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Enlèvement d’un collégien français à Madagascar

L’enfant d’origine indo-pakistanaise, une communauté que les clichés donnent riche, a été enlevé dans un pays qui doit faire face au fléau des kidnappings, facilité par la corruption d’une partie de la police locale.
Pierre Longeray
Paris, FR
Image via Flickr / Marco Zanferrari

Un jeune garçon de nationalité française et âgé de 12 ans a été enlevé mardi 17 février dans la ville de Tuléar, située au sud-ouest de Madagascar, comme cela a été annoncé ce mercredi par l'ambassadeur de France sur cette île de l'océan indien, François Goldblatt. L'enfant d'origine indo-pakistanaise — communauté appelée « karana » en malgache — a été enlevé à la sortie des cours devant le collège français Etienne-de-Flacourt de cette ville de 120 000 habitants. Le diplomate français craint que ce nouveau kidnapping ne marque une nouvelle étape dans un pays déjà sévèrement touché par ce fléau des rapts.

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Enlèvement hier d'un jeune français devant son collège à Tuléar : un nouveau seuil plus inacceptable encore que les précédents est franchi.

— François Goldblatt (@FrGoldblatt)18 Février 2015

Le journal local L'Express de Madagascar rapporte que l'enfant, prénommé Houssen, serait le fils d'un propriétaire d'une quincaillerie. Le garçon était à bord d'un cyclo-pousse avec sa soeur à la sortie de l'école, lorsque quatre hommes armés font stopper le vélotaxi et forcent Houssen à monter à bord d'une Peugeot 405 noire, repoussant la soeur du garçon avec leurs armes.

Le directeur de la police malgache, Joachim Rajaobelina, a assuré à l'AFP que les forces de police « étaient encore en train de rechercher activement l'enfant, » tout en précisant qu'ils avaient « déjà interpellé trois personnes. » Les autorités françaises collaborent avec la police locale afin de faire avancer le plus vite possible l'enquête.

Les autorités malgaches et françaises pleinement mobilisées sur l'enlèvement d'un mineur à Tulear. En relation permanente avec la famille.

— France à Madagascar (@ambafrmada)18 Février 2015

Toujours selon L'Express de Madagascar, la famille et les ravisseurs de l'enfant seraient en contact et les discussions tourneraient autour d'une rançon de 400 millions d'ariary (123 000 euros), soit une véritable fortune dans un pays qui reste l'un des plus pauvres du monde.

Le 31 janvier dernier, un autre membre de la communauté indo-pakistanaise karana avait été enlevé. Goulam Razaali, consul honoraire de Corée du Sud à Madagascar et président d'une des principales entreprises de la Grande Île, avait été arraché de son véhicule devant sa résidence. Il a depuis été libéré. Cet homme d'origine indienne qui a la nationalité française avait déjà été la cible d'un enlèvement il y a quelques années.

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Les chefs d'entreprise et les ressortissants étrangers (Chinois, Mauriciens et Français) sont les cibles privilégiées des ravisseurs à la recherche de juteuses rançons. La communauté karana, à laquelle appartient le petit Houssen, est installée à Madagascar depuis le XIXe siècle. Le cliché veut qu'ils aient de l'argent, les membres de la communauté sont ainsi régulièrement visés par les rapts.

RFI révélait en 2014 que les enlèvements étaient devenus un « avatar de la corruption qui gangrène le pays, comme les vols de zébus ou le trafic de bois rose, » pouvaient l'être auparavant. Les ressortissants karana ont aussi la réputation de s'acquitter des rançons sans prévenir la police. Certains chefs d'entreprise soupçonnent des policiers d'être complices du commerce du kidnapping.

Début février, trois gendarmes du Groupe de Sécurité et d'Interventions Spéciales (GSIS) malgache ont été arrêtés par la « police des polices » pour une histoire d'enlèvement. Le 6 février dernier, les trois policiers ont été interceptés à bord d'un 4x4 alors qu'ils avaient enlevé deux acteurs économiques importants du paysage malgache. 140 millions d'ariary (46 000 euros) auraient été retrouvés sur les policiers « ripous » lors de leur arrestation. Ce samedi, les trois gendarmes ont été incriminés pour « enlèvement, séquestration de personnes, vol, port d'armes et association de malfaiteurs, » selon L'Express de Madagascar.

L'enlèvement d'Houssen a créé un climat de panique chez les parents d'élèves. Le média local rapporte que les sorties des classes du collège Etienne-de-Flacourt sont tendues, de nombreux adultes attendent leurs enfants juste devant l'établissement. Par mesure de précaution, les élèves ne vont plus à l'école sans être accompagnés par un adulte.

Suivez Pierre Longeray sur Twitter @PLongeray

Image via Flickr / Marco Zanferrari