et australiens ont tous deux déclaré que ce contrat « historique » allait dynamiser l'emploi dans leurs pays respectifs, avec une conception française et une réalisation presque exclusivement australienne sur les chantiers navals d'Adelaide, où Malcolm Turnbull s'est d'ailleurs rendu pour annoncer la nouvelle.

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« Fabriqué en Australie, pour des emplois australiens, avec de l'acier australien, ici, là où nous nous tenons », a notamment déclaré le Premier ministre. La fabrication de ces sous-marins d'attaque devrait employer 2 800 personnes.

Cette annonce de création d'emplois dans un bassin particulièrement touché par le chômage pourrait jouer en faveur du gouvernement libéral actuel, à moins d'un an des prochaines élections législatives en Australie. En fin de semaine dernière, ces chantiers s'étaient déjà vus attribuer la construction d'une dizaine de patrouilleurs longue distance et d'une flotte de frégates.

Un nouveau plan de défense

Au-delà du jeu politique national, ce contrat s'inscrit dans la droite ligne du Livre blanc de la défense récemment publié par le gouvernement australien. Plusieurs fois revu à la baisse ces dernières années, le budget de l'armée australienne va connaître des hausses sans précédent d'ici 2021, afin de « garder le rythme » face à l'augmentation constante des budgets militaires de ses voisins, dont la Chine. En cinq ans, ce sont près de 195 milliards de dollars australiens (soit plus de 130 milliards d'euros) qui devraient être investis dans l'armement, la formation, la recherche et l'innovation militaire. L'armée australienne est actuellement engagée dans une dizaine d'opérations internationales, notamment en Afghanistan, au Liban ou encore en Irak contre le groupe terroriste État Islamique.

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Ce n'est pas la première fois que l'Australie choisit d'acquérir du matériel militaire conçu en France. En octobre dernier, Malcolm Turnbull avait annoncé l'achat de 1 100 véhicules blindés de type Hawkei — créés par l'entreprise française Thales — pour le compte de l'armée de terre australienne. Turnbull avait alors refusé d'associer cet achat à l'ambition d'engager l'Australie dans de nouvelles opérations, évoquant plutôt un besoin de sécuriser les convois face à la menace des engins explosifs improvisés (EEI).

Interrogé par VICE News à l'époque, Corentin Brustlein — chercheur et coordonnateur du Centre des études de sécurité à l'Institut français des relations internationales (IFRI) — nous avait alors expliqué que ce contrat terrestre était certes intéressant, mais relativement anecdotique comparé à l'achat de sous-marins et d'avions de chasse qui « correspondent plus aux ambitions australiennes : pouvoir agir de manière plus autonome en cas de besoin. »


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