Le FC Bayern veut ouvrir un centre d’entraînement pour les réfugiés

L'un des plus grands clubs de football européen, le FC Bayern Munich, a annoncé ce jeudi plusieurs initiatives fortes en faveur des réfugiés en Allemagne, alors que la crise des migrants touche toute l'Europe.

Dans le communiqué publié à la mi-journée, le club dans lequel évolue Franck Ribéry, explique qu'il compte aussi réunir un million d'euros grâce à un match amical. Une somme qui sera ensuite distribuée aux associations qui viennent en aide aux réfugiés. Des organisations qui seront choisies par la ville de Munich et le land de Bavière.

Le milieu de terrain du FC Bayern Javi Martínez s'est quant à lui rendu ce vendredi matin à la gare de Munich. Il est allé à la rencontre d'enfants arrivés ce matin-là pour trouver refuge en Allemagne. Il leur a offert des maillots et des ballons de football, tout en souhaitant la « bienvenue aux réfugiés ». Dans la seule nuit de lundi à mardi, cette gare a vu arriver 2 200 migrants venus de Hongrie en passant par l'Autriche.

Toda ayuda es poca!!! Welcome refugees! — Javi Martínez (@Javi8martinez)4 Septembre 2015

Le club prévoit également de mettre en place un « centre d'entrainement » pour les réfugiés, via la section des jeunes du Bayern. Ils pourront s'entraîner au club, un équipement complet leur sera fourni, et ils recevront aussi des cours d'allemand et des repas. Le dispositif devrait être mis en place dans les prochaines semaines, explique le FC Bayern sans donner plus de précisions sur le nombre de personnes concernées. Le club n'a pour l'instant pas souhaité répondre à nos questions.

« L'Allemagne vit en ce moment la plus grande vague d'immigration de réfugiés depuis plusieurs décennies. C'est un grand défi pour l'État et la société, un défi pour chacun, » écrit le club de football dans son communiqué. « Le FC Bayern veut aussi s'engager et, en étroite collaboration avec la ville de Munich et de la Bavière, offrir une aide financière, matérielle et pratique. »

Les Bavarois ont remporté la Bundesliga - le championnat d'Allemagne de football - ces trois dernières saisons. Lors d'un prochain match qui les opposera au FC Augsburg, le 12 septembre prochain, ils feront leur entrée en tenant la main de deux enfants : un enfant allemand d'un côté, et un enfant réfugié de l'autre. « Un symbole pour l'intégration des réfugiés », selon le club.

Vague de solidarité

En Allemagne, plus de 800 000 demandeurs d'asile sont attendus cette année. Un record absolu, c'est près de quatre fois plus que l'année précédente. Nombre d'entre eux viennent des Balkans, mais aussi de Syrie, d'Irak ou d'Afghanistan où ils fuient des conflits armés.

Face à l'afflux de réfugiés, une vague de solidarité se met en place dans le pays. Selon une étude publiée en avril dernier par des professeurs de l'Université Humboldt à Berlin et Oxford, l'engagement associatif aurait explosé de 70 pour cent ces dernières années en Allemagne.

À l'autre bout de l'Allemagne, à Berlin, une autre initiative tente elle-aussi de favoriser l'intégration par le football. L'association « champions sans frontière » propose à de jeunes réfugiés des entrainements dès le niveau débutant. Si ce type d'initiative est importante, c'est qu'il existe selon cette association des barrières -notamment bureaucratiques - qui empêchent les réfugiés d'avoir accès aux clubs de sport habituels.

Selon un sondage publié ce jeudi par la chaîne de télévision ARD, 88 pour cent des Allemands se sont déclarés prêts à aider les réfugiés en faisant des dons d'argent ou de vêtements, et 67 pour cent en s'engageant bénévolement.

L'initiative « Refugees Welcome » (bienvenue aux réfugiés) lancée il y a quelques mois par de jeunes berlinois, et qui met en relation des personnes prêtes à mettre une chambre à disposition avec des réfugiés qui n'ont pas pu trouver de logement, remporte par exemple un franc succès. Plus de 780 Allemands se sont inscrits sur le site, explique le Guardian.

Dans le même temps, les attaques racistes contre les réfugiés ont elles aussi augmenté. De nombreux foyers de réfugiés ont brûlé ces dernières semaines en Allemagne. Ce jeudi matin, un bâtiment qui devait bientôt servir de centre d'accueil aux réfugiés à été touché par un incendie, la police n'exclut pas la piste criminelle. Dans la nuit de jeudi à vendredi, un incendie d'origine pour le moment inconnue dans un centre d'accueil, non loin de Francfort, aurait fait un blessé, un demandeur d'asile.

Jeudi, la chancelière allemande Angela Merkel et le Président français François Hollande se sont accordés sur la nécessité d'instaurer des quotas contraignants en Europe, afin de mieux répartir le nombre de réfugiés - ce que François Hollande, qui s'était précédemment opposé à ce principe, a choisi d'appeler un « mécanisme d'accueil permanent et obligatoire », pour éviter d'utiliser le mot quota.

Face au drame des réfugiés, nous proposons avec Angela Merkel un mécanisme d'accueil permanent et obligatoire en Europe.

— François Hollande (@fhollande)3 Septembre 2015

Une lettre, signée par Angela Merkel et François Hollande, et envoyée notamment aux Présidents de la Commission et du Conseil européen, a concrétisé vendredi cette initiative franco-allemande. Le document, auquel le journal Le Monde a eu accès, revient sur la nécessité d'instaurer des quotas, mais aussi sur la mise en place de « hotspots » en Italie ou en Grèce, chargés de déterminer dès l'arrivée des migrants si ils sont susceptibles d'être éligibles au droit d'asile ou non.

Une réunion des ministres de l'Intérieur européens doit se pencher une nouvelle fois sur cette crise le 14 septembre à Bruxelles.

Suivez Lucie Aubourg sur Twitter @LucieAbrg

Manuel Neuer, gardien du FC Bayern (Photo via Flickr / Anas Alsaidy)