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Culture

Les ballons stratosphériques de Google vont apporter Internet dans les zones reculées d’Indonésie

Alphabet (le nouveau nom de Google) va commencer à tester dès 2016 un système utilisant ces gros ballons gonflés à l’hélium comme relais Internet pour les quelque 17 000 îles que compte l’Indonésie.
Pierre Longeray
Paris, FR
Capture d'écran YouTube / Project Loon

Alphabet (le nouveau nom de Google) va commencer à tester dès 2016 un système utilisant des ballons stratosphériques comme relais Internet en Indonésie. Trois opérateurs télécoms locaux, Indosat, Telkomsel et XL Axiata, ont signé ce mercredi un accord de principe avec le géant californien, pour permettre aux régions reculées d'Indonésie d'avoir accès à Internet.

Depuis juin 2013, Alphabet développe le « Project Loon » (« Loon » comme « balloon », ce qui signifie aussi « dingo » en anglais) qui consiste à faire voler des ballons gonflés à l'hélium 20 kilomètres au-dessus de la surface du sol — dans la stratosphère, donc au-dessus des avions et des nuages, mais en dessous des satellites. Ces sortes de grosses montgolfières remplissent ainsi le rôle de tours de transmission de téléphonie « volantes », permettant de couvrir des zones inaccessibles, et ce à moindre coût.

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Alphabet a déjà mené plusieurs tests de la technologie Loon en Nouvelle-Zélande, en Australie, et en Amérique latine. Cet été, le Sri Lanka a aussi signé un accord avec Alphabet pour déployer le projet Loon dans le pays, afin de devenir le premier pays de la région à afficher une couverture Internet sur l'intégralité du territoire.

Mais le projet indonésien dévoilé ce mercredi est de loin le plus ambitieux. L'Indonésie est le 4e pays le plus peuplé au monde, compte près de 17 000 îles et s'étend sur près de 2 millions km2 (65 000 km2 pour le Sri Lanka). Seulement un Indonésien sur trois a accès à Internet, ce qui place le pays à la 116e place au classement des pays en fonction de leurs taux de pénétration de l'Internet.

Alphabet's nearly ready to launch Wi-Fi beaming balloons into Indonesia — CNET (@CNET)October 29, 2015

L'annonce de l'accord à Mountain View en Californie. Le président indonésien, Joko Widodo, était censé faire le déplacement, mais il a été retenu en Indonésie à cause d'importants feux de forêts.

L'Indonésie est un grand archipel d'îles montagneuses et recouvertes de forêts luxuriantes, qu'il n'est donc pas simple de relier par des réseaux câblés. Pour Alphabet, il existe ainsi un véritable intérêt de confronter sa technologie à ce paysage hostile aux hautes technologies.

Des ballons dirigés par les vents

Les ballons du Projet Loon récupèrent les signaux émis par les tours de transmission et le redistribuent. Les différents ballons jouent ainsi le rôle de relais de signal pour couvrir des zones où l'installation de tours de transmission (ou de la fibre) serait trop coûteuse et techniquement compliqué.

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Un ballon permet de couvrir une zone circulaire de 40 kilomètres de diamètre au sol. Il va donc falloir des centaines de ballons pour couvrir la totalité du territoire indonésien.

La texture du ballon fait penser à un épais sac-poubelle. L'ensemble est équipé de deux transmetteurs radio pour envoyer et recevoir des données. Un système de contrôle de l'altitude est aussi embarqué, ce qui permet de faire monter et descendre le ballon et ainsi de trouver des vents qui le positionneront à l'endroit souhaité. Des panneaux solaires permettent d'alimenter l'appareil en énergie.

Comment les ballons se déplacent-ils ? via Project Loon / YouTube.

Google avait perdu ses ballons en Arctique

Les équipes de Google ont fait de nombreux progrès depuis 2013. Au commencement du projet, les ballons fournissaient l'équivalent d'une connexion 3G. Les ballons déployés en Indonésie pourront fournir une connexion à 10 mégabits par seconde — soit l'équivalent de la 4G américaine qui tourne autour des 11 mégabits par seconde.

En 2013, les ballons pouvaient rester seulement un maximum de 10 jours en l'air, alors qu'aujourd'hui le record est à 187 jours, d'après Mike Cassidy, le vice-président de Project Loon, interrogé par la BBC. Les ballons sont aussi plus faciles à lancer. Il faut désormais 15 minutes et 2 personnes pour un lancement, contre 1 heure et 14 personnes au début du Projet Loon.

Mike Cassidy a confié à la BBC qu'ils souhaitaient lancer plus de 300 ballons en 2016, afin de former une chaîne continue de ballons autour de la Terre pour couvrir l'hémisphère Sud. Si cette opération est un succès, Mike Cassidy a annoncé qu'Alphabet réfléchirait à une version commerciale de son service.

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Si tout le monde semble très enthousiaste et confiant chez Alphabet, la technologie des ballons n'est pas encore totalement prête. En mars dernier, plusieurs équipes du Projet Loon ont été envoyées par bateau et hélicoptères au cercle polaire arctique et dans le Pacifique sud pour aller chercher des ballons qui avaient dérivé de leur trajectoire.

Le CNES (Centre national d'études spatiales français) et Alphabet collaborent depuis décembre 2014 pour améliorer les capacités des ballons.

La Guerre des Toiles

Google doit aussi faire face à la concurrence de Facebook qui développe un projet similaire qui porte le nom de internet.org. La compagnie de Mark Zuckerberg compte utiliser des drones solaires reliés entre eux ou à des balises terrestres par des lasers. Le premier de ces drones est baptisé Aquila et a été produit au Royaume-Uni.

Aquila a l'envergure d'un Boeing 747 et doit pouvoir rester en l'air 90 jours pour fournir une connexion Internet aux zones reculées du globe. Des tests en vol devraient démarrer d'ici la fin de l'année pour lancer véritablement cette « Guerre des Toiles » entre Google et Facebook.

Suivez Pierre Longeray sur Twitter : @PLongeray 

Capture d'écran YouTube / Project Loon